Breizh-info vous propose désormais une chronique hebdomadaire intitulée « 7 films à voir ou à revoir » et réalisée par Virgile pour le Cercle Non Conforme, qui nous a donné son accord pour reproduire le texte.
Cette semaine, 7 films à voir ou à revoir sur le thème de Shakespeare.
Est-il besoin de préciser que William Shakespeare demeure le plus grand écrivain, poète et dramaturge de langue anglaise ? Nul n’ignore son nom, ni même les titres de ses principales œuvres.
Et pourtant ! Qui a songé à se replonger dans ce monument de la littérature européenne depuis ses lointaines années collège ? Et bien, c’est un tort ! Car l’œuvre de Shakespeare détient une magnifique part d’intemporalité dans sa représentation des aspects de la nature humaine. Né en 1564 et mort en 1616, Shakespeare aura largement contribué à l’émergence d’un théâtre populaire et à l’analyse du pouvoir tyrannique des puissants. Sous de nombreux aspects, l’héritage shakespearien peut apparaître comme non-conforme. Il est d’ailleurs curieux qu’il soit le seul écrivain non-censuré dans le 1984 de George Orwell… Bien évidemment,
Shakespeare est le poète dont les pièces furent les plus adaptées au cinéma. Il est ainsi possible de dénombrer 420 films reprenant fidèlement l’œuvre de William ou s’en inspirant plus ou moins vaguement dans les éléments de l’intrigue. Il fallait bien en choisir sept…
BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN
Titre original : Much ado about nothing
Film anglais de Kenneth Brannagh (1992)
1599, à Messine en Sicile, le prince Don Pedro d’Aragon revient victorieux d’une expédition militaire, entouré de ses plus fidèles gentilshommes compagnons d’armes, Benedick et Claudio. Le trio est bientôt reçu avec tous les honneurs par Leonato, le gouverneur de la ville. Cette réception favorise les retrouvailles de Benedick et Beatrice, la nièce du gouverneur, tandis que Claudio tombe amoureux de Hero, la fille de celui-ci. Les deux couples ont d’ailleurs la bénédiction du gouverneur et du prince d’Aragon qui souhaiteraient officialiser cette double union. Mais le mariage de Benedick et Beatrice s’avère difficile tant ces forts caractères se livrent à d’impitoyables joutes oratoires. Si Beatrice n’a pas une haute opinion des hommes, Benedick, lui, jure à qui veut l’entendre qu’il demeurera célibataire toute sa vie. Et la situation se complique d’autant plus lorsque Don Juan, frère de Don Pedro, entend usurper la place de son frère et empêcher par tous les moyens les épousailles…
Considérée comme une œuvre mineure parmi l’ensemble des pièces de Shakespeare, cette comédie n’en est pas moins fascinante par la truculence des joutes auxquelles se livrent nos deux aliénés aussi passionnément amoureux qu’ennemis. Si le réalisateur prend parfois quelque distance avec le récit initial, la première scène reprenant les codes du western, et si le tournage eût lieu en Toscane, et non en Sicile, cela ne nuit nullement à l’ensemble qui s’avère brillant.
HAMLET
Film anglais de Laurence Olivier (1948)
A Elseneur, le fantôme du défunt Roi du Danemark confie à son fils, Hamlet, l’identité de son assassin qui ne se révèle être d’autre que son oncle Claudius, frère du roi. Ce parricide-régicide favorise l’accession au trône de l’assassin qui s’empare, par là-même, de la Reine Gertrude. Hamlet mûrit sa vengeance en simulant la folie afin de confondre son frère. Mais Hamlet semble incapable de toute mise en application de sa vengeance. La cause en serait Ophélie, fille de Polonius, chambellan et conseiller du roi, qui bénéficierait des sentiments amoureux du jeune Hamlet. Mais le fils fait bientôt éclater la vérité lors d’une représentation théâtrale aux conséquences tragiques…
Splendide ! Il n’y a pas d’autre mot qui puisse mieux définir cette adaptation esthétisante et glacée de l’une des plus grandes pièces shakespeariennes. Laurence Olivier se révèle définitivement, avec Orson Welles dans une moindre mesure, le plus grand spécialiste de Shakespere au cinéma, dont il s’agit ici de la deuxième adaptation.
HENRY V
Film anglais de Laurence Olivier (1944)
1600, au théâtre, le rideau s’apprête à se lever et dévoiler la représentation qui doit avoir lieu avant de céder la place aux images de la conquête de la Terre de France par Henry V, Roi d’Angleterre, qui entend faire valoir ses droits à la conquête du trône de France occupé par Charles VI. Retour en 1415. Depuis Harfleur, bientôt conquise, Henry V et son armée remontent vers le Nord, en vue de faire la jonction avec Calais, détenue par la couronne britannique. Malgré l’épuisement de sa troupe, Henry V rencontre la chevalerie française, lancée à sa poursuite, dans un petit village d’Artois dénommé Azincourt…
Si l’adaptation de Hamlet est splendide, celle de Henry V est tout simplement génialissime ! Un chef d’œuvre du cinéma historique ! Les scènes de bataille figurent parmi les plus belles du Septième art, avec celles d’Alexandre Nevski de Sergueï Eisenstein ! Les décors sont époustouflants, au point de reproduire les erreurs de perspective de l’art de la miniature médiévale. A noter, la prise de Harfleur fait écho au débarquement de Normandie. Pour rappel, le tournage date de 1944 et le film est d’ailleurs dédié aux troupes aéroportées alliées. Vous n’avez jamais vu ce film ? Courrez acheter le DVD !
