04/12/2015 – 08H00 Édimbourg (Breizh-info.com) ‑ Douze ans après, la guerre d’Irak va-t-elle devenir un enjeu majeur de la politique écossaise ? Le Scottish National Party (SNP) vient de réclamer solennellement la publication du rapport Chilcot, l’enquête officielle sur la participation du Royaume-Uni à l’invasion du pays de Saddam Hussein en 2003. Longtemps, le gouvernement travailliste s’était opposé à la création d’une commission d’enquête. Le Premier ministre Gordon Brown y avait enfin consenti en 2009, confiant sa présidence à Sir John Chilcot, membre du Conseil privé de la Reine.
Publiera, publiera pas ? En 2012, le gouvernement conservateur avait interdit la publication du rapport Chilcot à la demande des Américains, qui craignaient la révélation d’une conversation entre George W. Bush et Tony Blair peu avant l’attaque. La publication du rapport avait été repoussée à 2014. À ce jour, elle n’a toujours pas eu lieu.
Pourquoi le SNP tient-il tellement à ce que le rapport Chilcot soit publié ? Tout simplement parce que des élections législatives auront lieu le 7 mai 2015. Et que le Parti travailliste écossais, principal adversaire du SNP, est dirigé par Jim Murphy, élu du Renfrewshire (banlieue de Glasgow) qui, en 2003, avait chaudement soutenu la décision guerrière de Tony Blair. De plus, la campagne travailliste pour ces élections est coordonnée par Douglas Alexander, élu de Paisley, circonscription voisine de celle de Jim Murphy, qui lui aussi avait voté en faveur de la guerre en Irak.
La question mobilise spécialement Angus Robertson, député de Moray (au Nord de l’Écosse) et leader du groupe SNP à Westminster mais aussi coordinateur de la prochaine élection et spécialiste des questions militaires. « Il serait inconcevable d’entamer cette année d’élection générale sans connaître les conclusions de l’enquête Chilcot », déclare-t-il. « Leur publication est aujourd’hui d’autant plus indispensable que le Parti travailliste est dirigé en Écosse par un député qui a voté en faveur de la guerre en Irak. (…) Cette publication est scandaleusement retardée et bloquée depuis cinq ans. Avant de choisir pour qui ils vont voter au mois de mai, les Écossais et l’ensemble des Britanniques ont le droit de connaître la vérité sur le fonctionnement du parlement et du gouvernement travailliste de Tony Blair à la veille de cette guerre lamentable. »
Jim Murphy a été accusé dernièrement de différentes peccadilles parlementaires. Il se montre en revanche rigoureux sur un autre chapitre : il ne boit pas une goutte d’alcool. Ce qui ne contribue sans doute pas à le rendre sympathique aux yeux d’Angus Robertson, élu de la première région productrice de whisky en Écosse !
Crédit photo : Angus Robertson lors d’une visite officielle à Vienne en mai 2014, [cc] F. via Wikimedia
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