Nantes. Entretien exclusif avec M. Guerroumi, responsable de la mosquée Assalam.

16/01/2015 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – A plusieurs reprises depuis sa création Breizh-info avait évoqué la mosquée Assalam de Nantes, la 4ème plus grande mosquée française, affiliée à la controversée UOIF (Union des organisations islamiques de France) . Il nous a paru opportun d’interroger un de ses responsables – Mohammed Guerroumi – sur toutes les questions que nos lecteurs pourraient se poser à propos de l’Islam en Bretagne, et particulièrement à Nantes.
Ainsi, que ce soit sur la question du halal, du terrorisme islamiste, de la violence de certains versets du Coran, du financement de la mosquée, de l’affiliation à l’UOIF, de l’expansion de l’Islam ou bien des persécutions des minorités dans les pays appliquant la loi coranique, le chargé de communication de la mosquée Assalam nous a répondu de façon précise.
Breizh-info.com : Pouvez-vous nous présenter votre parcours, et rappeler l’historique de la mosquée Assalam de Nantes ?
M. Guerroumi : Mohammed GUERROUMI, 63 ans, français né à Alger et résident à Nantes, marié, cinq enfants tous majeurs, de confession musulmane, profession libérale : Expert en bâtiment, auteur de deux ouvrages publiés aux éditions Opéra à Nantes en 2002 et 2004, qui traitent des attentats du 11 septembre 2001; ex-président d’une association algérienne de protection de l’enfance abandonnée et des mères en détresse, actuellement membre du Conseil d’Administration de l’Association Islamique de l’Ouest de la France, chargé de la communication et des actions citoyennes.La mosquée Assalam, conçue par le cabinet d’architectes nantais Laïdi & Chateigner, fut construite d’avril 2009 à novembre 2012.
Elle fut inaugurée par Mr. Auxiette, président du Conseil Général des Pays de la Loire, le 17 novembre 2012 en présence de Mr. Patrick Rimbert maire de Nantes et du préfet de région.Répartie sur une surface de plancher de 2900 m2, bâtie sur un terrain appartenant en toute propriété à l’AIOF d’une superficie de 3100 m2, la mosquée Assalam peut contenir 1200 fidèles.
Composée en deux blocs, la partie cultuelle disposée en deux salles de prières et la partie culturelle contenant cinq salles de cours, une salle de conférence, un restaurant, une médiathèque, une librairie et une agence de voyages.
La mosquée Assalam a été construite à 95 % par des entreprises ligériennes et rennaises. Le marbre de parement extérieur provient d’Espagne et posé par une société nantaise.

Breizh-info.com :La mosquée Assalam est la 4ème plus grande mosquée de France et la plus grande dans l’Ouest. De quand date l’expansion de la religion musulmane dans l’Ouest de la France – une terre traditionnellement plutôt catholique ?

M. Guerroumi : La mosquée Assalam est donc la plus grande mosquée de l’Ouest de la France par sa capacité et la 4ème de France.

L’Association Islamique de l’Ouest de la France, qui en est propriétaire et gestionnaire, possède également la petite mosquée située au quartier Pin Sec à Nantes d’une capacité de 300 fidèles.Il serait hasardeux de définir à quand remonte l’expansion de l’islam dans l’Ouest de la France.
Il faut néanmoins se souvenir que de très nombreux musulmans furent accueillis et intégrés en Bretagne, tout autant sur les côtes vendéennes, depuis la Reconquista espagnole au 15ème siècle. Des réminiscences de ces musulmans, de cette époque là, se retrouvent encore de nos jours, surtout aux Sables d’Olonne et sa région. Il s’agit des descendants de réfugiés musulmans de l’époque de la Renaissance.
Plus près de nous, il faut comprendre que l’islam a été importé à travers les vagues d’immigration appelées par la France lors de la reconstruction nationale post seconde guerre mondiale.

Breizh-info.com : A combien estimez-vous aujourd’hui le nombre de musulmans et de pratiquants, dans les 5 départements Bretons ?

M. Guerroumi :  Allez, juste pour vous, je ne vous démentirais pas en approuvant que, pour moi aussi, la Bretagne compte 5 départements.

