17/06/2015 – 07H00 ‑ Rennes (Breizh-info.com) ‑ Stanley Kubrick est né en 1928. Jusqu’à sa mort en 1999, il n’a cessé de tourner des films qui, pour plusieurs d’entre eux, comptent parmi les « chefs d’œuvre » du cinéma mondial. Il suffit de citer Docteur Folamour (1964), Orange mécanique (1968), 2001, l’Odyssée de l’espace (1968), Barry Lyndon (1975, Shining (1980), Full Metal Jacket (1987)…
Ses parents étaient établis à New-York, juifs venus de l’empire austro-hongrois. « Raisonnablement croyants et encore moins pratiquants », soucieux de se désaffilier « progressivement d’une origine juive considérée comme essentiellement patrimoniale ». Stanley Kubrick parcourut New York sa vie durant, y changeant neuf fois de domicile, du Bronx à Central Park. Puis, la vie aux États-Unis lui devenant pesante, il s’établit à Londres et se retira enfin dans le Hertfordshire.
D’une façon générale, Kubrick était considéré comme un homme plutôt difficile à vivre. Il avait fait de courtes études et s’était forgé son propre univers culturel. Photographe puis reporter, il entra dans l’industrie cinématographique par la petite porte. Ses premiers films passèrent presque inaperçus jusqu’au tournage de Spartacus avec Kirk Douglas en gladiateur, peplum tiré d’un « nanar » stalinien d’Howard Fast. C’est le scandale qui lança Kubrick avec l’adaptation du chef d’œuvre de Vladimir Nabokov, Lolita. Après avoir réglé ses comptes avec le puritanisme des WASP, Kubrick éreinta l’institution militaire à trois reprises. Peu lui pardonnèrent son Orange mécanique tirée du roman du très catholique et très iconoclaste Anthony Burgess. Tout ce qu’il fit par la suite fut de la même veine, horrifique, sans concession. A part son monument, Barry Lyndon, qui dans un souffle aussi épique que maîtrisé, fait renaître l’Europe des Lumières. Une perfection.
Tout cela est à découvrir avec le livre de Baptiste Roux, Kubrick. Au-delà de l’image (Transboréal). Exégète de Patrick Modiano (sa thèse, Visages de l’Occupation fait référence), Roux est un jeune essayiste, inclassable selon les règles habituelles du «courant dominant ». Son essai sur Kubrick se lit d’une traite. Le style est vif, le ton enjoué car l’auteur parle de ce qu’il aime et connaît bien. Sans la suffisance et la cuistre érudition des habituels plumitifs de la critique cinématographique. Cela change !
* Baptiste Roux, Stanley Kubrick. Au-delà de l’image, Paris, Transboréal, 14,90 euros.
Jean HEURTIN
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