Rennes. Une parodie de démocratie directe instaurée en 2016.

28/01/2015 – 08H00 Rennes (Breizh-info.com) – La ville de Rennes a présenté, samedi 24 janvier dernier, devant plusieurs centaines de personnes, le projet de « Charte rennaise de la démocratie locale ». Celle-ci est le résultat des 90 rendez-vous organisés durant quatre mois à l’occasion des « assises de la démocratie locale. 1 000 à 1 500 personnes – sur les 210 000 Rennais recensés  – ont assisté à ces rencontres, soit moins de 0,7 % de la population.

Ce projet – qui sera voté le 9 mars prochain en conseil municipal – instaurerait une dose de démocratie directe, locale et participative dès 2016 dans la capitale bretonne. Ainsi, tout groupe de 1000 résidents rennais pourrait saisir directement le conseil municipal sur une question de son choix, les pétitions locales devenant alors un outil important de démocratie. Ce droit d’interpellation existe déjà concernant le conseil général d’Ille et Vilaine où il est expérimenté depuis début 2012. En réalité ce droit est peu utilisé, de nombreuses restrictions ayant été mises en place par la majorité de gauche.

Démocratie directe, vraiment ?

Sur le site de la Fabrique Citoyenne, un laboratoire d’idée proche d’Europe-Ecologie Les Verts, les limites de cette démocratie directe sont directement fixées par ceux qui pourtant, disent l’appeler de leurs voeux : « Quant aux élus, ils sont élus sur un programme qui défend un certain nombre de valeurs, d’idées fortes qui sont par exemple la tolérance, l’équité, l’égalité, ou à l’inverse, pour l’exclusion et le renvoi aux frontières d’un certain nombres d’habitants. Ce programme politique est la limite que l’on fixe, on ne va pas faire un référendum sur la peine de mort. De toute façon, ce n’est pas une compétence municipale.» écrit Jean-Marie Goater, conseiller municipal.

Traduction : il sera impossible pour les Rennais – même en restant dans le cadre des compétences municipales – de faire des propositions portant sur autre chose que le programme politique des élus rennais. Une conception pour le moins restrictive de la démocratie directe.

Autre point fondamental de la charte : la modification du rôle et du fonctionnement des conseils de Quartier. «Ceux-ci seront désormais coprésidés par l’élu de quartier et un représentant des habitants élu. Formé pour moitié de volontaires, son collège habitants comptera aussi 50 % d’habitants tirés au sort à partir des adresses du quartier. L’objectif est d’assurer une représentativité plus fidèle des différentes catégories d’âge et d’activité de la population. ».
Certains voient en effet déjà dans les «volontaires» (comment seront-ils désignés ?) , les garants associatifs ou militants de la politique municipale actuelle, et un cadenassage en règle de la démocratie locale.

Dernière mesure mise en avant : le budget participatif. La Ville de Rennes s’est engagée à y consacrer 5 % de son budget d’investissement pour financer des projets proposés par des habitants, des associations ou des instances participatives sur des thématiques ciblées – l’aménagement des espaces publics, la mobilité, l’environnement, la citoyenneté et la solidarité.
Là encore, un soupçon de démocratie participative, noyé par la force d’une équipe municipale qui contrôle parfaitement bien associations et représentants de quartiers.

Une vision très réduite de la démocratie

A noter que la Fabrique Citoyenne, qui a en charge l’élaboration et la mise en place du projet sollicite les Rennais pour participer aux grands chantiers  définis par Nathalie Appéré qui sont la laïcité, l’éducation, la lutte contre le racisme et les discriminations, la culture, et l’emploi et l’insertion. Des chantiers qui n’ont aucune arrière pensée politique, bien entendu…

En faisant un tour sur le site Internet de « la Fabrique Citoyenne » on se rend rapidement compte que le site comporte – pour la majorité des propositions – moins de 10 avis à chaque fois, et des sondages qui ne réunissent pas plus de 50 votants (qui peuvent être des internautes du monde entier). Très loin d’un mouvement populaire de participation collective.

