15/01/2015 – 08H30 Vitré (Breizh-info.com) – L’UMP va-t-elle s’appeler «Le Rassemblement» ? Il parait que Nicolas Sarkozy veut un intitulé court. Ce changement d’enseigne entre dans sa volonté de tout rénover «du sol au plafond» dans le parti installé rue de Vaugirard, à Paris ?
«Le nouveau président n’aime pas les acronymes. Ce nom devra être un symbole du message que nous voulons faire passer aux Français et la preuve que le parti a évolué » résume Isabelle Le Calennec, porte-parole du parti. (Le monde, 30 décembre 2014). Rappelons que Mme Le Callennec est député et conseiller général de Vitré et qu’elle soutient (ou soutenait) François Fillon.
On peut s’interroger sur la pertinence d’un changement de marque. En 2002, lorsqu’Alain Juppé créa l’UMP, après l’élection présidentielle qui vit Jean-Marie Le Pen accéder au second tour de l’élection présidentielle, il s’agissait de rassembler dans la même structure RPR et UDF. Opération à demi réussie puisqu’une fraction de la famille UDF refusa de participer à l’opération ; ce fût « l’UDF maintenue» avec François Bayrou comme président, qui donna naissance, plus tard, au Modem et à l’UDI.
Si aujourd’hui, le but est de placer sous le même toit élus et électeurs de l’UMP et de l’UDI – Modem, l’affaire présente effectivement un grand intérêt – on se dirigerait alors vers une candidature unique de la droite à l’élection présidentielle de 2017, manoeuvre à laquelle Nicolas Sarkozy s’emploie activement. Mais s’il n y a pas modification du périmètre – l’UDI Modem conservant son indépendance – le changement d’enseigne apparait inutile. Car imposer une marque exige un investissement humain, financier et publicitaire important.
Et surtout du temps car il faut faire rentrer la nouvelle dénomination dans la tête des gens.
Les patrons des entreprises d’importance nationale ou internationale le savent. Que répondrait Georges Plassat, PDG de Carrefour, à un huluberlu qui lui proposerait de débaptiser son groupe au profit du terme «croisements» ? Ou bien il éclate de rire ou bien il le fiche à la porte de son bureau.
Bien sûr, il y a le problème de l’image. Désastreuse pour l’UMP, tant elle traîne de casseroles (Bygmalion et le financement de la campagne présidentielle de 2012) sans oublier les luttes fratricides, les dettes (80 millions d’euros), la montée en puissance du grand affrontement Juppé – Sarkozy…tout cela suscitant chez les adhérents peu d’enthousiasme. Il faut donc leur vendre du «neuf» susceptible de les remobiliser.
D’où la volonté de tout changer et d’essayer de rompre avec un passé dont on ne veut plus entendre parler. Mais les juges d’instruction se tiennent en embuscade …lorsque l’UMP ne sera plus qu’une coquille vide, on leur répondra : l’UMP, connais pas! Pour que la justice passe, on sacrifiera alors quelques seconds couteaux.
Malgré les tempêtes, les affaires et les scandales, les dirigeants du PC et du PS n’ont jamais envisagé de modifier leur enseigne. Même si leur formation n’a plus rien , en 2015, de «communiste» ou de «socialiste» : ce ne sont que deux partis «de gauche» acquis à la doxa droits de l’hommiste, libre échangiste et mondialiste. Mais PC et PS sont deux marques fortes, possédant une valeur symbolique et historique. Alors on n’y touche pas.
Bernard Morvan
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