Qu’il me soit permis ici de contredire le déclinologue le plus en flèche par les temps qui courent. Non, « cher Eric Zemmour », tout ne va pas à vau l’eau dans notre beau pays, tout ne sombre pas et la France millénaire conserve, encore aujourd’hui des institutions inébranlables, d’authentiques fleurons qui font l’admiration du monde entier.
Je n’en donnerai qu’un seul exemple : le ministère de la Culture. Ses origines remontent à Louis XIV, la Surintendance générale des Bâtiments du Roi et des Arts et des Manufactures. Sous la monarchie de Juillet (1830-1848), on parle de direction des Beaux-Arts. Une direction reconduite par la Troisième république qui la loge au Palais Royal. Le ministère naît en 1959, à l’initiative du général de Gaulle qui recommande André Malraux à son Premier ministre, Michel Debré. Cela « donnera du relief à votre gouvernement » ajoute-t-il.
L’actuelle locataire de la rue de Valois, Madame Fleur Pellerin a suscité un beau tollé lorsqu’elle a avoué, sans fard, que, faute de temps, elle n’avait pas ouvert un livre depuis deux ans. Elle a aggravé son cas en reconnaissant que le tout frais prix Nobel de littérature, Patrick Modiano, lui était parfaitement étranger. Madame Pellerin a le mérite de la franchise et même du culot. Mais elle n’est pas la première ignorantine chargée de la culture.
En 1836, Hector Berlioz reçoit la commande d’une messe de Requiem. Il rencontre le directeur des Beaux-Arts. La suite se lit dans ses Mémoires, chef d’œuvre d’intelligence critique, d’une verve et d’une férocité à redécouvrir. Le voilà donc devant Monsieur XX :
« Cet arbitre du sort de l’art et des artistes ne daignait reconnaître une valeur réelle en musique qu’à Rossini seul. Cependant un jour, après avoir devant moi passé au fil de son appréciation dédaigneuse tous les maîtres anciens et modernes de l’Europe, à l’exception de Beethoven qu’il avait oublié, il se ravisa tout d’un coup en disant : « Pourtant, il y en a encore un, ce me semble…, c’est… comment s’appelle-t-il donc ? Un Allemand… dont on joue des symphonies au Conservatoire… Vous devez connaître ça, monsieur Berlioz… » « Beethoven ? » « Oui, Beethoven. Eh bien, celui-là n’était pas sans talent. » J’ai entendu moi-même le directeur des Beaux-Arts s’exprimer ainsi. Il admettait que Beethoven n’était pas sans talent. »
Suit ce commentaire de Berlioz qui n’a pas pris une ride, bien au contraire : « ET M.XX… n’était en cela que le représentant le plus en évidence des opinions musicales de toute la bureaucratie française de l’époque. Des centaines de connaisseurs de cette espèce occupaient toutes les avenues par lesquelles les artistes avaient à passer, et faisaient mouvoir les rouages de la machine gouvernementale avec laquelle devaient à toute force s’engrener nos institutions musicales. Aujourd’hui… »
Alors, « cher Eric Zemmour », la France n’est- elle pas cette vieille nation repue de gloire, sans doute un peu fatiguée, désabusée, mais toujours capable de profiter, que dis-je, de jouir de ses nobles institutions héritées de nos pères ?
Jean HEURTIN
Photo : DR
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Une réponse à “«Cher Zemmour, vous exagérez !»”
Ouvrez donc vos yeux et vos oreilles car demain lorsque vous serez égorgés comme en Irak et en Syrie il sera trop tard. Les animaux ont au moins un gros avantage sur tous les bobos ils ont un instinct de survie.