17/04/2015 – 08H00 Bretagne (Breizh-info.com) – Marc Le Fur veut-il vraiment remporter les élections régionales ? C’est la question que se posent de nombreux observateurs politiques en Bretagne. Le député de Loudéac et vice-président de l’Assemblée nationale, qui a été nommé chef de file de la droite et du centre pour les prochaines élections régionales de décembre, se fait en effet très discret actuellement.
Certes, ces élections n’auront lieu qu’en décembre et les départementales viennent à peine de s’achever. Mais face à la «machine» Jean-Yves le Drian, qui active quotidiennement ses réseaux – et cela depuis des mois – pour que la gauche conserve la présidence de la région à la fin de l’année, la droite semble à nouveau peiner à bâtir un véritable projet pour la Bretagne.
Et pourtant, Marc le Fur – en première ligne lors des Manif Pour tous contre le mariage et l’adoption par les couples homosexuels, mais aussi sur le devant de la scène lors de l’épisode des Bonnets rouges ou dans les manifestations pour la réunification de la Bretagne – s’est longtemps affirmé comme un patron, un des seuls à s’assumer réellement de droite parmi les leaders politiques bretons de cette obédience.
Ses interventions télévisées lors des élections départementales, notamment sur TV Rennes, auront également témoigné d’un refus de diaboliser ou d’attaquer vivement le Front national (en la personne de Gilles Pennelle) , exercice auquel se livrent pourtant facilement d’autres ténors de la droite et du centre, souvent terrorisés à l’idée d’être étiquetés trop à droite.
Tenir compte des raisons de la progression du vote Front national
Quels messages, quels signaux ont fait passer les Bretons lors des dernières élections, avec une forte poussée locale du Front national qui a mené campagne sur la sécurité et l’immigration, mais aussi lors des grands mouvements de contestation populaire, comme celui des Bonnets rouges ou de La Manif pour tous, dont les rangs furent copieusement garnis de familles bretonnes ?
Le score du FN dans les campagnes mais aussi dans les quartiers populaires des métropoles de Bretagne témoigne principalement d’un vote identitaire rejetant la politique d’immigration menée par le gouvernement avec l’appui des institutions dirigées par la gauche. D’un souhait de vivre en sécurité et de voir ses traditions préservées. D’un souhait enfin de changer la façon de gérer les institutions – et d’en finir avec des apparatchiks plus préoccupés de leur réélection que d’être au service de leurs administrés.
Le mouvement des Bonnets rouges, tout comme celui de La Manif pour tous, ou encore celui en faveur de la réunification de la Bretagne – qui se sont tenus finalement assez loin des politiques qui cherchaient souvent à les récupérer – témoignent également d’un attachement aux libertés régionales, à la liberté d’entreprendre, à la volonté de vivre en tant que Breton en Bretagne et au souhait de préserver un projet cohérent de civilisation.
A cela on peut ajouter les réactions des petits entrepreneurs, des artisans, qui rencontrent aujourd’hui des difficultés sans précédent. En témoignent les mobilisations exceptionnelles de ces hommes et ces femmes habituellement peu portés sur la chose publique qui se précipitent en masse dans les réunions ayant pour thème la sortie possible du RSI, le régime social des indépendants.
A la tête d’un conseil régional et d’une majorité de droite, Marc le Fur n’aura bien évidemment pas la faculté de tout chambouler, mais les pouvoirs des conseils régionaux sont aujourd’hui tels qu’une vraie politique de droite pourrait être menée pour transformer durablement la société bretonne.
Il est d’ailleurs le seul – quand il ose l’affirmer avec force et conviction – à pouvoir allier une politique profondément régionaliste, menant vers plus d’autonomie pour la Bretagne, à une politique réellement de droite, sur des thèmes aussi larges que la sécurité, l’immigration, la formation professionnelle, l’enseignement, l’encadrement des associations, le rétablissement de certaines valeurs détestées par la gauche.
