Petite fille espiègle, Madeleine Garraud passe ses vacances en Bretagne, au Manoir de Bellevue. Son père est « mort pour la France » pendant la Grande guerre. Restée seule pour l’élever, Katarina, sa mère autrichienne, est critiquée par les habitants du village car elle organise de somptueuses réceptions avec ses compatriotes. En 1935, Madeleine a 17 ans. Au Manoir de Bellevue, elle fait la connaissance d’une bande de jeunes de son âge, dont Georges Bozenec et Fernand, dont elle tombe sous le charme. Par dépit amoureux, elle finit par succomber à la demande en mariage de Georges, devenu notaire. En 1939, Georges est mobilisé. Pendant l’Occupation, l’hôpital où elle reste soignée est bombardé par la RAF. Le lieutenant Werner Szontag loge au manoir réquisitionné par la Lutwaffe. Madeleine s’éprend de Werner, de dix ans son aîné, dont elle tombe enceinte. Mais à la Libération, le village breton où habite Madeleine subit une épuration sévère : suspectés de collaboration, des hommes sont fusillés et des femmes tondues ! Madeleine évite l’épuration grâce à l’intervention d’un de ses amis devenu résistant. Madeleine aide alors Werner à s’évader de la prison du Mans. Werner s’enfuit en Espagne, où il est fait prisonnier. Madeleine parvient encore à le faire évader. Mais il est de nouveau arrêté et incarcéré à Paris, à la Conciergerie. Ils y rencontrent un ancien journaliste à Je suis Partout et un ancien Milicien. Puis ils prennent le bateau à Saint-Nazaire et partent au Pérou ! Mais une fois installée au Pérou, Madeleine apprend que Werner est déjà marié à une allemande, père de plusieurs enfants, et qu’il était inscrit au parti nazi. Madeleine n’est pas gênée par les idées politiques de Werner mais par ses mensonges sur sa vie privée. Elle s’enfuit à Lima avec ses deux jeunes enfants. Elle y rencontre Diego, qu’elle épouse civilement et dont elle aura un fils…
La bande dessinée Madeleine une femme libre décrit le parcours d’une femme qui mène sa vie comme elle l’entend. Elle traverse les époques les plus difficiles en affirmant son indépendance, en se laissant guider par ses passions sans prendre en compte les risques. Les scénaristes péruvien Rudy Ortiz et suisse Pierre Colin-Thibert s’inspirent d’une histoire vraie. Ils ajoutent certains personnages, tel un « curé de choc » qui affirme à Madeleine, lors de son mariage, que « ce que notre Seigneur Jésus Christ… espère … , c’est que les enfants nés de votre union soient élevés dans la foi catholique, unique rempart contre le cosmopolitisme et le communisme qui gangrènent notre société » ! Mais dans cette bande dessinée, la Bretagne n’est malheureusement pas mise en valeur. On regrette une vision parfois critique des bretonnes qui ne supportent pas le choix de vie de Madeleine.
Le dessin naïf et dépouillé du danois Soren Mosdal, porté par des couleurs flamboyantes, met en valeur la psychologie des personnages.
Kristol Séhec
Madeleine, une femme libre, 165 pages, 23,50 euros, Editions Sarbacane.
Crédit photo : DR
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