On est en 2122. 330 ans après la première République de 1792, la France et l’Europe se sont assoupies dans la mollesse, les jeux de l’esprit, les loisirs et les drogues. Les Etats souverains ont disparu et seules les communes détiennent un semblant de pouvoir. Confiante dans l’idéologie du Progrès et des Droits de l’homme, l’Europe a renoncé à la puissance. Manque de chance, les musulmans d’Afrique du Nord, qui ont recouvré depuis longtemps leur liberté, sont restés des barbares fanatiques fidèles à leur foi. Guidés par un chef charismatique, après avoir reconquis l’Andalousie ils vont s’emparer de l’Europe pratiquement sans coup férir.
Un nouveau roman de Houellebecq ? Pas du tout. Publié en 1894 – 120 ans avant Soumission – L’an 330 de la République est une œuvre de jeunesse d’un certain Maurice Spronck (1861 – 1921). Homme de droite, avocat talentueux, journaliste et écrivain, Spronck sera des fondateurs de l’Action française avant de devenir député de Paris. Influencé par Nietzsche, il a conscience, en cette fin du XIXème siècle, du déclin du « vieux monde », miné par le matérialisme et la médiocrité. Déjà !
A une époque – le XIXème siècle – où les romans d’anticipation sont à la mode, Spronck prend délibérément le contre-pied de l’utopie. A l’opposé de la société parfaite inspirée par la doxa républicaine des droits de l’homme – l’auteur a choisi de faire œuvre de dystopie, ou contre-utopie, en mettant en évidence les conséquences mortifères de cette idéologie pour la civilisation européenne. Pour lui le rêve utopique constitue en réalité un cauchemar. Spronck conclut d’ailleurs son roman par cette phrase sans appel : « Les barbares ont reconquis le monde. La civilisation est morte ». Gageons qu’aujourd’hui il ne couperait pas d’ un procès pour « islamophobie ».
Alors que l’islamisme et ses diverses manifestations sont plus présents que jamais au cœur de l’actualité, la réédition, par les Editions Jean-Cyrille Godefroy, de L’an 330 de la République est à saluer comme il convient. On déconseillera toutefois la lecture de ce roman aux admirateurs d’Edwy Plenel. Et aux pessimistes…
PLG
L’an 330 de la République, Maurice Spronck, Editions Jean-Cyrille Godefroy. 12€
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