Les testaments secrets de Ben Laden

05/01/2015 – 08H00 ‑ Rennes (Breizh-info.com) ‑ Roland Jacquard est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages pour la plupart consacrés au terrorisme. L’un d’eux lui a valu une notoriété internationale : Au nom d’Oussama Ben Laden, paru quelques jours après le 11 septembre 2001 ! Roland Jacquard a depuis lors consacré plusieurs livres à au personnage clé de notre époque qu’a été le fondateur d’al-Qaida. Les Testaments secrets de Ben Laden, rédigé avec un autre spécialiste de la question, le journaliste Atmane Tazaghart, devrait normalement clore la série…

Le livre s’ouvre sur une scène surréaliste : les funérailles précipitées de Ben Laden, immergé en mer d’Arabie après son élimination par un commando américain début mai 2011, « mélange de rites mortuaires islamiques et de Burial at Sea marin ». Le livre revient largement sur le passé d’Oussama Ben Laden, y compris sur ses menées clandestines longtemps avant le 11 septembre, puis sa traque dans les montagnes de Tora Bora et son installation secrète au Pakistan. En trente-trois chapitres très brefs, les auteurs brossent un tableau dynamique de la carrière du dirigeant islamiste… ainsi que des échecs de la CIA et de l’armée américaine lancées à sa poursuite.

Lors de l’attaque de la villa d’Abbottabad où la famille Ben Laden se cachait depuis cinq ans, à deux pas de l’académie militaire du Pakistan, les Navy Seals américain ne sont pas seuls : une vingtaine d’agents de la CIA les accompagnent, avec pour objectif les archives de Ben Laden : plus de dix mille pages bourrées d’informations, une quinzaine d’ordinateurs, des disques durs, des clés USB et le cahier de notes personnel du chef djihadiste, qu’une équipe triée sur le volet s’efforcera d’exploiter au plus vite.

On constate ainsi que, jusqu’à son dernier jour, Oussama Ben Laden a été tourné vers l’action, réfléchissant aux dates symboliques propices pour des attentats, au recrutement d’Américains noirs ou hispaniques à côté des musulmans, à des bombes bactériologiques humaines, au vol d’armes nucléaires dans des républiques islamiques de l’ex-URSS, à des attaques contre le détroit d’Ormuz et contre l’avion présidentiel américain, etc. On découvre aussi que, traqué par les services de renseignement, Oussama Ben Laden a conservé la direction de son mouvement sans jamais quitter Abbottabad, grâce à un réseau d’intermédiaires.

La direction d’Al-Qaida a échu à son numéro 2, le cheikh égyptien Zawahiri, qui a mis plus d’un an à réorganiser son appareil et à éteindre ses tensions ethniques interne. Patient, l’homme chercherait à reterritorialiser Al-Qaida en profitant des révolutions arabes afin de créer une nouvelle internationale djihadiste.

Une quarantaine de documents (lettres, croquis, fatwas et même des « poèmes écrits de la main de Ben Laden » !) complètent cet ouvrage qui nous rappelle que, Ben Laden disparu, le djihadisme demeure.

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Roland Jacquard et Atmane Tazagahart, Les Testaments secrets de Ben Laden, Jean Picollec, 2014, 376 pages, 23 euros.

Crédit photo : extrait de la couverture du livre
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