Les recensements de la population française n’indiquent pas le critère de confession. Je ne puis me prononcer sur l’importance de la population musulmane en Bretagne. A Nantes, on estime la présence de 25 000 musulmans dans l’agglomération, dont environ 5 000 pratiquants.Le tout premier lieu de culte islamique à Nantes fut ouvert dans une vieille chapelle mise à la disposition des musulmans, dans les années 70, par le… Diocèse de Nantes.
Puis, dans les années 80, la Mairie a confié une petite église inoccupée aux musulmans qu’ils ont transformé en mosquée, la mosquée Al Forqane, près du quartier de Malakoff.Dans le cadre du GPV (Grand Projet de Ville), la municipalité de Nantes souhaitait récupérer cette petite mosquée et octroya, moyennant la somme de 200 000 €, le terrain actuel de la mosquée Assalam à l’AIOF.
Il faut retenir tout de même que ce terrain n’attirait aucun investissement intéressé, car sa configuration nécessitait des travaux d’infrastructure très onéreux, étant constitué de limons par son utilisation antérieure comme décharge publique.
M. Guerroumi (droite) M. Chadli (gauche)

M. Guerroumi (à droite)

Breizh-info.com : Certains médias parlent d’argent en provenance notamment du Qatar, un pays à la politique ambigûe vis à vis de l’islamisme . Qu’en est-il ?

M. Guerroumi :  Il est indispensable de préciser ceci : aucun centime des pouvoirs publics n’a été versé pour la construction, ni pour la gestion actuelle, de la mosquée Assalam et son centre culturel Abdullah Al Darwish.

La construction de l’ensemble de l’édifice a nécessité un budget de 6 millions d’euros. L’AIOF, à travers ses collectes depuis la fin des années 80, à Nantes, en France et même en Europe, a réussi à financer la moitié de l’enveloppe du projet, soit 3 millions d’euros. Même de très nombreux nantais non-musulmans ont participé à ces collectes et ont contribué par leurs oboles à aider au financement pour la réalisation de la mosquée Assalam.

Puis, par un inattendu concours de circonstances, dû à une interview du président de l’AIOF dans le journal Presse Océan en 2010 et l’intercession de la représentation qatarie de l’Unicef à Paris, un généreux donateur et industriel du Qatar, héritier d’une riche famille de Doha, a souhaité de son propre chef et à titre strictement personnel, à apporter sa contribution en réglant directement les factures des entreprises liées à la construction de la mosquée Assalam. Là aussi, aucun centime n’a été versé par ce donateur dans la caisse de l’AIOF. La seule condition posée par ce donateur, fut l’inscription du nom de Feu son père, Abdullah Al Darwish, sur le pignon du centre culturel attenant à la mosquée. Ceci en mémoire des innombrables actions humanitaires internationales réalisées par le père du donateur. Les activités de ce centre culturel sont ouvertes à tous publics, musulmans et non-musulmans.

Breizh-info.com : Quels sont vos financements ?

M. Guerroumi : En l’absence de toute subvention des pouvoirs publics et de l’État, l’unique source de revenus de l’AIOF demeure la contribution généreuse des fidèles. Nous sommes loin des clichés médiatiques et tout ce qui est dit ici est parfaitement vérifiable !

Breizh-info.com : De quel Islam vous revendiquez vous ?

M. Guerroumi : C’est une question, pardonnez-moi, récurente. Nous nous revendiquons de l’islam, celui qui consiste à adorer Dieu Tout Puissant et qui se nomme en langue arabe Allah. Islam signifie principalement et étymologiquement deux choses, la soumission et la paix. C’est à dire la paix de l’âme par la soumission au Créateur de l’Univers. Et par conséquent, agir pour la répartition de la paix dans le monde et au sein de l’humanité. Toute déviance ou contrainte à ce principe ne relève pas de l’islam et doit donc être considéré comme une doctrine étrangère au fondement de l’islam.

Breizh-info.com : Vous êtes rattachés à l’UOIF, organisation controversée, qu’on dit proche des frères musulmans – et notamment classée comme «organisation terroriste» par les Émirats Arabes Unis. Qu’en est-il réellement ?

