Cela vaut aussi pour les gardés à vue comme on a pu le constater à Nantes où le 10 avril au soir un gardé à vue de 19 ans interpellé sur un vélo volé a mis le feu à sa cellule avec un briquet qu’il a gardé sur lui. Le soir même, deux autres feux de cellule ont été constatés : l’un à l’établissement pour mineurs (EPM) d’Orvault où un jeune de 17 ans a brûlé son matelas, l’autre à la maison d’arrêt de Nantes vers 21 heures où un jeune majeur de 19 ans a lui aussi mis le feu à son matelas mais avec des allumettes.
Pas de victime dans les trois cas, mais beaucoup de temps passé à évacuer les détenus, conduire à l’hôpital ceux qui ont inhalé des fumées, éteindre les incendies, sécuriser les lieux pour éviter que certains en profitent pour mettre le désordre etc. Si le feu de cellule est assez courant dans les prisons françaises – certains détenus s’immolent par le feu ou mettent le feu plusieurs fois de suite ces faits ont tendance à se multiplier depuis l’interdiction des fouilles intégrales, en demandant aux détenus de se déshabiller.
A l’hôtel de police, plusieurs policiers mettent en cause aussi les ratés de conception qui conduisent à une hausse des dégradations des cellules : « les verrous des cellules de garde à vue sont trop petits, les détenus arrivent à les défoncer à coups de pied« . Même chose pour les parois des cellules en plexi : « il a fallu les renforcer, au début les détenus tapaient dans les joints et les faisaient tomber. Y en a même qui réussissaient à sortir dans le couloir des cellules. Cela arrivait surtout pour les détenus en dégrisement, qui ont tendance parfois à taper dans tout ce qu’ils peuvent atteindre« . Bref, concluent-ils, « il y a souvent des ouvriers dans les locaux pour réparer« . Délégué FO de la Pénitentiaire à Nantes, William Baudin se souvient « au début, à l’EPM d’Orvault, il y avait des cloisons en placoplâtre, l’architecte avait tellement voulu que ça ne fasse pas prison qu’il avait oublié que c’en était tout de même une et les détenus pulvérisaient tout« .
A ces problèmes s’ajoute aussi l’interdiction des fouilles, qui conduit à ce que tout et n’importe quoi entre en détention en Bretagne comme dans les autres prisons françaises. Les effectifs sont insuffisants pour n’assurer ne serait-ce qu’une fouille annuelle de chaque cellule et pourtant les découvertes s’apparentent souvent à la pêche miraculeuse : cigarettes, donc briquets et allumettes pour les fumer, drogues en tous genres – jusqu’à des comprimés d’ectasy et des amphétamines dans les prisons de la région parisienne, mais souvent des quantités industrielles de résine de cannabis et de cocaïne, « et tous les téléphones dernier cri : y compris les tablettes Ipad, les Iphone 6, Samsung Galaxy etc. on pourrait ouvrir un magasin avec ce qu’on trouve« , complète un autre agent de la pénitentiaire à Nantes.
Dernier problème, les dénommés « cas psy« , c’est à dire les détenus qui ont des problèmes psychiatriques. Ils sont souvent très difficiles à gérer, et comme les effectifs manquent, il est difficile de détacher deux voire trois ou quatre agents pour pouvoir les fouiller. En plus, ils ont souvent des profils difficiles, cumulant parfois plusieurs pathologies. Bien que leur place n’est pas en prison, ils y sont tout de même car il y a un manque de place patent dans les hébergements spécialisés et que par ailleurs certains juges les envoient en détention car « là au moins ils se soignent ! ils sont surveillés et prennent leurs médicaments« , a-t-on pu entendre au cours d’un procès de correctionnelle à Nantes.
Le jeune majeur de 19 ans qui avait mis le feu à sa cellule le 10 avril appartenait justement à cette dernière catégorie. Ce maghrébin incarcéré pour viols avait purgé sa première peine pour des faits similaires à la maison d’arrêt de Brest. Une fois sorti, en trois semaines il a commis deux autres viols. Arrêté de nouveau il a été mis à l’établissement pour mineurs (EPM) d’Orvault. En théorie cet établissement plus confortable est réservé aux détenus mineurs qui se comportent bien et ont des profils qui leurs permettent d’être facilement réinsérés, mais en pratique il accueille de nombreux détenus avec des profils très lourds ce qui se traduit par un nombre assez important d’agressions envers les surveillants. A l’EPM « il s’est taillé les veines à plusieurs reprises« , ce qui lui a valu d’être transféré au service médico-psychiatrique régional, une unité de soins psychiatriques à la maison d’arrêt de Nantes… où il a mis le feu à sa cellule.
Crédit photo : DR (Pixabay)
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Une réponse à “Multiplication des feux de cellule à Nantes : l’interdiction des fouilles intégrales mise en cause”
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