Marc Le Fur a 9 mois pour se mobiliser, convaincre et triompher de la gauche en Bretagne
Jean-Yves le Drian – qui a partiellement abandonné la Bretagne pour devenir ministre de la Défense – s’est de surcroît mis à dos une partie de l’électorat qui lui avait fait confiance sur les promesses de réunification et , concernant le Parti socialiste, sur la ratification de la charte des langues régionales. « Recentré », le PS est aussi entrain de perdre une partie de son électorat de gauche, excédé par la politique jugée trop libérale du gouvernement actuel.
Cette situation pourrait conduire à avoir en lice, aux prochaines élections régionales, 4 listes , voire 5 si Christian Troadec part seul – à moins qu’un arrangement purement personnel soit trouvé avec la gauche, le maire de Carhaix ayant une peur quasiment pathologique de travailler avec la droite – y compris avec Marc Le Fur qu’il a pourtant rencontré récemment.
Marc le Fur a donc toutes les cartes en main pour remporter la mise en décembre – le Front national devenant un arbitre sans doute limité autour de 16-18% en raison notamment de son programme très jacobin, très uniformisateur, très centraliste, qui lui vaut d’ailleurs ses plus mauvais résultats dans les très enracinés Finistère et Centre-Bretagne – où Christian Troadec, le régionaliste de gauche, règne en main de maître.
Mais pour parvenir à la victoire, il se doit de rentrer dès à présent avec toutes ses forces et ses idées (celles de La Droite populaire, le courant le plus à droite de l’UMP) dans la mêlée. Il doit également garder en mémoire que si Josselin de Rohan – dont la Brestoise Bernardette Malgorn a pris la suite à la tête d’une droite bretonne molle, peureuse et stérile en terme de création d’idées et de dynamisme – a été balayé en 2004, c’est avant tout parce que les Bretons préfèrent l’original à la copie, et un Jean-Yves le Drian de gauche assumée à un ersatz d’une droite qui passe son temps à se chercher et à se renier … Marc Le Fur a 9 mois pour se mobiliser, convaincre et triompher de la gauche en Bretagne. Faut-il encore en avoir la volonté.
Yann Vallerie
Photo : breizh-info.com
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9 réponses à “Marc Le Fur veut-il vraiment remporter les élections régionales ?”
FN n’est pas »jacobin »Pour protéger identité Bretonne mondialisation sauvage et immigration il faut cependant un état protecteur
Marc Le Fur est un des députés ayant la meilleure notoriété en Bretagne. Mettre le doute sur ses ambitions est typiquement classique car nous n’arrêtons pas en Bretagne de nous diviser. Il n’a jamais caché sa volonté d’une Bretagne à 5 et de la ratification des langues régionales… Tout dépendra maintenant de C Troadec qui décidera ou non de faire basculer le Conseil régional à gauche avec les jacobins ou à droite avec M Le Fur. Le FN sera dispersé au second tour en 1/3 à gauche et 2/3 à droite. Nous aurions pu avoir le Finistère à droite avec M de Calan comme président qui est aussi pour B5 et les langues régionales, mais les listes indépendantes dont celle de C Troadec ont fait en sorte de rebasculer à gauche.
carlos il y a autant de jacobins a gauche qu a droite mais il est vrai que Marc le Fur est en Bretagne le meilleur d entre nous ‘ aoutrou Marc Le fur eo an hini gwellan deusoudomp gwrit eo ta
Je crois que c’est beaucoup trop tôt pour la campagne. D’ailleurs qui a commencé ? On vient à peine de terminer 2 élections, la gauche a bien résisté grace à trop de promesses et la manipulation des foules sur la peur du FN. L’économique ne sera pas au rendez-vous. Le couple Valls/Macron doit séduire le patronat minoritaire et qui ne suit plus. Je mise sur une rupture de l’électorat de gauche en fin d’année. Le Fur doit laisser la gauche se débrouiller avec ses promesses, je note que F. Hollande (médiocre président mais très bon stratège) fait de même avec Valls, wait and see ! En outre, Le Drian reste une inconnue, pas sûr qu’il soit d’accord avec le PS sur la réunification, en fin de carrière je lui conseillerais de garder son poste de ministre de la défense jusqu’en 2017, puis de quitter le PS s’il veut une retraite paisible, pourquoi pas à l’UDB ?