M. Guerroumi : L’AIOF est effectivement adhérente à la fédération française, loi 1901, de l’Union des Organisations Islamiques de France. Celle ci compte environ 120 associations cultuelles affiliées. Elle n’est en rien liée au mouvement dit des frères musulmans. En revanche, elle soutient l’Organisation Internationale des Savants Musulmans, présidée par le cheikh Youssef Al Qaradawi. L’UOIF est également fondatrice du Conseil Européen de la Jurisprudence islamique et de la Recherche dont le siège se situe à Dublin en Irlande.

Quant à la diffamation portée par les Émirats Arabes Unis, l’UOIF a officiellement déposé plainte. Voir le site web de l’UOIF : http://www.uoif-online.com/

Breizh-info.com : Après les attentats contre Charlie Hebdo notamment – qui avait été poursuivi en justice par l’UOIF – quelle a été votre réaction ? N’y a t-il pas une différence entre un discours officiel des responsables de votre culte et ce que pense une partie des fidèles religieux ?

M. Guerroumi : Vous savez très bien que notre réaction fut immédiate après l’horrible attentat contre Charlie Hebdo. Voici des liens qui vous confirmeront cela :

https://www.facebook.com/CentreIslamiqueAssalamNantes

http://www.20minutes.fr/nantes/1515611-20150112-nantes-apres-attentats-responsables-religieux-nantais-engagent-rester-unis

Breizh-info.com : Est-ce possible d’allier selon vous, la pratique d’un islam rigoriste, avec la liberté d’expression, fondement des sociétés européennes ? Pourquoi – selon vous – une partie croissante des musulmans n’acceptent pas les caricatures ou les critiques qui touchent leur religion, chose qu’ont pourtant admis, par exemple, les catholiques ?

M. Guerroumi : Il n’y a pas d’islam rigoriste. Ceux qui le pratiquent de cette façon n’ont qu’à s’en prendre à eux même. Par l’entremise de notre Prophète Mohammed, Allah nous a allégé et facilité la pratique religieuse. Il y a lieu de préciser ceci : Ce n’est pas le Prophète Mohammed qui a instauré l’islam, il l’a restauré en apportant le dernier message à l’humanité, le Coran. L’islam découle de la doctrine monothéiste du Patriarche Abraham. C’est lui le tout premier musulman, celui qui s’est le premier soumis à Dieu Tout Puissant.Dans le Coran, Allah insiste pour déclarer que l’homme est libre de croire ou de ne pas croire. C’est une liberté fondamentale ! Le Créateur de l’Univers, en qui nous devons tout, notre existence, notre subsistance et le cadre dans lequel nous vivons, nous accorde et nous offre cette liberté de croire en Lui ou de ne pas croire en Lui. Alors, comment admettre que l’homme s’autoriserait à enfreindre la liberté de l’autre, quel qu’il soit. Cette liberté fondamentale est à l’origine de toutes les libertés humaines. La liberté de pensée, la liberté d’expression font parties de cette liberté fondamentale.Mais, il est évident que l’homme s’est toujours montré transgresseur, et même despote. Est ce par ignorance ou par orgueil ? Les deux sans doute. Rendez-vous compte. Le Dr. Mohamed Talbi, un historien et théologien musulman tunisien avait relevé qu’il n’existe dans le Coran aucune sanction pour punir un homme ou une femme qui se promènerait nu(e) dans la rue. Il est vrai cependant que le Coran prescrit la pudeur, mais tout autant il n’y a aucune loi qui sanctionnerait un tel cas de figure. Vous voyez bien là la teneur de la liberté qu’Allah apporte à travers Sa Parole à l’humanité toute entière.

Donc ceux qui s’ingèrent dans la liberté individuelle ou collective des gens sont en parfaite transgression des prescriptions divines. En tant que musulmans, nous n’avons donc pas à interdire la liberté d’expression. A ceux qui jouissent de cette liberté de ne pas se laisser entraîner dans les méandres de la provocation ou du blasphème.

