Charlie Hebdo. Unité Nationale ou le retour de la propagande d’Etat

Dans l’affaire de l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo ainsi que des policiers – dont un appartenant au service de protection des hautes personnalités (SPHP) – les déclarations et actes politiques d’importance se sont succédés depuis mercredi.

Et s’il est un acte qui fait l’unanimité au sommet de la classe médiatique et politique, c’est la fameuse notion d’unité nationale, décrétée et même imposée – via la minute de silence de jeudi dans les lieux publics et dans les écoles . Unité nationale prône Nicolas Sarkozy. Unité nationale demande François Hollande. Unité nationale souhaitée également par Marine Le Pen. Les 3 principales forces politiques du pays se retrouvent ainsi derrière un concept dont il est pourtant difficile de dresser les contours.

Car derrière ce concept semble se révéler – notamment pour le gouvernement et ses alliés – comme une barricade, la dernière, permettant de masquer l’incompétence du gouvernement et l’impuissance des services de renseignements intérieurs et extérieurs et désormais de l’élite de la police.

Alors qu’un Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, déclarait suite aux attentats perpétrés par les islamistes tchétchènes : «nous irons butter les terroristes jusque dans les chiottes», ne laissant que peu de doute sur les conclusions apportées à la vie des islamistes, le président de la République française ainsi que les principaux responsables politiques  – de Nicolas Sarkozy à Marine Le Pen en passant par Jean-Christophe Cambadélis – se sont contentés de condamner cet acte barbare, en dénonçant pour certains le terrorisme islamiste, en appelant à des sanctions sévères et à l’unité nationale, mais sans jamais évoquer l’élimination physique de ces individus.

On a déjà vu les responsables politiques français, de gauche comme de droite, employer des mots un peu plus forts quand il s’agissait de politique internationale :

Ainsi pour Laurent Fabius, Bachar El Assad, dernier rempart en Syrie face à l’Etat islamique «ne mériterait pas d’être sur cette terre» déclarait t-il de façon peu diplomate en 2012. Un Bachar El Assad qui, avec son service de renseignement syrien très influent, donnait de précieuses informations à la France en matière d’islamisme.
Finalement, seul Aymeric Chauprade, député européen du Front National réclamait en France, au mois d’août 2014, l’élimination physique des djihadistes français.

Force est de constater que l’Etat de droit et ses représentants préfèrent «rassembler» la nation en pleurs derrière un mot clé #jesuischarlie et une traditionnelle agitation larmoyante – compréhensible venant de la population, pas de ses dirigeants – plutôt que de prendre des mesures propres à rassurer et à montrer la capacité réelle d’une puissance internationale.

Gildas Ruzec

 Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine. 

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8 réponses à “Charlie Hebdo. Unité Nationale ou le retour de la propagande d’Etat”

  1. Pschitt dit :

    Il y a quelque chose de positif et de naturel dans l’unité nationale. « Toute maison divisée contre elle-même périra », dit la Bible. Pour faire face à une catastrophe naturelle, une guerre ou autres dangers, l’unité est nécessaire. Mais ici :
    1) l’unité n’existe pas vraiment, comme le souligne votre article sur Saint-Nazaire (on peut le dire autrement et de manière plus sulfureuse : tout le monde ne se reconnaît pas dans la nation)
    2) seule l’émotion fait unité, et non la manière de réagir au danger, or c’est cela qui importe. Va-t-on lutter contre l’islamisme avec des fleurs et des petites bougies ?
    3) et même l’émotion est loin d’être unanime. Parmi ceux qui disent « Je suis Charlie », beaucoup diront aussi qu’il ne faut pas stigmatiser l’islam, ce qui est justement ce qu’avait fait Charlie Hebdo. Ils sont, en somme, autant Kouachi que Charlie — mais fort heureusement à des doses homéopathiques dans les deux cas, ni morts ni tueurs.

  2. Treu dit :

    Rien à ajouter à cet article. Merci, on se sent moins seul à se dire, plus ou moins confusément, qu’il y a tout de même quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce tsunami émotionnel exempt, la plupart du temps, d’une réflexion de fond sur le pourquoi de ces attentats.

    • ferréignette dit :

      pourquoi ? dans les medias et meme la vallau ne veut pas cette question ellel’a dit au senat je vois qu’une partie des biens pensants sont museles c’est tres grave notre avenir des respectueux se voit bafoues et meme chez les profs les petits enfants ont poses la question, et pour ces gens c’est un crime et la minute de silence il faut avoir l’explication pourquoi car perso je ne n’incline pas devant la racaille de charlie, par contre j’ai pensé tres fort aux otages aux innocents de cette presse dépravee, j’ai peur pour l’avenir de mes petits-enfants qui sont tres bien eleves dans un institut prive ou l ‘on enseigne le respect et l’amour des autres

  3. jacques dit :

    je ne suis n’y un charli ni un mouton .
    je suis un fds , un Zemmour , houellebeck ou Finkelkrauth .
    toutes ces personnes qui défilent sont des fonctionnaires , adeptes du multiculturalismes , du métissages , qui ne veulent pas de contrôles de nos frontières mais qui ont des systèmes de sécurités inviolables sur leurs habitations .
    rentre en France mais pas chez moi est leur devise

  4. Antoine dit :

    Je conseille un grand classique du XIXème siècle qui décrit ces phénomènes. « Psychologie des Foules ».
    Ce livre décrit notamment comment un homme seul a plus souvent raison qu’une foule.

  5. Cadoudal dit :

    Je suis un manipulé, voir : » le viol des foules » de Serge Tchakhotine.

  6. […] des cultes catholique, juif, musulman et protestant, afin de faire le point suite aux attentats de Charlie Hebdo et de recueillir leurs attentes en matière de protection et de sécurisation des lieux de […]

  7. wauquier dit :

    faut il s’amuser ou s’horrifier, je ne sais pas, mais le défilé parisien, récupéré par le mou, avait quand même un air de faux culs, bras dessus bras dessous pour la liberté d’expression, le roi d’arabie saoudite, qui cette semaine condamne un blogueur à 1000 coups de fouet, le sinistre égyptien, qui détient dans ses geôles des journalistes tv, etc en plus, n’oublions pas que c’est l’arabie saoudite et le qatar qui financent les terroristes qui ont tirés dans le tas à charlie! vous avez dit bizarre?

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