MACBETH
Film américain d’Orson Welles (1947)
Dévoré d’ambition et sous l’emprise de sa femme, le général Macbeth assassine le Roi d’Ecosse, Duncan, favorisant ainsi son accession au trône. Trois sorcières, rencontrées dans la lande, avaient bien prédit ce déroulement des faits, l’un de ses homologues, Banquo, devant ensuite engendrer des rois bien qu’il n’en fut pas un. Soucieux de conserver le pouvoir, Macbeth fait alors assassiner Banquo, dont le fils, Fleance, parvient à fuir. Lors d’un banquet, le spectre du défunt Banquo apparaît. Effrayé, Macbeth commandite l’assassinat de son lieutenant Macduff. Ne parvenant plus à mesurer sa folie meurtrière, c’est au tour de son épouse et de ses enfants de périr. La riposte s’organise bientôt pour déchoir le tyran. Une armée est en marche sur le château à l’intérieur duquel Macbeth est reclus…
Welles tourna le film en 23 jours avec un budget d’une pauvreté extrême. Mais l’homme ne manquait pas d’imagination pour masquer ce flagrant manque de moyens par des solutions d’une radicale et astucieuse audace. Un épais brouillard, très précisément, dissimule le dénuement des décors. L’atmosphère y gagne dans cette œuvre étrange d’une sauvage beauté. Si les adaptations de Welles sont un tantinet en deçà de celle de Laurence Olivier, il serait dommage de ne pas pousser la curiosité jusqu’à une attentive vision.
OTHELLO
Titre original : The Tragedy of Othello : The Moor of Venice
Film américain d’Orson Welles (1952)
Venise, les succès militaires du général Othello, surnommé Le Maure, et la célébration de son mariage avec la fille du sénateur Barbantio, la belle Desdémona, suscitent admiration et jalousie. Parmi les invités de la noce, Iago, lieutenant d’Othello, dont l’ambition démesurée est sublimée par une haine inextinguible qu’il voue à son supérieur militaire. Passées les noces, Othello part bientôt combattre la flotte ottomane avant de retrouver son épouse sur l’île de Chypre, dont il est nommé gouverneur. Iago entreprend alors de jeter le doute dans l’esprit de son général en le faisant douter de la fidélité de sa belle, et se révèle expert de la perversion machiavélique…
Accouchement difficile pour cette production dont le tournage fut stoppé à deux reprises, faute d’un budget suffisant. Deux années furent ainsi nécessaires à sa réalisation sous le soleil italien et marocain. Le film n’en est pas moins d’un lyrisme extraordinaire des premiers plans aux derniers ; le génie de Welles perfectionnant l’esthétique et l’extraordinaire vitalité de son œuvre à l’aune d’une criante pauvreté financière.
RICHARD III
Film anglais de Laurence Olivier (1956)
En Angleterre, au milieu du XVème siècle, le bossu Richard, Duc de Gloucester, intrigue, malgré son éloignement dans l’ordre de succession, en vue de ravir la couronne royale, coiffant son frère Edouard IV. Après avoir convolé en justes noces avec Lady Anne, veuve de l’héritier de la Maison de Lancastre, qu’il force à l’épouser, Richard parvient à persuader son frère de la traîtrise de Georges, Duc de Clarence, bientôt enfermé à la Tour de Londres avant d’être exécuté. Totalement dénué de scrupules, Richard est aidé par la Providence et Edouard décède de maladie. Plus aucun obstacle ne s’oppose, dès lors, à l’accession au trône du futur Richard III, dernier prince Plantagenêt, dont le règne sera placé sous le signe du despotisme…
Dernière réalisation de la trilogie shakespearienne de Laurence Olivier, à la fois derrière et devant la caméra, dans un rôle principal qu’il campe magnifiquement, le film crève l’écran. L’acteur-réalisateur n’hésite pas à s’adresser directement au spectateur, par le truchement de la caméra, à l’image d’une représentation théâtrale sublimée par l’ensemble des procédés scénographiques utilisés, depuis la longueur des plans jusqu’à une remarquable profondeur de champs. A voir tout simplement !
LE ROI LEAR
Titre original : Tzar Lear
Film russe de Gregori Kozintsev (1972)
Le Roi Lear partage son royaume entre ses trois filles, Goneril, Regan et Cordelia. Tandis que les deux premières manifestent un amour hypocrite pour leur père, Cordelia tombe en disgrâce après avoir refusé l’héritage et exprimé la folle déraison et les terribles conséquences de la décision paternelle. Paradoxalement, c’es bien Cordelia qui s’avère la seule de sa fratrie à être animée de véritables sentiments d’amour pour la figure royale. Les mises en garde de Cordelia s’avèrent très vite prémonitoires. Le royaume est bientôt ravagé par la guerre qu’autorisent des ambitions jugeant la réelle faiblesse du pouvoir. Frappé par la folie, Lear meurt…
S’éloignant quelque peu d’une parfaite fidélité au récit initial, Kozintsev livre ici une vision très personnelle de cette tragédie shakespearienne. Aussi, le réalisateur précisa-t-il avoir volontairement renoncé à toute connotation historique précise, seuls les décors évoquant la terre d’Angleterre. Certainement la production d’un tel film en Russie soviétique a-t-elle rendu nécessaire une moindre évocation de l’univers d’un pays tout acquis au bloc capitaliste. Cela ne nuit néanmoins nullement à la beauté de la réalisation.
Virgile / C.N.C.
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2 réponses à “7 films à voir ou à revoir sur le thème de Shakespeare”
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Merci pour ces suggestions. Je suis tombé sur votre site en cherchant Richard III sur le net que je ne parviens pas à trouver. Auriez-vous une piste ? Tous les films recommandés sont dans le domaine publique désormais, non?