« Dans la prochaine décennie, il n’y aura pas d’élargissement de l’UE« , a-t-il asséné. « A ce jour, il n’est pas réaliste de penser que les conditions sont réunies pour admettre un nouveau pays« , a-t-il ajouté, « du reste, il n’y a aucun pays européen dont la population est majoritairement favorable à un élargissement de l’Union. » Tant pis pour l’opinion politique ukrainienne, qui est largement convaincue par des médias ukrainiens que l’adhésion à l’UE est non seulement possible à court terme, mais que l’UE attend l’Ukraine avec impatience. Notons au passage que les médias en question n’ont jamais été aussi unanimes, puisque les journalistes sceptiques sont soit assassinés, comme Oles Bouzina, soit obligés de se réfugier à l’étranger comme Anatoli Sharij, et que les voix discordantes sont tout simplement interdites d’émettre. Alors que l’Ukraine, selon les euro-atlantistes, n’a jamais été aussi proche du paradis démocratique, une centaine de médias sont interdits et des journalises tabassés ou embastillés chaque semaine.
Enfin, il a ouvert une petite fenêtre : « les pays candidats doivent se rapprocher d’un point de vue économique pour que nos citoyens y soient prêts« . Ce qui est à peu près inatteignable pour les économies exsangues et gangrénées par la corruption de la Bosnie, de la Moldavie et maintenant de l’Ukraine, dont la production industrielle et l’extraction de minerais continuent de chuter lourdement de mois en mois, tandis que l’effondrement de la hrivnya en janvier et février a atteint de plein fouet les agriculteurs, qui ont diminué les surfaces ensemencées à mesure que le prix du carburant (importé) explosait.
Le commissaire européen espère cependant qu’un « nouveau chapitre s’ouvre avec la Serbie, afin que nous puissions accueillir de nouveaux membres« . L’UE continuera donc de soutenir les gouvernements pro-européens serbes, qui se sont laissés dépouiller du Kosovo et accuser leur pays d’être des génocidaires en vendant à la population le rêve européen. L’enjeu est important : pour des raisons autant historiques qu’économiques, la Serbie est en train de passer dans le camp de la Russie, abandonnant tout à fait les espérances européennes.
Rappelons que l’UE s’est élargie sept fois. Les quatre premières vagues ont concerné des pays qui étaient alors culturellement et économiquement proches, à l’exception peut-être de la Grèce en 1981. En revanche en 2004 l’UE s’est élargie subitement à l’est, avec 10 nouveaux pays de l’est, ainsi que Chypre et Malte. En 2007 s’y ajoutaient encore la Bulgarie et la Roumanie, puis la Croatie en 2013. De nombreuses voies se sont alors élevées pour dénoncer ces élargissements trop importants, alors que des membres anciens de l’UE étaient alors dans une situation économique et sociable intenable – la Grèce par exemple, l’Espagne et le Portugal dans une moindre mesure.
Par ailleurs les élargissements ont aussi facilité de nombreux trafics, notamment tous ceux qui sont liés aux gens du voyage (roumains, bulgares, hongrois ou croates) et aux réseaux de cambrioleurs polonais et baltes : européens, ils peuvent se déplacer librement, ce dont ils ne manquent pas d’abuser. De plus plusieurs des pays nouvellement acceptés ont dû être renfloués en urgence par l’UE comme la Hongrie en 2010 ou Chypre en 2013. Ces pays ont aussi une forte influence sur la ligne diplomatique européenne : tandis que la Slovaquie, la République Tchèque et la Hongrie perturbent l’unité occidentale contre la Russie, la Pologne et les Etats Baltes poussent l’UE à une opposition la plus dure possible aux Russes, au détriment de l’économie de nombreux pays dont l’Allemagne et la France. Enfin les différences des salaires et des prix dans les nouveaux pays ont accéléré d’un côté les délocalisations d’usines depuis la vieille Europe et de l’autre côté l’immigration des nouveaux Européens qui trustent maintenant des milliers d’emplois au détriment des autochtones.
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L’Ukraine a vocation à intégrer l’Union-Européenne. La frontière entre l’Ukraine et la Russie est une séparation entre deux civilisations, d’un côté l’Occident démocratique, solidaire où l’Etat de droit est une réalité, de l’autre la Russie autoritaire, au peuple abreuvé de propagande grossière, à l’espérance de vie très faible, où règne la corruption et la misère.
La supériorité de l’Occident est indéniable, il suffit de comparer une ancienne république soviétique comme l’Estonie autrefois dévastée par les russes et aujourd’hui proche des standards des pays scandinaves avec l’état actuel de la Russie de Poutine. La Russie méprise nos valeurs européennes. L’UE devrait s’atteler à diversifier ses fournisseurs de matières premières et mettre en place au plus vite un marché commun de l’énergie pour réduire sa dépendance au gaz des soviétiques – utilisé comme un véritable outil de chantage par le régime de Moscou. La Russie sans son gaz n’aurait plus aucune influence, son rapprochement avec la Chine est dérisoire, elle exporte autant vers la Chine qu’avec les seuls Pays-Bas.
Poutine ne pourrait alors compter que sur les soutiens des leadeurs d’extrême-droite et de la « gauche de la gauche » nostalgiques du passé…