« C’est particulièrement bien joué de la part de l’équipe municipale majoritaire, qui en plus fera plaisir à son électorat écolo-bobo en faisant semblant de distiller de la démocratie directe » commente Yvon, qui « observe la vie politique locale depuis 27 ans ». «La Fabrique Citoyenne, vous vous renseignez sur Internet, vous vous apercevez que c’est monté par Europe Ecologie Les Verts, y compris dans plusieurs autres villes de France » nous explique-t-il avant de s’interroger : « il me semble que l’UMP et ses 30% des votants (NDLR : 44% au deuxième tour) au premier tour des élections municipales ne sont jamais suivis en conseil municipal ». « Et je ne parle même pas du FN, absent y compris du conseil, avec 8,37% des voix. Elle est belle leur démocratie participative et représentative …». Quand on lui rétorque que les Rennais opposés à la municipalité peuvent néanmoins s’exprimer et se servir des ces nouveaux outils , il nous répond fatalement : « il y aura toujours des tartuffes pour saisir le petit morceau de gras qu’on leur jette dans la main ».
Daniel Cohn-Bendit, député Européen Europe-Ecologie les Verts, le parti de Jean-Marie Goater et des alliés EELV de la majorité rennaise , avait d’ailleurs parfaitement résumé la vision très réduite qu’avait la gauche de la démocratie directe, quelques jours après une votation d’une majorité de suisses se prononcant pour l’interdiction des minarets musulmans dans le pays, en appelant à un nouveau vote (vidéo ci-dessous) :

Photo : DR
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3 réponses à “Rennes. Une parodie de démocratie directe instaurée en 2016.”

  1. Yoann dit :

    en somme, si je réécris le titre : à Rennes, on discute de tout… sauf du politiquement incorrect !

    ah ! le balisage de la pensée ! lorsque les Juifs se sont installés chez les Grecs il y a 21 siècles, après avoir réinterprété leur texte de manière suprémaciste, comment ont-ils trouvé le moyen de détourner les habitants des temples païens ? eh bien ils répandaient l’idée qu’il n’y a qu’un Dieu, qu’il se trouve à la Synagogue, et que tous les autres, sont des faux dieux… ils désacralisaient les édifices sacrés, en les appelant des « abominations », bdelygma, renvoyant au lexique scatologique.

    Après 60 ans de propagande où, de Anne Sinclair à Bernard Weber, on nous a inculqués que désirer le redressement de son pays avec autorité et logique, c’était justement de la crotte, on en est là.

    À cela s’ajoute d’autres facteurs importants dans cette ville, comme la haine féminine pour le conflit, qui fait qu’on n’a plus le droit de discuter, mais seulement de discutailler et de chialer en restant soucieux de la mode et des convenances.

  2. Treu dit :

    Bon de toute façon la démocratie à la sauce socialiste on connaît, pour peu qu’on ne ne limite aux gros médias. Roucas interdit à Joué les Tours, Zemmour évincé, les sites non conformes à la doxa victime d’attaques informatiques massives, les innombrables procès faits pour de pseudos propos racistes, les manifestations interdites, la justice « mur des cons », les journalistes,nombreux, à la botte etc etc.
    Au plan régional: les habitants d’une commune à côté de Rennes se sont levés contre le plan d’urbanisme délirant du maire PS (rouge foncé, pas le bon vieux radsoc). Près de 3000 signatures ( pour 15000 habitants) contre l’ineptie urbanistique du seigneur local.
    Résultat: pétitions passées à la poubelle et le leader du mouvement (authentiquement citoyen pour une fois) convoqué pour être auditionné par la police à la suite de dépôts de plainte du potentat de l’époque.

    Alors la démocratie sauce socialiste il n’y a que des militants et les sots pour y croire (« si tu es honnête et intelligent tu n’es pas socialiste, si tu es socialiste et intelligent, tu n’es pas honnête, si tu es socialiste et honnête, tu n’es pas intelligent »).

  3. Asticot dit :

    d’accord la démocratie participative est à son début. Balbutiante, certe. Mais tout de même, ce dispositif à le mérite d’exister ! C’est une vrai alternative. Cela montre la volonté des politiques d’ouvrir un dialogue et de demander aux citoyens ce qu’ils veulent vraiment pour la ville. C’est pas une question d’écolo bobo. Cela donne l’occasion d’ouvrir un débat et change la position de l’électeur. Il n’est plus consommateur, il a la possibilité d’agir au lieu d’être prostré dans une position de pure observateur/ dénonciateur/ grogneur. C’est ça la démocratie! C’est à nous de nous bouger. Aujourd’hui on élit des bouc-émissaires sur qui on pourra déverser toute la haine accumulée et créée par nos vie de frustrés. Mais très chers, votre maris/femme n’est pas partit à cause des politiques ! C’est bien de votre faute. C’est un exemple, mais remettons les choses en place et arrêtons de voir le mal partout. Ce n’est pas parce qu’on vote FN ou écolo qu’on doit en faire sa religion. Dans vos discours on se demande où est le libre arbitre et le sens critique?! Vous avez enfin une possibilité d’agir au lieu de vous plaindre ! pourquoi n’agissez vous pas intelligemment pour le bien de TOUS ?

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