Maintenant, et c’est mon opinion strictement personnelle, je considère qu’en diffusant des prétendues caricatures du Prophète, cela relève de l’entière liberté de Charlie Hebdo. Cela aurait été réellement blasphématoire si les dessinateurs de Charlie Hebdo étaient musulmans ou si du moins ils connaissaient la physionomie du Prophète. Or nul être humain sur cette planète ne connait le visage du Prophète ! Prenons un exemple : Si Charlie dessinait la caricature de Chirac en la désignant comme celle de Sarkozy, tout le monde dirait qu’il s’agir d’une erreur évidente, parce que tout le monde connait Chirac et Sarkozy. Mais qu’en est il du Prophète dont personne au monde ne connait le visage ? De plus, Charlie désigne le nom de Mahomet. N’importe quel musulman sur terre ne reconnait pas du tout ce nom. Notre prophète se nomme Mohammed et non pas Mahomet qui ne veut absolument rien dire. Le nom Mohammed n’existait pas avant sa naissance. Il fut inventé et donné ainsi par le grand-père paternel du Prophète à sa naissance à la Mecque en 570 après JC.

Maintenant, sachez que le Prophète Mohammed est intouchable. Ce que les caricatures en revanche touchent, c’est simplement l’égo des gens et rien d’autre. Le message divin que Mohammed a transmis à l’humanité toute entière est tellement beau, sublime, majestueux et si rempli de miséricorde, que même le plus athée des athées en serait séduit au point de refuser de s’en moquer. Aussi, pour ma part, je considère que Charlie Hebdo a tourné en dérision la crétinerie et l’ignorance des hommes, mais dans le fond, il n’a jamais discrédité les religions. Il y a là une sacrée divergence de vues.

Breizh-info.com : Le Coran ne doit-il pas, selon vous, être expurgé – comme l’a été la Bible – de textes qui pourraient être interprétés comme appelant à la violence , et cela afin d’apaiser les tensions communautaires existantes en France ou en Europe ?

M. Guerroumi : Le Coran est la Parole incréée de Dieu Exalté soit-Il. Qui s’autoriserait à en modifier ne serait-ce qu’une infime ponctuation ? Personne bien entendu.

Je vais vous révéler un petit secret : Dieu Tout Puissant a apposé sa garantie que le Coran ne serait jamais altéré. Saviez-vous qu’en 1974, un jeune physicien égyptien avait découvert, grâce à l’informatique, que le Coran est conçu selon un encodage mathématique très complexe basé sur le nombre entier 19 ? Ce qui le rend pratiquement infalsifiable ! Il s’agit là d’un des miracles du Coran et nous sommes encore loin d’éventer tous les secrets que renferme Le Livre d’Allah.

Il est vrai néanmoins qu’un lecteur lambda pourrait être surpris par des versets qui susciteraient la brutalité, telle que nous la réprouvons de nos jours. Cependant, ce serait là une erreur de les interpréter de la sorte si nous les décontextualisons. Il n’y a rien dans le Livre de Dieu qui puisse inciter à l’agression ou à l’injustice. Par contre, Dieu n’interdisant pas la légitime défense, celle ci est tout de même si conditionnée que tout recours aux armes en est de fait dissuadé.

Il ne faut aussi jamais perdre de vue que le Coran fut révélé au cœur d’une société arabe tribale, où les conflits étaient fréquents et au sein de laquelle la spiritualité était essentiellement païenne, idolâtre et polythéiste.

Breizh-info.com : Les prêches doivent-ils être faits en Français, comme certains le réclament au niveau des autorités, afin de mieux contrôler ce qui est dit dans les mosquées ?

M. Guerroumi : Nous sommes en France, la langue nationale est le français. De ce fait, les prêches dans les mosquées se prononcent en langue française et c’est l’UOIF qui se trouve à l’origine de cette disposition. Seules les prières se font en arabe. Les croyants récitent les versets du Coran en arabe principalement lors des prières, car justement le Coran fut révélé en langue arabe.

Breizh-info.com : Dans le monde entier, les religions – et notamment la religion musulmane – sont au centre de guerres particulièrement féroces. Quand on voit le sort réservés aux Chrétiens d’Orient, ou même en Europe, aux serbes du Kosovo, ou encore aux Kurdes de Turquie, pensez-vous que la cohabitation de cultures et de religions différentes soit réellement possible – et notamment en Europe ? Et à quel prix ?

