Les communistes sont très énervés après le PS à cause du redécoupage des cantons qui a rayé de la carte nombre de leurs fiefs et redécoupé d’autres au bénéfice de candidats socialistes… qui n’en ont pas toujours profité. Par exemple à Orléans, bien que le grand ensemble de la Source, fief communiste, a été rattaché au canton socialiste de Saint-Marceau, la droite a largement gagné. Résultat des courses si les communistes avaient 232 élus en 2011, ils n’en ont plus que 121 en 2014, auxquels s’ajoutent 19 élus du Front de Gauche. Cependant, moins ils sont nombreux, moins les communistes ont le choix : leurs bastions finissent par être enlevés et ils ne peuvent que s’unir au PS pour tenter de récupérer des postes et des pouvoirs.
Côté Verts, l’équation est autre. Si le parti ne possède que 32 conseillers départementaux en France (contre 49 sortants), il a montré aux municipales un grand dynamisme, notamment à Grenoble où il est associé avec la nouvelle gauche dans la gestion de la ville… et d’un nombre grandissant de territoires en Isère, ou à Nantes par exemple où la liste écolo a atteint le score inespéré de 14.55%, pesant largement dans la victoire socialiste au second tour. Les thèmes écologistes ont par ailleurs gagné l’ensemble des partis et se retrouvent aussi dans un grand nombre de luttes sociales et citoyennes autour de ce qu’on appelle les « grands projets inutiles et imposés« , comme l’urbanisation à Agen , le projet d’aéroport à Nantes-Atlantique, le barrage de Sivens ou encore le grand stade de Lyon-Décines.
Or, les Verts qui ont claqué la porte du gouvernement en avril 2014 à l’arrivée de Valls réclament des gages pour y revenir. C’est justement ce qu’ont plaidé Jean-Vincent Placé et Daniel Cohn-Bendit au chef de l’Etat à la mi-avril, à en croire le Canard Enchaîné du 29 avril. Au sein des Verts, certains, comme Placé, mais aussi le nantais De Rugy ou encore le député de la Somme Barbara Pompili font des pieds et des mains pour devenir ministres, quitte à provoquer une scission au sein des Verts, dont la direction ne peut plus ignorer ces ambitions.
Selon Daniel Cohn-Bendit, ces gages devraient être l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame des Landes et la fermeture de Fessenheim : « il faut donner des trucs aux Verts pour les rattraper. Notre-Dame des Landes, qu’est-ce qu’il en a à foutre, Hollande?« , a-t-il demandé très directement. « Il faut faire un référendum local. Et Fessenheim, il faut des garanties, c’est à dire un agenda de fermeture. Il faut du fond pour entraîner les Verts au gouvernement« .
Techniquement, la centrale de Fessenheim peut fermer à la mise en service de l’EPR, même si celle-ci s’éloigne à mesure que le chantier rencontre de nouveaux problèmes qui touchent maintenant la cuve du réacteur. Quant à l’aéroport, ce projet, pour ses opposants, fleure bon le capitalisme de connivence habituel pour la France : espérances économiques trafiquées et revues à la hausse, conformité avec les lois en vigueur pour le moins fantômatique, nouvel aéroport plus petit que l’ancien, concertation locale bâclée, justice aux ordres… Pour eux, l’abus de pouvoir est au pouvoir.
Bref, si cet aéroport, né d’un imbroglio politique, mourrait des suites d’un autre sac de noeuds politique – faire revenir les Verts pour limiter la casse à gauche, ce serait un clin d’oeil ironique de l’Histoire. Et il ne manque pas d’infrastructures utiles pour faire travailler Vinci et ses ouvriers : par exemple un troisième franchissement de la Loire entre Nantes et Saint-Nazaire ou la transformation de la ligne bancale de tram-train puis de train non électrifiées Nantes-Chateaubriant-Rennes en ligne Nantes-Rennes digne de notre époque et des deux principales villes bretonnes.
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