Comme l’a récemment (le 15 avril sur Boulevard Voltaire) et très utilement rappelé Alain de Benoist, les notions de droite et de gauche servent à distinguer des entités qui, sur le fond, sont indiscernables parce qu’elles participent de la même vue-du-monde libérale, universaliste et mondialiste (tout au plus peut-on parler de libéraux de gauche et de libéraux de droite, par convention, pour distinguer le PS de l’UMP-UDI).
Affirmer, comme le fait l’auteur de ce papier, qu’il y aurait une »vraie » politique de droite implique L’existence d’une supposée essence de la droite, ce qui n’est pas démontré.
La prétendue essence de la »droite » n’existe tout simplement pas et n’a d’ailleurs jamais existé. Il y a toujours eu depuis 1789 des droites très diverses et souvent très opposées (légitimistes, orléanistes, bonapartistes, maurrassiens, fascistes, gaullistes et libéraux). Il en va toujours de même et il est évident qu’il n’y a rien de commun entre les dirigeants de l’UMP-UDI et ceux du FN. Par contre la proximité entre libéraux de droite et de gauche est telle que leur commune opposition au FN et leur rapprochement face à sa montée en puissance deviennent de plus en plus criantes.
Par voie de conséquence, l’invocation récurrente d’une fantasmatique union de la droite n’a strictement aucun sens et elle ne se concrétisera jamais parce que les dirigeants de l’UMP-UDI la refusent tout autant que ceux du FN (il en va différemment pour les électeurs de l’UMP dont un très gros contingent se sent très proche du FN ce qui provoquera inévitablement un séisme au sein de ce parti dont les cadres sont de moins en moins en phase avec leur électorat sur le sujet essentiel qu’est l’immigration).
Marc Le Fur est un représentant de la bourgeoisie libérale, laquelle a toujours préféré in fine ses avoirs à sa patrie. Il n’y a rien à attendre d’un tel individu qui n’a jamais pris le moindre risque réel comme, par exemple, celui de s’opposer à la politique d’immigration menée par le parti politique auquel il appartient. La ligne de fracture essentielle ne se situe pas entre la droite et la gauche mais entre les partisans de la politique d’immigration et ses opposants. Le Fur fait partie des premiers.
D’accord sur le soi-disant clivage droite-gauche et sur les vrais enjeux. Toutefois la politique est aussi le sens du réel et, en Bretagne, pour l’heure encore, le Bleu Marine a du mal à virer en tête.
Je préfère donc, à défaut, le coureur au maillot bleu : il n’est pas parfait mais c’est un homme droit, attaché à des valeurs, et qui a la Bretagne dans les tripes !
M. Le Fur a raison de ne pas confondre vitesse et précipitation. Après la séquence des élections départementales, il est bon de faire le point sur les aspirations des électeurs, les forces en présence, les alliances envisageables, etc. Et il coulera de l’eau sous les ponts dans les prochains mois. Que l’été soit caniculaire, et l’écologie passera au premier rang des préoccupations. Qu’un krach boursier survienne et ce sera l’économie. La montée de la délinquance, le déferlement des réfugiés africains, l’activisme islamiste, les interventions militaires outre-mer, les aléas de l’emploi et de la situation sociale peuvent braquer le projecteur dans des directions différentes et déprimantes, y compris au niveau régional. Inutile donc pour le moment de courir derrière tous les lièvres qui déboulent dans tous les sens.
Peut-être M. Le Fur devrait-il se montrer davantage si une réconciliation s’amorçait entre l’opinion publique et la gauche au pouvoir. Mais on n’en prend pas du tout le chemin…
Oui, je partage assez l’impatience car il faut absolument sauver la Bretagne et lui éviter d’être la proie du ministre de l’Orient. Et Marc Le Fur a une équation personnelle qui force le respect.
EN BRETAGNE Marc le FUR eo an hini gwellan dezoudomp Marc Le FUR en Bretagne c’est le meilleur d entre nous