26/05/2015 – 08H00 Rennes (Breizh-info.com) – Anne-Marie Escoffier, sénateur RDSE, avait parfaitement résumé la question : « nous avons tous lu dans la presse nationale et entendu de la bouche des différents ministres quel était le montant à attendre de cette réforme territoriale : 25 milliards d’euros, puis 15 milliards, puis entre 12 et 25 milliards, enfin 10 milliards seulement, sur la base d’un effort global de réduction des dépenses des collectivités locales de 5% à 10% » (Sénat, séance du 3 juillet 2014).
Même son de cloche avec Bruno Retailleau (UMP), sénateur et président du conseil général de la Vendée, pour qui les économies annoncées par André Vallini, secrétaire d’Etat à la Réforme territoriale, pour justifier le second volet de la réforme (diminution du nombre de régions et suppression des conseils généraux) « fondant comme neige au soleil avec l’avancée de l’été : 12 à 25 milliards d’économies par an » annoncées en mai, « une dizaine de milliards d’ici cinq à dix ans » en juin, pour finir à zéro lorsque les agences Moody’s et Fitch ont démontré qu’il n y aurait pas d’économies substantielles (Le Figaro, 25 juillet 2014).
Depuis, M. Vallini a mis beaucoup d’eau dans son vin et revu à la baisse ses fameuses économies : « il s’agit d’une réforme structurelle dont les effets se feront sentir à l’horizon de dix ans. Personne n a dit que le seul passage de 22 à 13 régions suffirait pour faire des économies » (Paris Match, 31 décembre 2014).
Bien entendu, l’Etat comptait profiter de ce redécoupage régional pour réaliser, lui aussi, des économies. Les directions régionales des administrations voyant leur champ d’action étendu aux nouveaux périmètres. Mais la politique a ses impératifs, surtout lorsque rien ne va. Soucieux de calmer les fonctionnaires, et d’éviter une jacquerie d’élus locaux, à quelques mois d’élections régionales périlleuses pour la gauche, le gouvernement freine des quatre fers. Marylise Lebranchu, ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique, a ainsi entrepris une tournée de « déminage » dans toutes les provinces visées par le redécoupage.
Elle ne cesse de répéter à ses interlocuteurs que les emplois seront maintenus – du moins, dans l’immédiat. Et que personne ne sera contraint de faire son balluchon pour s’installer dans les nouvelles capitales.
La quasi-totalité des 26 rectorats devrait ainsi être conservée sous une forme ou une autre. Et les fusions envisagées se limiteront à un habile trompe-l’oeil. Par exemple, si un recteur unique était amené à diriger les académies de Rouen et Caen, celles-ci conserveraient une existence autonome – au moins sur le papier – ainsi que leurs bureaux et leurs fonctionnaires. « Il ne faut pas donner aux villes l’impression qu’on les abandonne » se justifie Marylise Lebranchu (Le Canard Enchainé, 6 mai 2015). « En France, quand une grande réforme est annoncée, l’immobilisme se met en marche et rien ne peut l’arrêter » aimait répéter Edgar Faure.
« Cet immobilisme, nous allons le vaincre, et François Hollande comme Manuel Valls sont bien décidés à avancer » veut croire André Vallini. Depuis cette affirmation martiale, prononcée il y a un an, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts…
Au moment où le gouvernement lançait le projet de loi relatif à la délimitation des régions, destinée à diminuer leur nombre, l’Auvergne s’apprêtait à inaugurer un tout nouvel hôtel de région. La bâtisse flambant neuve, de haute qualité environnementale, avec ossature tout en pin Douglas, a coûté au bas mot 82 millions d’euros.
Trois ans plus tôt, on inaugurait à Lyon un nouvel hôtel de région. Coût : 147 millions d’euros. Impossible d’y accueillir les élus et les fonctionnaires auvergnats car il est déjà plein comme un oeuf. Au point que la région doit louer des locaux supplémentaires pour héberger une partie du personnel. La fusion entre Rhône-Alpes et Auvergne commence donc par un grand gaspillage…
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