A l’origine de l’ire, l’application Uberpop permet de mettre en relation des passagers avec des chauffeurs triés sur le volet – casier judiciaire vierge, berline ou citadine à cinq portes de moins de dix ans et en parfait état, mais non professionnels. Pas d’horaire, pas d’argent liquide, pas de planning : une flexibilité pratique pour de nombreux chauffeurs comme celui interrogé par nos confrères de Slate. Il loue le fait que la société californienne, capitalisée à près de 50 milliards de dollars, soit aux petits soins pour ces chauffeurs. Côté clients, ce sont les prix qui sont plebiscités – 14 € de la gare à l’aéroport Nantes Atlantique, 4€ de la gare à la place du Commerce, 6€ de Commerce à Procé – ainsi que l’amabilité et le sens du service client.
En France, Uber revendique 1 million d’utilisateurs réguliers dont 400.000 pour UberPop, à Paris, Lille, Lyon, Bordeaux, Toulouse et Nice. De nombreuses personnes se sont aussi connectées à l’application UberPop sans pouvoir en profiter : 100.000 à Marseille, 12.000 à Nantes et 8.000 à Strasbourg selon l’entreprise. Pour dynamiser son lancement, Uber a annoncé offrir 15 € sur la première course avec les codes BonjourMarseille, BonjourStrasbourg, BonjourNantes.
Cependant l’entreprise connaît d’importantes difficultés dans son expansion en Europe, du fait de l’opposition des puissants corporatismes des taxis – et dans une moindre mesure de ses concurrents VTC (voiture de tourisme avec chauffeur). Ils se trouvent embarqués dans la même galère que les taxis qui les vouaient aux gémonies peu de temps avant. En Allemagne, Belgique et Italie, le service Uberpop a été interdit. En France, le tribunal correctionnel de Paris a condamné l’entreprise à 100.000 euros d’amende pour exercice illégal de la profession de taxi. Une procédure au civil oppose les VTC et les taxis à Uberpop. Elle est actuellement en appel. Par ailleurs la société a transmis plusieurs questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) et compte remonter jusqu’à la juridiction européenne si les blocages persistent en France.
A Nantes, une centaine de taxis se sont mobilisés, bloquant tout le quartier de la Cité des Congrès en fin de matinée et en début d’après-midi. Vers 17 heures, ils se sont dirigés vers l’aéroport Nantes-Atlantique dont ils ont verrouillé l’un des accès depuis le périphérique. Par ailleurs ils ont prévu de bloquer la ville ce mardi avec une grosse opération escargot pour continuer à accentuer le rapport de forces. Une opération qui devrait paralyser la ville… mais aussi arranger les affaires d’Uber dont les taxis ont largement fait la pub.
Résultat : sans surprise, la préfecture a cédé en sortant un communiqué où il est stipulé que le service Uberpop « ne correspond à aucun type d’activité de transport de personne autorisé par la loi« . Le problème, c’est que la loi est dans le flou le plus total, et qu’aucune décision judiciaire définitive – insusceptible d’appel devant des juridictions nationales françaises – n’a été prise sur le sujet. Et n’est pas prête de l’être, à moins qu’une loi soit sortie pour des raisons d’opportunisme politique… et qu’elle ne soit pas censurée par le Conseil Constitutionnel ou la justice européenne.
Le communiqué menace ensuite les chauffeurs : « Les particuliers qui le mettraient en œuvre exerceraient illégalement la profession de taxi. Une grande vigilance sera accordée vis-à-vis de tout exercice illégal de la profession : les contrôles seront renforcés pour sanctionner ces infractions. » Les chauffeurs risquent un an de prison et 15.000 euros d’amende pour exercice illégal de la profession de taxi, réglementée en France.
A Lyon, où les contrôles ont été renforcés pour contrecarrer Uberpop, 31 personnes ont été poursuivies pour ce chef d’infraction. A Bordeaux, où officiaient fin 2014 50 chauffeurs Uber, la police les traquait alors aux emplacements stratégiques de la ville en se fondant sur le défaut d’assurance spécifique au transport de personnes. La politique de la matraque est aussi utilisée au-delà de nos frontières : en Belgique, les véhicules des chauffeurs d’Uber sont saisis tandis qu’à Genève, où Uberpop est interdit, une brigade taxis a été créée mais peine sérieusement à suivre les véhicules en utilisant la géolocalisation de l’application. Tout cela ne sert pas à grand chose car la société a déjà payé à de multiples reprises les amendes de ses chauffeurs.
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2 réponses à “Fronde des taxis contre Uberpop à Nantes : la Préfecture cède aux pressions corporatistes”
Et Uber paie ses impôts en France ? Il n’y a aucune raison que cette société californienne ne se plie pas à la réglementation à laquelle sont astreints les autres. Nous sommes vraiment une colonie.
L’auteur de cette « information » ou ou plutôt publi-reportage pourrait peut-être avoir le courage de signaler quelle est salariée ou rémunérée par Uber