05/01/2014 – 10H00 Lorient (Breizh-info.com) – Jean-Jacques Urvoas (PS), député de Quimper, président de la commission des lois à l’Assemblée nationale, l’affirme : «si Jean-Yves le Drian n’est pas candidat aux régionales, alors la Bretagne est perdue pour la gauche» (Paris Match, 24 décembre 2014).
En prenant en compte le potentiel électoral de la gauche (PS-PRG, FG, EELV), tel qu’il se dégage des élections européennes, incontestablement ce camp fait la course en tête en Bretagne (4), devant la droite, le FN et les Bonnets rouges. Mais encore faut-il un fédérateur capable de rassembler les différentes familles de gauche aux élections régionales. En particulier à cause du projet de la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui creuse le fossé de plus en plus entre les socialistes et les écologistes.
On l’a vu en Loire-Atlantique où les adhérents d’EELV ont refusé l’alliance avec le PS pour les élections départementales de mars 2015. Les uns et les autres iront donc à la bataille en ordre dispersé, pour la plus grande joie de la droite, qui , de ce fait, devrait récupérer le conseil général. Mais, avec les écologistes, tout et possible et ce qui est vrai en Loire-Atlantique ne l’est pas forcément dans les autres départements bretons.
En effet, chaque fédération fait sa tambouille dans son coin. En Jean-Yves le Drian , la gauche bretonne dispose d’un «boss» capable de rassembler, de gré ou de force, différentes familles qui se détestent cordialement. Étant entendu que la dispersion entraînerait la défaite automatique des différentes listes. Si on prend en compte les deux critères important que sont la notoriété et la popularité, seul le ministre de la Défense peut jouer au leader.
Bien entendu, l’appui de M. Urvoas à Le Drian montre que l’axe «régionaliste» fonctionne au sein du PS Breton. Mais les jacobins n’ont pas dit leur dernier mot et ils pousseront la candidature d’un autre ministre, Marylise Lebranchu.
Le résultat de cette primaire montrera le rapport de force existant au sein des fédérations bretonnes. La défaite de Jean-Yves le Drian serait la défaite des régionalistes. Mais si le critère réaliste l’emporte sur toute autre considération, M. Le Drian est assuré de se voir désigné chef de file du PS aux régionales. A lui de négocier ensuite le ralliement des «autres». Opération aisée puisqu’ils ne demandent que cela, et notamment les centristes ou des membres de la société civile. Quant au patronat, il n a rien à refuser à Jean-Yves le Drian
M. Le Drian est devenu accidentellement ministre de la Défense – il ne pouvait pas refuser ce poste à son ami Hollande. Mais son rêve se situait ailleurs : la présidence de la région Bretagne. Car l’homme possède la tripe bretonne, et cela depuis toujours. En 1981, après l’élection de François Mitterrand , il avait plaidé en faveur d’une «réparation historique» pour la langue bretonne. Mais il lui manquait alors un poids politique suffisant pour obtenir satisfaction : un poids qu’il possède aujourd’hui. Mais l’intéressé a-t-il aujourd’hui envie d’y aller, alors que les socialistes n’ont pas vraiment – c’est le moins que l’on puisse dire – la cote ? That is the question…
Bernard Morvan
Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.