M. Guerroumi : Alors, pour répondre à cette question, il s’agit de relever tout d’abord deux constats : Les plus grandes réserves énergétiques, dont a besoin cruellement l’occident, se trouvent dans les pays de confession à forte majorité islamique. La seconde, il faut tout de même reconnaître que ce sont en premier lieu les puissances occidentales qui ont délibérément agressé ces pays, créant des foyers insurrectionnels, tout en manipulant en parallèle l’opinion publique mondiale.

Il ne faut surtout pas prétendre comprendre ou analyser la situation actuelle des pays tels que l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie ou même certains pays d’Afrique, sans recourir à l’histoire d’une façon objective.

La géostratégie de ce nouvel ordre mondial géopolitique nous entraine dans des aventures trop lourdes de conséquences. Rien n’a été épargné, encore moins l’instrumentalisation  politico-religieuse.

Tout le monde sait à présent que l’émergence du jihad islamiste en Afghanistan porte la marque de fabrique des USA, lorsque ceux-ci ont piégé l’ex-URSS dans ce bourbier en 1979.

Avec l’aide des régimes de certains pays du Golfe persique, les États Unis ont équipé et encouragé la constitution de légions du jihad islamiste, tout d’abord en Afghanistan, puis en Irak et en Syrie. Tout le monde imagine que la guerre froide est terminée depuis l’effondrement de l’ex-URSS. Or, c’est totalement faux ! La confrontation entre les États-Unis et la Russie perdure encore, avec une nouvelle donne, l’expansion économique et militaire de la Chine.

Les musulmans ne sont pas dupes. Ils savent, par exemple, que ce Daech dont on parle beaucoup ne représente en rien leur religion, tout comme ces barbares de la secte Boko Haram du Nigeria. Mais en espérant motiver les prétendants au jihad islamiste, comme naguère en Afghanistan, les officines occidentales ont tout simplement réactivé la même méthode de manipulation politico-religieuse.

Pourquoi et comment sont-ils parvenus alors à transformer une religion en une doctrine guerrière ? Me direz-vous. En islam, le monachisme n’existe pas. Il n’y a pas une structure reconnue et représentative du culte musulman, comparable au Vatican.

Cependant, de trop nombreux musulmans prennent en considération, sans y être pourtant obligés, les avis jurisprudentiels de certains « savants » très charismatiques, ceux-ci étant considérés comme les détenteurs d’un savoir islamique irréfutable. Or, il est parfaitement connu que de plusieurs de ses savants ont des liens étroits avec les régimes politiques dont ils dépendent. Ce qui génère d’autant plus de fréquentes confusions en matière d’interprétation des textes scripturaires.

D’où la nécessité de veiller à engager, en France et en Europe, une réelle politique d’enseignement des sciences islamiques, du primaire jusqu’au niveau universitaire, sans pour autant empiéter sur le principe institutionnel de la laïcité.

Breizh-info.com : Certains auteurs laissent entendre que d’ici quelques décennies, la religion musulmane pourrait devenir la première religion en Europe. Comprenez -vous dès lors les inquiétudes des populations historiquement implantées ? Le multiculturalisme est-il vraiment un modèle de société et avez vous des exemples concrets de réussite ?

M. Guerroumi : L’islam est et demeurera une religion, le processus qui permet de relier l’humain à Dieu. Néanmoins, par les vagues successives de l’immigration, cet islam est devenu visible, apparent dans tous les espaces de la République. Nos compatriotes ont vécu cela comme une agression, comme une invasion sur leur propre mode de vie et sur leur culture.

Ce n’est pas l’islam en lui même qui en est la cause. Ce qu’il faut admettre, c’est que la culture et les traditions de chaque pays musulman, d’où provient une bonne partie de l’immigration, a imprégné l’islam. De fait, il n’est plus étonnant d’observer qu’ici où là, en France, vous trouverez des mosquées dites algériennes, marocaines, turques, etc… En plus de cela, nous pouvons relever autant de coutumes, également intégrées à l’islam selon qu’elles s’appliquent dans telle ou telle catégorie de populations issues de l’immigration.

Ignorant le formidable pouvoir attractif de l’islam, les français et européens non-musulmans ne voient que le côté multiculturel de la communauté musulmane dans son ensemble. Ainsi, on oublie aisément que l’islam s’adapte à tout type de culture, de traditions ou de coutumes. On peut vivre son islam tout en conservant ses propres règles de vie, pour peu que l’on observe scrupuleusement les lois du Coran, et elles sont très peu nombreuses d’ailleurs.

