10/05/2015 – 070 Édimbourg (Breizh-info.com) ‑ La moitié des électeurs écossais ont voté pour les candidats du Scottish National Party aux élections générales britanniques du 7 mai. Ces 1.454.436 personnes ont ainsi confié au SNP, par la grâce du scrutin uninominal majoritaire à un tour, 95 % des sièges de l’Écosse à Westminster. Mais que pensent réellement les électeurs écossais ?
Un sondage Ipsos Mori réalisé pour BBC Scotland a apporté d’intéressants éclairages le mois dernier. Les préoccupations utilitaires venaient en tête : sur une échelle de 1 à 10, l’augmentation du salaire minimum arrivait en numéron un (8,2), suivie par l’augmentation des retraites (7,9) et l’interdiction des hausses des prix de l’énergie (7,7).
L’importance des préoccupations sociales est cohérente avec la place traditionnellement occupée en Écosse par le Labour. L’adoption par le SNP d’un programme électoral nettement orienté à gauche l’a probablement aidé à siphonner l’électorat du Labour, dont le score a chuté de 17,7 points en Écosse. On peut comparer cette évolution à celle du Front National, qui a accentué ses gains électoraux au détriment des socialo-communistes en gauchissant son programme exactement sur les mêmes points (augmentation du SMIC de 200 euros par mois, augmentation des retraites, baisse de 5 % des tarifs de l’électricité et du gaz, etc.).
Les revendications sociales écossaises semblent étroitement liées à une démarche souverainiste directement favorable au SNP. Dans le sondage Ipsos Mori, des notes très élevées sont accordées à des thèmes comme « donner au gouvernement écossais le pouvoir d’augmenter les rémunérations et les retraites » (7,3 sur 10), « lui donner la maîtrise complète des prestations sociales » (7,1) et « lui donner la maîtrise complète des impôts sur le revenu » (6,8).
Profil bas sur l’immigration
Sur le thème de l’immigration, en revanche, le SNP se situe à l’inverse du Front National : dans le passé, surtout en 2011-2012, il a résolument affiché des positions pro-immigration. Mais comme les deux grands partis britanniques, il s’est délibérément abstenu d’évoquer la question pendant la campagne électorale. Beaucoup y voient une habile stratégie de l’édredon : ainsi privé de répondant, le parti anti-immigration, l’UKIP de Nigel Farage, est devenu beaucoup moins audible. L’échec du référendum de septembre dernier pourrait aussi contribuer à expliquer pourquoi le SNP ne parle presque plus d’immigration, sauf pour dire de manière assez ambiguë que « la politique de Londres n’est pas bonne pour l’Écosse ».
Cela ne signifie pas que les électeurs soient indifférents à la question. Malgré le silence de la campagne, le sondage Ipsos Mori attribue une note élevée à « l’interdiction pour les immigrants du reste de l’Union européenne de demander à bénéficier d’allocations sans avoir résidé au moins quatre ans au Royaume-Uni » (6,8) et à l’introduction d’une politique de quotas (6,3). Il confirme ainsi le sondage YouGov réalisé au mois de mars. La faiblesse de l’UKIP en Écosse laisse sans doute un répit au SNP, mais il devra tôt ou tard sortir de sa position mi-figue mi-raisin, au risque de reperdre via les thèmes identitaires une partie de ce qu’il a gagné via les thèmes sociaux.
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