12/05/2015 – 07H00 Rotterdam (Breizh-info.com) – Le 17 février dernier, un peu plus d’un mois après les attentats de Paris, Ahmed Aboutaled, maire de Rotterdam, premier musulman maire d’une métropole européenne, donnait une interview à l’hebdomadaire « L’Express » à propos de l’islam, de l’islamisme mais aussi des sociétés européennes, du multiculturalisme et de ses échecs.
Une interview choc , sans concession, étonnamment passée sous silence, peu commentée et peu reprise par la presse mainstream. Il est vrai que les propos tenus par cet élu social-démocrate ne sont pas vraiment dans l’esprit « Je suis Charlie » distillé depuis la tuerie de Charlie Hebdo par le Parti socialiste et ses relais.
Déjà, au lendemain des attentats, le maire de Rotterdam – arrivé en 1976 avec sa famille aux Pays-Bas, en provenance du Maroc – avait demandé aux islamistes de « foutre le camp. » hors d’Europe. « Je peux comprendre que certains de mes coreligionnaires aient pu se sentir offensés par Charlie Hebdo mais, dans ce cas, il existe des protocoles tels que le recours aux tribunaux.» explique l’édile de Rotterdam avant de trancher : « J’ai voulu dire que si l’on revendique le vivreensemble, il faut accepter le compromis; ceux qui s’y refusent n’ont qu’à faire leur examen de conscience et avoir l’honnêteté de reconnaître qu’il n’y a pas de place pour eux ici.»
Avec M. Aboutaled, il n’existe pas de #pasdamalgames : « Ces criminels ont construit leur démonstration à partir de l’islam. Dire que l’islam n’a rien à voir avec leurs actions, c’est vraiment absurde. » tout en déclarant que les autorités religieuses musulmanes d’Europe n’ont pas du tout été à la hauteur et qu’elles se montrent incapables de faire leur révolution 2.0 en occupant l’espace Internet, ce que font parfaitement les islamistes à la recherche de proies.
Au journaliste qui lui demande si les attentats de Paris sont comparables avec l’assassinat du cinéaste Theo Van Gogh ou aux fusillades de Copenhague, là encore, réponse tranchée : « Oui, bien sûr. Van Gogh était un simple particulier avec une grande gueule. Il ne menaçait personne. Lorsqu’il a été assassiné par Mohammed Bouyeri, je m’étais adressé à ceux qui se réjouissaient de ce crime : « Partez !, leur avaisje dit. Vous serez plus heureux en Afghanistan ou au Soudan! Après tout, il y a des avions qui décollent d’Amsterdam toutes les cinq minutes… » Je n’ai pas changé de position. ».
Pas question donc, pour le maire de Rotterdam, de construire des centres d’accueil pour les djhadistes néerlandais comme souhaite le faire Manuel Valls, en France. Ils doivent quitter le territoire Européen, selon M. Aboutaled, et dans le même temps, les mineurs en dangers doivent être pris par l’Etat à leurs parents pour éviter toute menace. Dans le même temps, les criminels « doivent être mis hors d’état de nuire ».
Au journalisme qui demande avec une forme d’angélisme comment on devient un islamiste (il emploie le mot extrémiste) , le maire de Rotterdam réfute toute excuse sociale – une excuse chère aux commentateurs et aux politiques français : « Certains élus mettent en avant les conditions sociales défavorables, les discriminations, l’échec scolaire, le racisme… Franchement, je ne vois aucune preuve à l’appui de cette thèse. Pourquoi des millionnaires saoudiens partent-ils pour Raqqa? A cause de la misère, du racisme? En réalité, ces gens-là se construisent leurs propres vérités, qu’ils souhaitent imposer à d’autres à coups de kalachnikov.».
Ahmed Aboutaleb donne enfin son opinion sur ce que représente l »immigration massive vers l’Europe en provenance de l’Afrique. Lui qui est également issu de cette immigration estime qu’« en général, ces réfugiés sont bien traités en Europe. Mais, s’interroge l’élu, faut-il continuer à les accueillir alors même que certains parmi ces migrants ou, à plus long terme, leurs enfants vont nous menacer ? Est-ce la meilleure manière de remercier ceux qui les ont accueillis ? C’est une question légitime et je comprends que de nombreux Européens se la posent. »
C’est peu dire que cette interview, donnée par un important responsable politique – musulman et de gauche de surcroît – dans un pays membre de l’Union européenne, a provoqué de la gène dans la plupart des médias français. D’où le silence qui a suivi ces déclarations fracassantes. Déclarations sans doute représentatives de ce que doivent penser aujourd’hui bon nombre de musulmans, à la fois choqués par les exactions des islamistes, mais également courroucés par l’angélisme dont font preuve les responsables politiques et les médias vis à vis de certains de leur coreligionnaires.
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2 réponses à “Islam et islamisme. L’interview vérité oubliée d’Ahmed Aboutaleb, maire de Rotterdam”
La position de M. Aboutaleb n’est pas forcément l’expression d’une position spontanée… mais elle est encore plus intéressante si elle est contrainte. Professionnel de la politique, M. Aboutaleb a bâti sa carrière sur son image de « musulman acceptable ». Elle lui a valu d’être désigné par le gouvernement comme maire de Rotterdam (les maires néerlandais sont nommés et non élus), une ville où les amis de Pym Fortuyn obtiennent 30 % des voix. Mais le concept de « musulman acceptable » évolue à vitesse grand V.
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