30/06/2015 – 09H00 Ouessant (Breizh-info.com) – Lorsqu’en 1978 un amateur passionné, Georges Hellequin, réintroduit deux ruches sur Ouessant, il ne savait pas encore que dix ans plus tard y serait installé un écotype local – issu des Montagnes Noires, des Abers et des Arrées – hors d’atteinte du varroa à Ouessant. L’océan séparant l’île des côtes finistériennes de plus de 20 km constitue une barrière géographique infranchissable pour le prédateur parasite. En l’absence de cultures sur l’île, le rucher de l’Abeille Noire d’Ouessant est également isolé de tout produit pesticide.
Cette abeille est donc une abeille non hybridée, unique en Europe, exempte de virose, de loque – une bactérie s’attaquant aux couvains – qui présente une telle qualité sanitaire qu’elle sert de race témoin à de multiples expérimentations françaises et européennes et apporte sa contribution à la préservation de toutes les races d’abeilles domestiques.
L’abeille bretonne est grande, puissante et résistante. Ses muscles thoraciques lui permettent de transporter des charges de pollen importantes, de travailler dans le vent et dans des conditions hostiles. Sa résistance hivernale est exceptionnelle : 3% de pertes ( en moyenne, un rucher pert 33% de ses effectifs l’hiver). En été, son rayonnement autour du rucher est trois fois supérieur aux autres types d’abeille.
Sa rusticité est accompagnée d’un caractère doux sur les îles, mais plus agressif sur le continent. Plus grande, plus agressive, comment se comporterait elle face aux frelons asiatiques ? Cette donnée est une inconnue mais dans le cas d’une capacité de résistance accrue, elle ajouterait une nouvelle corde à son arc.
Quand on sait que les hyménoptères sont un pilier de la biodiversité (80% des espèces végétales dépendent des insectes pollinisateurs), sont l’auxilliaire le plus utile à l’agriculture (contribution à hauteur de 75% des rendements agricoles*), un type résistant aux parasites, aux maladies, robuste et pouvant se défendre face aux frelons asiatiques serait une arme importante face au déclin de la biodiversité, aux changements climatiques et aux défis alimentaires.
Rappelons que l’année 2014 a été la pire année en terme de production de miel de l’histoire.
* T. Breeze, A. Bailey, K. Balcombe et S. Potts, Pollination services in the UK: How important are honeybees?, Agriculture, Ecosystems and Environment, 2011
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2 réponses à “L’abeille d’Ouessant peut-elle sauver le monde ?”
Un bel article.
A noter qu’à Belle ïle, un apiculteur parisien a entrepris la même démarche.