Les inquiétudes donc propres aux autochtones non-musulmans concernent bien plus cette visibilité multiculturelle que l’islam en lui même. Car au fond, historiquement chrétiens, nos compatriotes non musulmans s’ouvrent aux religions monothéistes, même si elles diffèrent sur certains points dogmatiques. Les trois religions monothéistes découlent de la même doctrine, celle du Patriarche et « Ami » de Dieu, Abraham.

Observez ceci, il s’agit d’un verset coranique. Méditez le :
« Et tu trouveras certes que les plus disposés à aimer les croyants (les musulmans) sont ceux qui disent : « Nous sommes chrétiens. » C’est qu’il y a parmi eux des prêtres et des moines, et qu’ils ne s’enflent pas d’orgueil. » Sourate 5 – Al Ma’idah – La Table Servie. Verset : 82.

La mosquée Assalam

La mosquée Assalam

Breizh-info.com : Le « vivre ensemble » et « l’unité nationale » sont deux concepts étayés à l’extrême ces derniers jours, depuis les attentats. Pourtant, on a l’impression que la France se divise entre des communautés, des ethnies qui ne veulent pas se mélanger (la séparation s’établit notamment géographiquement entre les villes et les campagnes comme le souligne Christophe Guilluy).
Partagez vous les propos de Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, qui souhaite mettre fin à l’immigration pour mieux intégrer les populations fraichement arrivées ?

M. Guerroumi : Non, c’est complètement utopique et le discours de Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, fut prononcé dans le seul but de racoler les voix du FN. Tout le monde sait qu’à travers les accords de Schengen, il serait illusoire de mettre fin à l’immigration. Les frontières actuelles sont complètement ouverte et forment un si grand appel d’air que l’immigration, surtout clandestine, s’y est considérablement engouffrée.

D’autant, et il faut le dire tout haut, l’ingérence militaire de la France et d’autres partenaires européens sur des théâtres d’opérations qui ne nous concernent pas, ont aussitôt désagrégé les sociétés touchées par les conflits auxquels la France est mêlée. Le flux migratoire s’est vu bouleversé et a fortement augmenté, mettant en danger les clandestins eux-mêmes.

Ce qu’il convient de faire, en revanche, c’est mettre en place une réelle mesure d’intégration tout en développant la compréhension mutuelle par une plus grande pédagogie.

Breizh-info.com : Quelle est votre position concernant l’abattage rituel ? Comprenez-vous que certains réclament son interdiction au nom de la souffrance animale, mais aussi de l’aspect sanitaire, ou encore de l’atteinte à la laïcité ? Seriez-vous favorable à un étiquetage généralisé, pour que le consommateur sache ce qu’il consomme ?

M. Guerroumi : Le Coran dit : « Mangez donc de ce sur quoi on a prononcé le Nom d’Allah si vous croyez en Ses versets » et aussi : « Et ne mangez pas de ce sur quoi le Nom d’Allah n’a pas été prononcé, car ce serait assurément une perversité. » Sourate 6 -Al An`âm – Les Bestiaux. versets 118 et 121.
Scientifiquement, il a été prouvé que le fait d’égorger un animal assurait le rejet instantané des bactéries contenues dans le corps de l’animal. Une autre méthode pourrait au contraire provoquer l’éparpillement de ces mêmes bactéries, dans le corps de l’animal, qui pourraient  se transmettre à l’homme lors de la consommation. C’est donc aussi une mesure parfaitement hygiénique pour les consommateurs.
L’abattage par égorgement ne fait pas souffrir l’animal et c’était déjà une pratique courante dans les abattoirs français jusque dans les années 80. Par ironie, je dirais que les français mangeaient halal jusqu’à ces années là… Sans le savoir ?!
Maintenant, si l’étiquetage généralisé permet de distinguer la viande halal d’une autre non-halal, pourquoi pas. Sachant toutefois que le mot halal signifie tout simplement : licite.

Breizh-info.com : Le culte musulman perçoit-il une taxe sur le halal , et si oui, n’estimez-vous pas qu’il s’agit d’une atteinte à la laïcité ?

