Le détenu, pas particulièrement connu ni signalé, et qui ne s’était pas fait remarquer jusqu’alors, exigeait de voir immédiatement un gradé de la prison, le 28 mai vers 15 heures. L’agent d’étage a transmis la demande du détenu – qui s’était alors montré menaçant – au gradé, qui était occupé ailleurs. Lorsque l’agent d’étage a rapporté sa réponse au prévenu, l’invitant comme il en est l’usage, à faire une demande d’audience, ce dernier l’a bousculé violemment, puis s’en est pris à un de ses collègues venu le secourir. Résultat : un surveillant a été blessé à l’arcade sourcillière et au visage (une semaine d’arrêt) et un autre s’est fait une entorse au genou (deux semaines d’arrêt) suite à la bagarre.
« Le problème« , explique William Cozic, délégué FO-Pénitentiaire pour Nantes, « c’est que d’habitude on fait tout pour qu’ils soient reçus de suite, et évidemment quand ça ne vient pas, ils se déchaînent ». Mais il y a un autre problème, pour le surveillant pénitentaire : « Bercy a donné l’ordre de diminuer de 30% les heures supplémentaires dans les prisons« , dont un important volume est consommé car il manque plus de 1500 postes au niveau national. « Résultat, ça veut dire qu’on enlève un agent sur trois, donc il y aura encore moins de sécurité pour les surveillants, et ça, ça pose problème« .
« Les juges font un maximum pour éviter la prison aux gens »
Dans les conditions de rigueur économique impulsée par Bercy et mise en application sans broncher par le ministère de la Justice, les annonces du renforcement du renseignement pénitentiaire dans les prisons faites par le gouvernement après les attentats apparaissent comme de la poudre aux yeux. Pourtant les attentats de Paris en janvier 2015 avaient montré toute l’importance de la radicalisation islamique dans les prisons. Mais cinq mois après, le constat est le même que celui que nous avions dressé en mars : rien n’a été fait ou presque. « Et comment, alors que les moyens baissent pour l’ensemble des prisons ? » s’interroge Wiliam Cozic. A force d’économiser, le pouvoir ne met pas seulement en danger les vies des surveillants pénitentiaires, mais aussi la sécurité de tous. Un vrai choix de société pour lequel il n’y aura jamais que des « responsables, mais pas coupables« .
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