13/03/2015 – 09H00 Rennes (Breizh-info.com) – En pleine polémique à propos du site « Vengeance » mis en ligne par la mouvance « anti-flic » de Rennes et relayé par la gauche radicale – un site sur lequel outre les photos et coordonnées de policiers et de gardiens de prison, on trouve également des photos de leurs enfants – focus sur le bastion de la contestation rennaise d’extrême-gauche, principal suspect dans cette affaire, « La Maison de la Grève ».
A l’automne 2010, alors que les manifestations contre la réforme des retraites se multiplient, une poignée d’étudiants, de chômeurs et de militants d’extrême-gauche de Rennes envahissent l’ancien local de la CFDT situé rue de la Barbotière afin de « se doter d’un lieu pour s’organiser de manière déterminée par-delà les corporatismes et identités sociales (étudiants, travailleurs, chômeurs, travaillant dans le public ou le privé…) » . Ainsi naitra « La Maison de la grève », nouvelle plaque tournante «alternative» sur Rennes. « Une cour des miracles en plein coeur de Rennes » nous dira un voisin.
« Nous désirions un lieu pour nous entraider financièrement, coordonner nos actions, organiser des cantines de grévistes alimentées en partie par des paysans nous soutenant, nous retrouver dans des fêtes. Et imaginer comment faire durer la grève », indiquaient alors les organisateurs.
Mais ce foyer de toutes les agitations violentes à Rennes finira quand même par inquiéter la municipalité PS. Celle-ci ordonnera l’expulsion par les autorités (et le GIGN) quelques semaines seulement après cette réquisition.
Un fonctionnement administratif opaque.
La Maison de la Grève est désormais hébergée gratuitement au 37 rue Legraverend, à Rennes, dans les locaux de l’association APRIL – ASSOCIATION POUR LE REGROUPEMENT DES INITIATIVES LOCALES – enregistrée en 2011 à la préfecture de Rennes et dont l’objet est de « faciliter la coopération entres associations et collectifs. A ce titre l’association peut louer ou prêter à d’autres associations ou collectifs des espaces pour leurs activités.».
C’est cette dernière qui verse les 1 100€ par mois – charges comprises – du loyer. L’association, dont les statuts sont disponibles ici récolte les dons – via son compte bancaire au Crédit Coopératif – faits à « La Maison de la grève ».
April – qui reprend l’appellation d’une compagnie d’assurance dont la marque est pourtant déposée à l’INPI – ne s’occupe en réalité que de « La maison de la grève » . Toutes les données administratives trouvées font état d’un ancien siège social au 6 cours des Alliés, à Rennes, au sein de l’ancienne Maison des associations, jamais modifié depuis.
Impossible pour l’administration de localiser ou de contacter aujourd’hui l’association, le CRVA de Rennes nous ayant confirmé renvoyer désormais les courriers reçus par l’association à leur expéditeur, faute d’avoir des nouvelles des responsables.
Un local qui accueille du public (ERP) – Des appels à la violence contre la police.
Depuis sa création, « La Maison de la grève » organise des cantines solidaires, des ateliers artistiques ou culturels et des concerts ouvert au public. L’association qui l’héberge est donc – au niveau légal – un ERP, un établissement recevant du public, statut encadré par des dispositions légales précises. Pourtant, depuis l’ouverture, aucune commission de sécurité – mandaté par la mairie ou le préfet – ne s’est jamais penchée sur l’état et la capacité des locaux à accueillir de tels évènements publics – avec toutes les conséquences que cela peut avoir en cas d’accidents.
La Maison de la Grève est par ailleurs un collectif particulièrement surveillé par les services de police de Rennes : ses militants se sont faits une spécialité d’être en première ligne de toutes les manifestations « contre les violences policières ».
Ainsi, le 28 Octobre dernier, voici ce que l’on pouvait lire sur sa page facebook après les violentes manifestations en hommage à Remy Fraisse : « Hier soir à Rennes, nous étions 500 place de la Mairie. On a fait un tour dans la ville et tagués les murs « vengeance pour Rémi », « De la zad au testet désarmons la police » etc. La bac était dans le cortège au début mais s’est fait virer. Puis ils sont restés sur le côté gazeuse et matraque telescopique en main, mais ils se sont fait chargés par les manifestants. On a fini devant le comico à faire un gros feu.
Ce qui était notable dans cette manif c’est que tout le monde se tenait, fasait attention à ce qu’il n’y ait pas d’arrestation. Les 500 personnes s’arrétaient quand un tag était fait pour être sur les baceux ne puissent pas intervenir. Et ça c’est vraiment hyper important : faire bloc pour que des choses puissent se passer, virer la police de la manif, ne pas être gagner par la peur.
Et il y a un RDV ce soir à 18h dalle Kennedy pour discuter de comment ont continue le mouvement. Soyons nombreux.».
Le 28 octobre toujours était écrit : « La peur doit changer de camp ».
