A la CGT de la SEMITAN, ça ne fait pas un pli. « Des agressions ? y en a tous les jours. Même si la plupart du temps ce sont des insultes, des crachats, des usagers qui poussent les agents« , estime un syndicaliste. Pour le secrétaire de la section Ronan Gilbert, « ça devient vraiment un problème. Selon les chiffres d’avril, qui viennent de tomber, les agressions ont augmenté de 30% ce mois-ci, et celles qui ont donné lieu à des jours d’ITT ont augmenté de 100%« . Paradoxalement, les agressions entre usagers et les vols à l’arraché sur le réseau diminuent. La violence se concentre contre les agents.
Une zone de non-droit à l’ouest de Nantes ?
Plus inquiétant, il semble qu’une zone de non-droit se soit constituée à l’ouest de Nantes. « Entre Croix Bonneau et Romanet, les ACIC [contrôleurs] ne doivent pas descendre« , explique Ronan Gilbert. Cette mesure a été prise suite à plusieurs agressions de contrôleurs sur cette section, notamment dans les quartiers sensibles de Bellevue et des Lauriers.
Le n°51 du Traminot, la feuille du syndicat, mentionne ce problème lorsque la direction a demandé aux ACIC de « reconquérir » le terrain : « vos élus CGT se sont opposés fermement au projet de la direction de faire descendre les collègues du contrôle en station « Lauriers ». Si la descente des ACICS doit pouvoir se faire partout et tout le temps, la CGT insiste, à la demande des personnels concernés, que cet objectif soit reporté à des jours meilleurs. Il n’y a certes pas de zone de non-droit mais la sécurité est une priorité !« .
S’il n’y a pas de zone de non-droit, c’est pourtant bien imité. Délégué de l’UNSA, Feki Khalil précise cependant que « l’interdiction aux ACIC de descendre ne s’applique qu’à la place des Lauriers. En revanche, de Croix Bonneau à Romanet, ils ne doivent pas descendre sauf s’ils sont accompagnés par la police« . Il n’y a pas d’autre endroit à Nantes où les contrôleurs se voient ainsi empêchés de descendre, s’ils ne sont pas suffisamment protégés.
La sécurité renforcée sur le réseau pendant les vacances ?
Nombreux sont les agents de la TAN à être inquiets alors qu’arrivent les grandes vacances, qui sont « traditionnellement un moment tendu avec beaucoup de problèmes sur le réseau« , admet Ronan Gilbert, de la CGT. Ils espèrent que des mesures de sécurité semblables à celles qui avaient été prises en avril seront à nouveau mises en place : « ça avait quand même largement permis de calmer la situation« , estime le syndicaliste.
Les mesures qui avait été prises alors ont été articulées sur deux axes : interne et externe. En interne, une voiture d’intervention avait été mise en plus le jour, de 12 h 30 à 20h30, deux équipes prévention avaient été rajoutées la nuit sur la ligne 1 du tram et une autre sur les lignes chronobus C3/C5 – elles ont un tronçon commun particulièrement problématique sur le quartier non moins sensible de Malakoff. Par ailleurs les équipes de médiation ont été mobilisées sur toutes les grandes manifestations dans les quartiers sensibles et les contrôleurs systématiquement accompagnés par la BSTC, une brigade dédiée de la police nationale qui ne compte… que 13 fonctionnaires. Pour un réseau qui compte plus de 121 millions de voyages par an et fonctionne de 5 h 30 à 1 heure du matin.
En externe, deux binômes de la police municipale circulaient sur les tronçons centraux de la ligne 1 (Commerce – Croix Bonneau) et de la 2 (Recteur Schmitt – Wattignies). Des CRS ont aussi été mobilisés. Les entreprises qui effectuaient des chantiers le long des lignes se sont vues demander par Nantes Metropole de « retirer tout objet pouvant servir de projectile pour éviter les caillassages« , et les lasers ont été interdits à la vente à la fête foraine… après que plusieurs conducteurs aient été visés, notamment au Clos Toreau.
Au-delà des mesures de sécurité ponctuelles, des ajustements ont été faits aussi dans l’organisation de la TAN pour améliorer la réponse judiciaire aux agressions – par exemple une convention avec le parquet pour traiter les comptes-rendus d’événement, ou une autre avec la police pour grouper les dépôts de plainte. Les agents sont aussi mieux informés quant aux événements qui ont eu lieu ou aux situations à risque.
Mais comme en toutes choses, mieux vaut prévenir que guérir. A Orléans, dont l’agglomération compte plusieurs quartiers sensibles (La Source, l’Argonne, les Salmoneries, les Blossières) et où un phénomène de bandes, aggravé par la proximité de Paris, avait émergé au début des années 2000, les équipes de contrôleurs, très présentes sur les deux lignes de tram, sont systématiquement accompagnées par la police municipale intercommunale des transports, pour canaliser les – fréquents – débordements. Résultat : le réseau est redevenu sûr la plus grande partie de la journée. Mais à Nantes, les principaux syndicats de la SEMITAN – dont la CGT et la CFDT – s’opposent à l’accompagnement systématique des contrôleurs par la police pour éviter d’être assimilé aux forces de l’ordre.
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