Les événements se seraient déroulés en deux temps. D’abord des membres des deux familles se seraient croisés dans un garage auto de la Chapelle Basse-Mer, où une bagarre les a opposés. Puis la famille sise sur le terrain privatif serait venue demander des comptes sur l’aire d’accueil communale. Elle y aurait été accueillie à coups de fusils. D’après le capitaine François Schreiner, commandant en second de la compagnie de Rezé, « des coups de feu ont été tirés en l’air, mais aussi à hauteur d’homme, avec des petits plombs de 6 dans les munitions« . Deux personnes ont été légèrement blessées par les petits plombs et des impacts ont été relevés sur les voitures.
Les gendarmes sont intervenus et ont confisqué deux fusils de calibre 12. Ils ont aussi interpellé quatre personnes parmi la famille de l’aire d’accueil de Saint-Julien des Concelles : trois frères et le fils de l’un d’eux. Deux frères ont été remis en liberté dimanche matin, après 24 h de garde à vue. Les autres interpellés ont été déférés devant le parquet, qui a demandé leur mise en détention préventive.
Une famille pas inconnue à Saint-Julien des Concelles
Les gendarmes sont déjà intervenus plusieurs fois dans les dernières années pour calmer des querelles entre familles de gens du voyage. Plus d’une dizaine sont sédentarisées sur divers terrains de Saint-Julien de Concelles. La commune comptait en 2008 quinze terrains familiaux et plusieurs logements « en dur » y sont loués à des membres de la communauté. Le capitaine Schreiner confirme : « surtout avec cette famille là, qui a la réputation de ne pas être très malléable, et qui entretient des relations exécrables avec plusieurs autres familles de gens du voyage, pas seulement ceux qu’ils ont accueilli à coups de fusil« .
Par ailleurs l’ancrage de la famille sur l’aire d’accueil des gens du voyage pose quelques soucis à la commune : « avec leurs 6 à 7 caravanes, ils ont quasiment privatisé l’aire d’accueil, puisque personne ne veut y aller tant qu’ils y sont« . Le problème, c’est que le stationnement sur les aires d’accueil est limité à 6 mois afin de pouvoir accueillir les caravanes de passage. Eux sont fixés sur place depuis trois à quatre ans. La commune a un mal fou à les faire partir. Pour l’instant, tous les moyens d’ordre diplomatique utilisés ont été vains.
Ce problème n’est pas circonscrit à Saint-Julien de Concelles. Comme nous l’expliquions en présentant la cartographie des implantations des Roms et gens du voyage dans le département, la sédentarisation des gens du voyage est un phénomène qui s’étend. Il oblige les communes à construire plus d’aires d’accueil ou à étendre l’existant. En 2007-2008 près de 7.4% des ménages recensés de gens du voyage expliquaient rester plus de neuf mois sur leurs aires d’accueil. Près de 2000 terrains dans le département sont actuellement détenus par la communauté – selon les gens du voyage eux mêmes. L’aboutissement récent d’un long processus de sédentarisation qui a commencé dans les années 30 au sud de Rezé.
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