05/02/2015 – 08H00 Nantes (Breizh-info.com) – Pour Manuel Valls, aucun doute : les écologistes vont revenir au gouvernement. La question est de savoir quand. Analyse du Premier ministre : « autour de Duflot gravite une petite bande de gauchistes qui pensent obtenir une vague majorité dans le parti. Mais il y a aussi sept ou huit députés et les sénateurs qui sont en rupture totale avec elle. Le parti va donc être scindé en deux. » Et le Premier ministre de conclure : « Le débat est de savoir s’il y aura une crise après les cantonales ou après les régionales. Et si les Verts reviendront au gouvernement en avril ou en décembre ». (Le Canard enchaîné, 21 janvier 2015).
Jean-Vincent Placé a déjà répondu : « Il faudra trouver l’opportunité, dans l’année, pour trouver autour du président de la République un gouvernement plus compact de la gauche et des écologistes. Et quand je vois la situation du pays y compris si nous étions capables d’aller au-delà sur les centristes et les démocrates ce serait important. » (Ouest-France, 03/02/15). Le sénateur écolo ne s’en cache pas : il se voit très bien dans la peau d’un ministre.
Les divergences sont fortes au sein d’Europe Ecologie-Les Verts et les débats internes ne font que commencer. « Certains parlementaires, comme Jean-Vincent Placé ou François de Rugy, favorable à une alliance avec le PS, n’entendent pas désarmer » (Le Monde, 23 janvier). Ce sont les écologistes réalistes qui ne se sentent pas de points communs avec Syriza – seule leur réélection les intéresse, ce qui exige l’appui du PS.
La coupure est particulièrement nette en Loire-Atlantique – projet de Notre-Dame-des-Landes oblige – où les adhérents écologistes ont refusé l’alliance avec le PS pour les élections départementales. Tandis que François de Rugy, député de Nantes-Orvault, se verrait bien ministre. « La sortie du gouvernement reste un échec aux yeux de nos militants » assure-t-il (Le monde, 23 décembre 2014).
« François de Rugy, l’homme pressé » titrait Le Monde (11 septembre 2012). Adjoint au maire à 27 ans, député à 33, FDR se verait bien ministre avant 40 ans. Il l a fait savoir, mais a attendu en vain le fameux coup de fil. Il faut croire que Jean-Marc Ayrault, l’homme fort de Nantes, ne voulait pas de «l’homme pressé» dans son gouvernement. Pas de contre-pouvoir dans son fief ! Seuls les obligés et les employés sont autorisés.
Avec l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, François de Rugy a cru à une seconde chance. Laurence Rossignol, secrétaire d’Etat à la Famille, explique l’affaire à sa façon : « il s’est littéralement roulé par terre pour devenir ministre ! Il ne jurait que par Manuel et comme il n a pas eu son hochet, il vote contre le pacte de responsabilité d’un mec auquel il jurait fidélité hier ! Mais quel petit con, ce Rugy !» (Le Canard enchaîné, 6 mai 2014).
S’il devenait quelque chose au sein du gouvernement, M. de Rugy céderait son poste de député à son suppléant, Pascal Bolo (PS), premier adjoint au maire de Nantes. Ce qui renforcerait le groupe socialiste à l’Assemblée nationale et affaiblirait le groupe écologiste dans la même enceinte.
Est-ce un bon plan ? Pas si sûr, surtout s’il s’agit d’occuper un poste mineur. Il est préférable – médiatiquement et politiquement parlant – de rester président du groupe écologiste au Palais Bourbon que de devenir secrétaire d’Etat au Développement durable… ministère forcément sans budget.
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