26/05/2015 – 07H00 ‑ Paris (Breizh-info.com) ‑ Élève de Massenet, ami de Vincent d’Indy, admirateur de Wagner, le compositeur français Ernest Chausson (1855-1899), est mort d’une chute de vélo à 44 ans. Il n’a pas laissé une œuvre très abondante, mais elle comprend un opéra souvent qualifié (à son grand dam) de « wagnérien », Le Roi Arthus, dont il a écrit le livret lui-même. Ce drame lyrique de plus de 3 heures est rarement représenté. Les amateurs se réjouissaient donc de trouver le mythe celtique cette année au programme de l’Opéra national de Paris.
Beaucoup ont hélas été déçus lors de la première, le 16 mai. La faute non pas au compositeur, non pas à l’orchestre parfaitement dirigé par Philippe Jordan, non pas à la distribution – Roberto Alagna est unanimement salué en Lancelot – mais au metteur en scène. Si l’Opéra annonçait « les couleurs rêvées d’un Moyen Âge hérité du romantisme et revu par le symbolisme », le britannique Graham Vick, directeur artistique de l’opéra de Birmingham, a plutôt opté pour un réalisme fade et contemporain dans un décor de pavillon de banlieue qui part en botte pour mieux souligner le dépérissement de la Table ronde – avec hélas ! la complicité d’un Gallois, Paul Brown, auteur de costumes misérables.
Magnifique à l’oreille, exécrable à l’œil : du Monde à Forum Opéra en passant par le Financial Times, tous les critiques sont pour une fois sur la même longueur d’onde. « Un Trafalgar scénique ! » fulmine Raphaël de Gubernatis dans L’Obs. C’est d’autant plus navrant que Le Roi Arthus avait déjà été très mal servi l’an dernier à l’Opéra national du Rhin, avec moins de brio côté musique et pas plus côté mise en scène – déjà sous la houlette d’un Anglais, en l’occurrence Keith Warner.
La troisième fois sera peut-être la bonne – à Nantes ou à Rennes, pourquoi pas ? En tout cas, maintenant que l’œuvre sublime d’Ernest Chausson a été sortie du silence, on ne peut pas en rester là. « Incriminer le manque de théâtralité de l’œuvre serait trop facile, redonnons-lui une chance avec un metteur en scène qui ne gâche pas tout », écrit le critique du Figaro : quand on s’appelle Christian Merlin, il n’est pas question de désespérer du mythe arthurien !
Le Roi Arthur devrait être diffusé en direct sur Culturebox et en différé sur France 2 le 2 juin, et sur France Musique le 6.
Photo : Le roi Arthur peint par Butler en 1903, l’année de la première représentation du Roi Arthus de Chausson à Bruxelles, domaine public, Wikimedia ; portrait du compositeur Ernest Chausson, BNF Gallica.
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