Loin de ces considérations judiciaires de responsabilité ou d’irresponsabilité – notamment dans le saccage du paysage nantais déjà passablement éprouvé – ce 13 avril le tribunal avait à se prononcer sur une expédition punitive menée par trois ressortissants d’origine turque et maghrébine contre un autre maghrébin. Sombre affaire qui mène deux protagonistes en prison ferme, a causé 15 jours d’arrêt à la victime tandis qu’un autre auteur, en fuite, a été jugé par défaut et reste recherché par la justice.
A l’origine d’une affaire qui semble un peu emmêlée, un différend entre Mohammed A, né en Algérie et la victime S. que le premier accuse d’avoir volé plusieurs objets chez lui. Pour avoir plus de poids, A vient le 31 décembre 2013 s’expliquer avec la victime accompagné de K, né en Turquie, et M, algérien lui aussi. Les arguments sont frappants et même coupants : S. se voit gratifié de plusieurs coups, d’un coup de couteau dans l’épaule, et d’un coup de sabre – ou de bouteille, selon les témoignages – qui le mettent en incapacité de travailler pour quinze jours.
Bien que les faits, qui sont établis, soient assez lourds pour les prévenus, les avocats arrivent à mettre en valeur les zones d’ombre de la procèdure. Par exemple le fait que la borne téléphonique déclenchée par l’un des prévenus se trouve à 1.5 km des faits, ce qui importe en ville – ça c’est passé en banlieue de Nantes. Ou encore l’absence d’ADN et d’empreintes. Et même la divergence entre les témoins au sujet du sabre ou de la bouteille qui a frappé S, sur la tête duquel il n’y a pas de blessure due à une arme coupante. Par ailleurs, l’un des prévenus, A. étant en fuite, il est présenté comme l’auteur principal. Ce qui illustre bien le principe selon lequel les absents ont toujours tort. Quant aux deux prévenus – dont un qui s’exprime à la barre, assisté par un traducteur, tandis que l’autre, détenu pour autre chose, comparaît dans le box entre deux gendarmes – ils ne reconnaissent rien ni personne.
Pas de quoi convaincre les juges de leur innocence, d’autant plus que M. a déjà trois mentions au casier pour des faits de nature similaire. Il est condamné à 1 an dont neuf mois avec sursis, n’ayant pas porté de coups, tandis que A, en fuite, est condamné à 18 mois ferme, avec mandat de recherche à la clé, et K. à 2 ans ferme avec maintien en détention. Les trois devront verser solidairement 2 000 euros de provision pour les dommages et intérêts de la victime, et leurs armes leur sont confisquées. Les juges notent cependant qu’ils « n’ont pas la certitude sur le litige à l’origine des faits », mais que le faisceau de preuves – notamment téléphonique est suffisant pour confondre les prévenus. Et encourager la politesse dans les différends d’ordre civil.
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