M. Guerroumi : A la réponse de la question précédente, vous comprendrez que les organisations représentatives du culte musulman ne perçoivent aucune taxe. Le cas contraire serait non seulement une atteinte à la laïcité, mais en plus une ignoble arnaque. En revanche, il se peut que des frais supplémentaires soient engagés par le producteur pour appliquer la licéité de son abattage.

Breizh-info.com : En Bretagne, certaines mosquées ou certains quartiers, à Rennes, Nantes, Vannes, Brest, Quimper, notamment, sont surveillés par les services de renseignement de l’Etat parce que des islamistes ou des salafistes – ne prônant pas forcément la violence mais au moins la soumission – y recruteraient largement. On se souvient du groupe Forsane Allizza dont le leader vivait à côté de Nantes, ou encore de l’affaire Lies Hebbaj. Ou enfin de ce jeune Vannetais devenu combattant chevroné d’Al Quaida.  Quel est votre opinion là dessus ?

M. Guerroumi : Personnellement, je ne connais pas les individus que vous nommez dans votre question. S’ils sont en procès, la justice de la République se prononcera souverainement.

Vous attribuez un rôle bien subversif aux services de renseignement de l’État. Or, je suis persuadé du contraire. Je dirais plutôt que ces services sont bien plus préoccupés par la sécurité des lieux de culte et, par conséquent, des musulmans et pour la paix civile.

Breizh-info.com : On parle beaucoup de la mosquée Sunna de Brest (celle dirigée par l’Imam Rachid Houdeyfa, très influent sur Internet notamment et ans la périphérie brestoise) comme d’un sanctuaire breton pour le salafisme ?

M. Guerroumi : Désolé de ne pouvoir répondre à cette question, je ne connais ni cette mosquée, ni cet imam.

Breizh-info.com : Il se murmure que des sympathisants et adhérents du Front National notamment fréquentent votre mosquée : qu’en est-il réellement ? Y a t-il une surreprésentation ou pas plus qu’une autre obédience politique ?

M. Guerroumi : Veuillez me pardonner un petit sourire. Les fidèles qui fréquentent notre mosquée Assalam sont à l’image de la société française en général et nantaise en particulier. Je sais effectivement qu’il y a des militants et sympathisants du Front National. J’en ai rencontré quelques uns et d’autres qui soutiennent différents partis politiques. Cependant, je puis affirmer qu’il n’y a aucune surreprésentation d’une tendance par rapport à une autre.

La quasi majorité des musulmans qui fréquentent notre mosquée sont français, se revendiquent français et aspirent à ce qu’on les identifie comme français. Ils l’ont démontré samedi 10 janvier, lors de la marche blanche, au cœur de Nantes. Ils expriment donc la même mosaïque d’opinions que tous les citoyens français.

Sachez simplement pour finir, que mon grand père fut un héros de la seconde guerre mondiale, que mon père à réalisé seul la conception d’un grand contournement autoroutier à Toulouse et qui a permis de sauvegarder un immense patrimoine historique d’une valeur inestimable. Tous deux étaient musulmans et français.

Vous comprendrez donc que je ne souhaite pas que l’on qualifie notre grande et belle mosquée Assalam de « très intégriste » ; c’est comme une insulte faite aux enfants de notre France.

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine. 
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11 réponses à “Nantes. Entretien exclusif avec M. Guerroumi, responsable de la mosquée Assalam.”

  1. Pschitt dit :

    Il y a pas mal d’affirmations étranges dans cet entretien ! Ainsi, les « descendants de réfugiés musulmans de l’époque de la Renaissance » installés en Vendée sont un vieux hoax. Les morisques expulsés d’Espagne en 1609 ont embarqué dans des ports de la côte méditerranéenne à destination du Maghreb ; ils n’allaient pas faire le tour de la péninsule ibérique puis traverser tout le golfe de Gascogne ! Certains ont accosté en France, mais sur la côte méditerranéenne et non dans le Bas-Poitou. Quelques dizaines de milliers d’entre eux tout au plus ont franchi les Pyrénées à pied, mais de là à rejoindre la Bretagne, il y a de la distance ! D’autant plus que le décret d’accueil pris par Henri IV ne leur permettait pas d’aller plus loin que la Dordogne. Enfin, il ne pouvait s’agir de « musulmans » puisque ce même décret n’autorisait à s’installer en France que les convertis au catholicisme.
    Quant au rejet instantané des bactéries lors de l’égorgement, « scientifiquement prouvé », il est un peu inquiétant de lire ce genre d’aberration. Cela incite à la méfiance envers l’ensemble de ce que dit M. Guerroumi.