Le 31 octobre, après une manifestation particulièrement violente, on lisait ce compte-rendu : « Récit de la manif d’hier soir (…) Départ à quelques centaines de la dalle kennedy, tags et puis au moment d’arriver dans le centre les flics bloquent tous les ponts.Les flics gazent et tirs au flashball dès qu’on approche trop donc on est tout le temps refouler. Il y a bien eu quelques banques, pubs et une agence d’intérim qui ont eu leur vitrine cassée mais rien de bien méchant. Il faut que le mouvement s’organsise, que nous soyons toujours plus à descendre dans la rue, que nous soyons devant les fac, les lycées lundi matin, que l’on multiplie les actions sous toutes leurs formes et qu’on ne se laisse pas enfermer dans leur pièges. (…) »
Le 29 décembre dernier, le responsable du compte twitter diffusait un article du site Jura Libertaire mettant en cause la police dans l’affaire Bertrand / Bilal Nzohabonayo du nom de cet islamiste qui avait attaqué un commissariat à Joué les Tours.
l’#EI main dans la main avec le #MI pour maquiller une bavure policière, #Normal. http://t.co/rpaiIFgYxD
— Maison de la Grève (@MG_Rennes) 30 Décembre 2014
Le 28 janvier, le responsable du compte twitter invitait à lire un article intitulé « les flics sont-ils tous des bâtards ? ». Le 9 mars, après des affrontement sur la ZAD du Testet entre agriculteurs et zadistes, « la Maison de la grève » relayait le tweet suivant, menaces directes à l’encontre de syndicalistes agricoles.
[Rennes/Chasné-sur-Illet] Les miliciens de la FNSEA ont des noms et des adresses http://t.co/8y908plgzN via : @JuraLibertaire — Maison de la Grève (@MG_Rennes) 9 Mars 2015
La semaine du 16 au 20 mars sera particulièrement chargée pour « La Maison de la grève » puisqu’elle centralisera toute l’action et l’agitation menée autour du procès des deux policiers dans l’affaire Zyed et Bouna. Ateliers, cantines et bien entendu manifestation. La couleur est d’ailleurs clairement annoncée – sans que les pouvoirs publics n’aient jusqu’ici pris la mesure des risques : « Nous voulons saisir l’occasion du procès de mars, comme l’a fait la semaine de résistances à Nantes du 16 au 22 février ou comme bientôt les journées interfacs à Paris le 13 et 14 mars, pour discuter de nos rapports à la police : ce que les différents collectifs et luttes mettent en place pour ne pas subir la police, l’attaquer ou vivre sans.»
Comment un collectif qui ne condamne ni dégradations, ni attaques à l’encontre des policiers ou des biens publics, qui soutient par ailleurs les luttes les plus radicales actuelles (ZAD, défense de l’immigration clandestine…) et vers qui les regards se tournent concernant un site Internet de fichage des policiers rennais et des gardiens de prison (coordonnées et photos à l’appui) peut-il encore avoir pignon sur rue en plein centre-ville de Rennes ?
En réalité « La Maison de la grève » bénéficie d’un solide réseau de soutiens , y compris sur la scène politique locale.
Deux adjoints au maire de Rennes parmi les soutiens de La Maison de la Grève.
Dès 2010, l’union syndical Solidaires 35 – qui regroupe tous les syndicats SUD – apportait son soutien à leurs camarades d’extrême-gauche.
Mais la page facebook de la Maison de la grève – illustrée par un avatar sans équivoque sur lequel on peut lire « fuck the police » permet également de voir tous les «amis» actuels du collectif.
On y retrouve ainsi Jean-Marie Goater, adjoint au maire de Rennes dont Breizh-info avait déjà parlé précédemment, avec son collègue Benoit Careil, adjoint à la culture, mais aussi Jonathan Guillaume, porte-parole de l’association 44=BZH et de Breizhistance, la gauche indépendantiste bretonne. Gaël Briand, membre de l’UDB et rédacteur en chef du mensuel « Le Peuple Breton » fait aussi parti des 700 contacts amis de « La maison de la Grève ». Yannick Plantec, musicien engagé, figure également sur cette liste publique où l’on retrouve pèle-mêle artistes, bars alternatifs rennais acteurs culturels, syndicalistes et politique.
Les passerelles entre la gauche et l’extrême-gauche rennaise – comme nous l’avons déjà largement démontré – sont toujours ouvertes.
La municipalité socialiste de Rennes jongle difficilement avec son électorat, condamnant d’un côté les violences perpétrées à Rennes ces derniers mois, mais tolérant la multiplication des lieux alternatifs, foyers d’une contestation radicale qui a largement dépassé le spectre estudiantin.
Comment expliquer en effet que La Maison de la Grève qui se proclame elle-même maison ouverte recevant du public, une maison dont la devanture laisse d’ailleurs plus penser à un squat qu’à un lieu de vie – n’ait jamais subi le moindre contrôle administratif alors que les établissements recevant du public en ont régulièrement ?
Etonnant.
Photo : DR[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.
Une réponse à “Rennes. Enquête sur « La Maison de la Grève », foyer de gauche « anti-flic » [exclusif]”
La, je dis bravo,ça c’est du journalisme qui va voir les faits. De longue date, Rennes métropole est gangrenée par la pieuvre socialiste (réseaux, associations, propagande, manipulation des masses « tout Rennes court », « vivre en intelligence », utilisation des fichiers TNB sans scrupule pour porter la bonne parole, etc). Et en même temps, une bienveillance, disons, notable par rapport à l’extrême gauche dans ses débordements multiples. Là on aide les milices extrémistes, cela va encore plus loin.
En même temps, il se dit que le QG national des « zadistes » est situé à St Grégoire, juste à côté de Rennes, dans une villa. A vérifier, mais plus ça va plus on le sentiment d’une ville refuge pour la lie de la politique.
Ps: votre site: une respiration dans l’ « information » locale. Je contribuerai prochainement.