12/03/2015 – 09H00 Nantes (Breizh-info.com) – Samedi dernier, à l’invitation de la section locale ER ( Egalité et Réconciliation ), Michel Drac et Alain de Benoist ont exposé les enjeux de la négociation en cours entre l’Union Européenne et les USA d’un traité de libre échange transatlantique dit TAFTA ou TTIP.
Michel Drac est essayiste et diplômé d’école de commerce. Il a cofondé en 2007 la maison d’édition » Le Retour aux sources « . Il est l’auteur de nombreux essais. Il est également fondateur du site « Scriptoblog « .
Quant à Alain de Benoist, est-il encore besoin de le présenter alors que Manuel Vals vient de le mettre au cœur de l’actualité après avoir déclaré: » quand un philosophe connu, apprécié par beaucoup de Français, Michel Onfray, explique qu’Alain de Benoist, qui était le philosophe de la Nouvelle droite dans les années 70 et 80, qui d’une certaine manière a façonné la matrice idéologique du Front national, avec le Club de l’Horloge, le Grece, (…) au fond vaut mieux que Bernard-Henri Lévy, ça veut dire qu’on perd les repères.
Alain de Benoist replace cette négociation dans un mouvement historique dont le but est de créer la zone la plus étendue de libre-échange. Un an après la chute de l’Union Soviétique, une déclaration commune en avait lancé le projet. Cela met en œuvre le dogme que cette ouverture des marchés est profitable à toutes les parties et favorise la croissance économique pour tous. Le 14 juin 2013, les gouvernements des 27 pays membres de l’UE confient un mandat à la commission de Bruxelles pour ouvrir les discussions avec les USA.
Depuis, elles se font dans une grande discrétion et une parfaite opacité, ce qui en rend difficile le suivi. Cependant, l’objectif central est de supprimer les barrières tarifaires et d’harmoniser les règlements normatifs. On peut se demander pourquoi alors que les USA sont déjà le premier client de l’UE et celle-ci des USA.
L’alignement des normes des deux côtés de l’Atlantique cache une visée américaine de domination culturelle. En effet, les normes traduisent la conception philosophique de la vie sociale de chaque pays. De plus, cela permettra de faire tomber les dernières protections des pays européens en particulier dans le domaine de l’agriculture et des services publics.
D’autre part, encore plus grave, les USA voudraient imposer une clause qui favoriserait le recours à l’arbitrage lors de litiges entre les entreprises et les gouvernements. Cela représenterait un renoncement d’un élément essentiel de la souveraineté des Etats, puisque leur législation et leur système judiciaire ne s’imposeraient plus à tous les acteurs présents sur leur territoire.
Au delà des enjeux économiques et sociaux, Alain de Benoist pense qu’il s’agit d’abord d’une démarche américaine pour assurer sa domination mondiale. Il cite le Wall Street journal qui reconnaît : » que c’est une opportunité de réaffirmer le leadership de l’Ouest dans le monde multipolaire car l’OMC ( Organisation Mondiale du Commerce ) n’a pas suffi pour le faire « . Il s’agit de contenir la Chine qui a pris la première place dans le commerce mondial. Cette nouvelle zone de libre échange, ajoutée à celle de l’ ALENA ( Accord de Libre Echange Nord Américain ) en Amérique et à celle trans-pacifique en Asie, constituerait un grand bloc qui isolerait la Russie et la Chine. Michel Drac ajoute que Zbigniew Brezinski l’a décrit dans son livre » Stratégic vision : America and the crisis of global power » publié en 2012, pas encore traduit en français. Le but est de » créer un rapport de force favorable aux USA avant le futur Yalta avec la Chine « .
Les peuples européens sauront-ils s’y opposer et reprendre leur destin en main?
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