    • oeildetigre dit :

      Propagande en modifiant l’histoire..ils sont coutumiers du fait…

    • passparla dit :

      Hallal =20 mns d’agonie pour une vache par exemple: »scientifiquement » prouvé.
      « Ignorant le formidable pouvoir attractif de l’islam, les français et européens non-musulmans ne voient que le côté multiculturel de la communauté musulmane dans son ensemble. Ainsi, on oublie aisément que l’islam s’adapte à tout type de culture, de traditions ou de coutumes…….le mot imposé est plus approprié qu’adaptaté.
      Mr Guerroumi se contredit aussi plusieurs fois,un peu trop angélique aussi…bref pas convainquant.

      • christian Verdes dit :

        J’aurais que le journaliste est une connaissance plus approndie du coran cela lui aurais permis de mettre en doute certaines affirmations de ce monsieur ,

  2. Ar Vran dit :

    Bravo pour ce type d’article. Il est effectivement rare et d’autant plus en ces circonstances dramatiques de parler de l’islam en Bretagne.
    Je ne juge pas les propos tenus par cet iman (j’ai ma propre opinion sur le sujet) mais je reconnais que ce dernier a eu le courage d’accorder un entretien.
    Il serait intéressant de poursuivre ce type d’entretien dans d’autres coins de Bretagne avec d’autres mosquées/imans pour pouvoir se faire un bilan de l’état de cette religion en Bretagne. Il ne faut pas compter là-dessus sur les média officiels.
    Ensuite et pourquoi pas ne pas hésiter à interroger ces personnes sur le sentiment « breton »…
    Ken tuch’

  3. iliou marc dit :

    « L’abattage par égorgement ne fait pas souffrir l’animal » il y a de quoi être révolté à entendre dire de telles conneries ! lorsqu’il sera sur le point d’y passer qu’on lui propose donc de se faire égorger pour voir s’il soutient encore cette même théorie ! j’ai travaillé six mois aux abattoirs à Angers ou mon patron m’a emmené une fois voir étourdir un bœuf avec un pistolet électrique de la taille d’une très grosse perceuse ce n’est déjà pas beau à voir mais l’animal souffre moins . Ces gens là ont un gros besoin d’évoluer au lieu de se retrancher sans arrêt sur le Coran vieux de 1450 ou 1500 ans .

  4. jpc dit :

    Il est écrit dans le coran que le mensonge est une arme pour combattre l’infidèle à partir de cela ils peuvent dire n’importe quelle fadaise .

    • lanceur dit :

      Vous avez totalement raison, cela se nomme la « Taggyia », l’art de la ruse, du mensonge.
      cordialement.

  5. danielb dit :

    tout est bien,tout est beau,amour est le maître mot de l’islam,et si de temps en temps il y a des accidents,c’est de la faute à d’autres.bon rien de nouveau,du vent du flan des mots,cela ne va pas changer,jusqu’a l’explosion de trop .

  6. ODIC dit :

    Donc, tout va bien dans le meilleur des mondes ………….. Hypocrisie naturelle… Allons réveille toi, « France » sans faire de mal mais par les armes de la raison ! Nous sommes des « fils de la lumière » et le « sel de la terre »

  7. Cadoudal dit :

    Magnifique enfumage de M Guerrouni, l’islam n’est pas une religion de paix. Et la preuve que c’est une fausse religion est facile à faire, le paradis qu’elle promet n’est qu’un paradis charnel et voluptueux qui pourrait être en commun avec les lapins et les porcs.
    Les dhimmis sont déjà soumis puisqu’ils financent.
    L’islam est le châtiment de la France apostate, c’est l’invasion silencieuse faite avec la bénédiction de la laïcité qui n’est que la religion de la franc-maçonnerie, les deux étant, bien sûr, antichrétiennes.

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