26/04/2015 ‑07H00 Nantes (Breizh-info.com) ‑ « Après cinq années d’ouvrage, [le tombeau de François II] aura connu quelques péripéties avant de trôner dans le transept de la cathédrale de Nantes, plus de trois cents ans après sa réalisation », indique sobrement Nantes Tourisme. Ces « péripéties » que l’office de tourisme de Nantes ne tient manifestement pas à détailler expliquent pourquoi le chef-d’œuvre de Michel Colombe est parfois méconnu : de bonnes âmes l’avaient enterré pour le soustraire à la folie iconoclaste des révolutionnaires.
Depuis qu’il a été transféré dans la cathédrale Saint Pierre et Saint Paul, ce tombeau réalisé sur commande d’Anne de Bretagne fait néanmoins l’admiration des visiteurs, fussent-ils républicains : « Une chose vraiment belle » pour Flaubert, pas avare de sarcasmes pourtant, « une admirable chose » pour Victor Hugo, « un des plus beaux monuments de la Renaissance » pour Stendhal, etc. Point de rencontre des influences gothiques et italiennes, l’œuvre a fait l’objet de plusieurs études. Le docteur Ange Guépin s’y est longuement arrêté dans son Histoire de Nantes.
En 1930, dans ses Demeures philosophales, le mystérieux Fulcanelli livre une interprétation « alchimique » du tombeau. C’est dans cette lignée que s’inscrit le livre fort étrange récemment publié par Thomas Grison, Le Tombeau des ducs de Bretagne et son symbolisme. Il détaille minutieusement, avec une bonne dose d’appréciations personnelles, les nombreux symboles du monument. Ainsi les statues placées à chacun de ses angles, qui représentent la Tempérance, la Force, la Justice et la Prudence font-elles chacune l’objet d’un chapitre spécialisé.
Nettement rétif à tout régionalisme, l’auteur note néanmoins « qu’Anne de Bretagne, commanditaire de ce monument funéraire sculpté à la gloire de ses parents, n’a pas manqué de faire valoir la grandeur du duché de Bretagne peu avant que celui-ci entrât définitivement dans le giron du royaume de France ». Mais il explique aussi pourquoi le lion qui domine le tombeau est en fait un dragon, et pourquoi le dragon étranglé par la Force est en fait un serviteur de la Lumière.
« Le tombeau de François II de Bretagne est, pour les chercheurs, les ésotéristes et les alchimistes opératifs, un lieu fondamental, un creuset formidable, ou toute la flamboyance créatrice de l’occident converge pour la réalisation intérieure, la méditation cosmo-tellurique » : cette appréciation de l’éditeur Paul Sanda, dans la postface, résume assez bien l’ambiance de cet ouvrage érudit. Les « alchimistes opératifs » seront assurément passionnés. Pour les autres, perplexité assurée.
Thomas Grison, Le Tombeau des ducs de Bretagne et son symbolisme, Rafael de Surtis, 2015, 242 pages, 20 €.
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