19/03/2015 – 08h30 Bretagne(Breizh-info.com) ‑ Lors de la préparation de ces élections départementales, on avait remarqué la difficulté que rencontrait le PS à monter les fameux «binômes» – c’était en particulier visible dans le Morbihan.
Les volontaires ne se bousculaient pas au portillon ! Après la création du Parti socialiste en 1971 (congrès d’Epinay), avec François Mitterrand à sa tête, en zone rurale, le candidat type était instituteur et la candidate type appartenait au milieu associatif – de préférence catholique.
Même si le parachutage s’avérait parfois nécessaire, le nouveau PS parvenait à présenter des candidats partout.
C’était la belle époque du militantisme. Aujourd’hui, on est en droit de se demander où sont passés les « militants » socialistes (maires, adjoints, conseilleurs municipaux,..), leur manque d’empressement à faire acte de candidature à ces élections se remarque immédiatement. Dans le Morbihan, seul Serge Moëlo, maire de Silfiac, conseiller général sortant, figure sur la ligne de départ à Gourin.
Dans les vingt et un nouveaux cantons du Morbihan, seuls treize comptent un membre ou deux du PS dans le binôme. Particularité de Vannes 1 et Vannes 2 : le candidat du PS est associé à un candidat d’EELV. Dans sept, le PS est complètement absent mais un binôme «divers gauche» ou Front de gauche assure la permanence.
Il s’en trouve même ou aucun binôme ne se revendique de gauche (Moréac). Lorsque le binôme est mixte (PS + divers gauche), on observe une forte tendance de l’attelage à se dissimuler derrière une enseigne passe-partout. Par exemple, « Rassemblement divers gauche et citoyen ». Les derniers militants auraient-ils honte de représenter la Rue de Solférino ?
Cette pénurie de personnel oblige à s’interroger sur la réalité du nombre d’adhérents qu’annonce le PS. Selon un document interne, 158 878 personnes étaient encartées au début de l’année, contre 232 511 en 2008 et 173 486 en 2012. Le 16 février, 28 875 ont été radiées par le bureau national des adhésions : elles n’étaient plus à jour de cotisation depuis 2012.
Pour la première fois, ces radiations ont été effectuées directement par Paris (Le Canard Enchainé, 11 mars 2015).
Ces élections départementales montrent que, si le PS est à l’aise dans les zones urbaines, il en va tout autrement dans les secteurs ruraux. Dans le premier cas, les cabinets des présidents de conseil général et régional, et ceux des maires fournissent les candidats, dans le second cas le vide apparait tout de suite.
Il n y a plus de vrais militants, seulement des apparatchiks
Il n y a plus de vrais militants, seulement des apparatchiks. Au point de tomber dans la caricature. Ainsi, dans les Côtes d’Armor où, parmi les nouveaux candidats qu’aligne le PS, on trouve Sandra Le Nouvel, 38 ans, conseillère municipale de Saint-Gilles-Pligeaux, qui a occupé plusieurs postes d’assistante parlementaire, ce qui lui a permis d’apprendre la nécessité « d’être au milieu des gens » (sic).
Le benjamin, Hugo Gouysse, 25 ans, titulaire d’un master de sciences politiques, travaille au conseil général, où il écrit des discours pour les élus. Il n’est pas certain que les électeurs comprennent bien son sabir socialo-technocratique : « on est désinstitutionnalisé » dit-il en évoquant sa génération. « Il nous faut sentir les frémissements de la société. Et les gens qui font bouger les choses ne sont pas des politiques », ajoute-t-il (Le Monde, 22-23 février 2015).
Evidemment, à Sciences-Po, il n a pas l’occasion de creuser des questions «subalternes» comme le chômage, les petites entreprises, les transports, la fermeture des commerces, les maisons de retraite …Bref, tout ce qui fait le sel de la ruralité.
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