26/12/2014 ‑14H00 Nantes (Breizh-info.com) ‑ Selon L’Opinion, le président de la République aurait songé à nommer Jean-Marc Ayrault au Conseil constitutionnel voici quelques jours. Mais la désignation du successeur de Jacques Barrot appartenait au président de l’Assemblée nationale, réputé peu favorable à l’ancien Premier ministre ; il lui a préféré Lionel Jopin. Le Canard enchaîné du 24 décembre croit savoir que « l’histoire repassera les plats dans un peu plus d’un an », lorsque François Hollande devra nommer le successeur de Jean-Louis Debré.
Une hypothèse qui ne convainc guère ce politologue nantais. « Notre Conseil constitutionnel est l’une des rares cours constitutionnelles au monde à être ouverte à des non-juristes, mais pour assurer sa crédibilité internationale, en pratique, il faut un juriste à sa tête », souligne-t-il. « Jean-Louis Debré est docteur en droit et ancien juge d’instruction. Avant lui, Pierre Mazeaud était docteur en droit et issu d’une famille de juristes fameux, le Breton Yves Guéna était énarque, conseiller d’État et ex-directeur du cabinet du Garde des Sceaux, Roland Dumas et Robert Badinter étaient des avocats célèbres. Avec son CAPES d’allemand, Jean-Marc Ayrault ne serait pas pris au sérieux. »
Jean-Marc Ayrault a une longue expérience de député : ne compenserait-elle pas les lacunes de sa formation universitaire ? C’est peu probable. « Jean-Marc Ayrault s’est surtout illustré comme président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire dans un rôle de berger rassemblant ses moutons. Il a cosigné quelques propositions de loi, sur l’interdiction du cumul des mandats ou de la recherche de gaz de schiste, par exemple, mais son œuvre législative est très mince. »
De plus, les analyses d’ordre juridique sont extrêmement rares sur le blog de l’ancien maire de Nantes, qui forme l’essentiel de son œuvre écrit. On se rappelle par ailleurs que Jean-Marc Ayrault a été condamné pour délit de favoritisme. Cette condamnation date de 1997 (elle ne figure plus à son casier judiciaire en raison de son ancienneté) et ne ferait peut-être pas obstacle à sa nomination comme membre du Conseil constitutionnel ; la présidence, c’est autre chose… Certains ne manqueraient pas de rappeler aussi l’épisode saugrenu d’octobre 2012 au cours duquel l’intéressé, alors Premier ministre, a annoncé une décision pas encore prise par le Conseil constitutionnel !
On voit donc mal François Hollande, en mal de prestige international, désigner un homme qui prêterait aussi aisément le flanc à la critique.
Crédit photo : [cc] Mathieu Delmestre : Solfé Communications via Flickr (photo recadrée)
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5 réponses à “Jean-Marc Ayrault au Conseil constitutionnel ? Une hypothèse peu sérieuse”
Vu le niveau de la Presidence actuelle, nous ne sommes pas a l’abri d’une telle nomination qui ressemblerait beaucoup a une rente (dont il n’a pas besoin!) complementaire de situation et evidemment un cadeau supplementaire pour services rendus…
Nous, à Nantes, nous apprécions beaucoup Jean Marc Ayrault. Mais vous en Bretagne vous ne pouvez pas comprendre.
Il n’y a pas que la Bretagne à ne pas comprendre ! En deux ans, la côte de popularité nationale de Jean-Marc Ayrault a fait du tout schuss. Ce qui est un peu injuste puisqu’il n’a pas fait grand chose.
@Moreau
Les Nantais apprécient de vivre dans une ville qui bouge, signe de vivacité. Il se trouve que l’évolution de la ville a été la plus perceptible sous JMA.
Cette évolution est dû essentiellement au TGV, au tram, à la plus grosse friche intra-muros après Berlin-est des anciens chantiers, à l’immense friche gelée il y a 40 ans pour Atlantis, au périphérique (et encore, vite saturé parce que sous JMA, rien n’a été fait pour le faire évoluer). Rien d’imputable à JMA.
Nantes, ville architecturalement sans vrais attraits (sauf le Château, breton; la tour LU, compagnie se revendiquant bretonne au faite de son histoire; le palais Dobrée, rendant hommage à la langue bretonne et à l’imagerie celte; sinon ? Pommeraye ? un simple passage), a cependant une proportion remarquable d’espaces verts (dont le parc préféré d’André Breton, Procé, a vu la Chézine s’envasée sous JMA pendant que le minéral gagnait partout dans le centre) ainsi qu’une vraie mixité sociale. Rien, encore, grâce à JMA.
Qu’est-ce que Nantes doit vraiment à JMA ?
Le busway ? Sans doute économe mais inconfortable et stagnation technique. En plus d’un nom ridicule.
Les Machines de l’île ? Encore sous perfusion publique. Toujours indécise sur l’arbre aux hérons.
La « Culture » en général ? Voyez le rapport de la cour des comptes de ces derniers jours dénonçant les subventions d’happy-few. Les travaux qui n’en finissent pas au Musée des Beaux-Arts ? A Dobrée ? Le musée Jules-Verne fermé pendant des mois en 2005… année Jules Verne, pendant qu’Amiens rendait un hommage digne à l’écrivain français le plus lu au monde.
Le transfert pharaonique du CHU ? Comme à son habitude, JMA n’avait rien fait pour désenclaver le pôle nord quand il était maire de Saint-Herblain, trop occuper à accorder les permis de construire. On aurait pu éviter ça avec une vraie vision. Quand la facture sera définitivement établie, elle sera salée.
Et à la place de l’Hôtel-Dieu, aura-t-on encore droit à des immeubles sans intérêts comme ceux qui poussent comme des champignons sur Beaulieu-Ste-Anne (oh ! pardon ! « île de Nantes » ! communication-novlangue, ne rien faire tout en donnant l’impression que l’on fait) ?
Le transfert d’aéroport pourrissant l’atmosphère à Nantes ? JMA a sciemment laissé NA tomber en ruine. JMA comptait récupérer les terrains de NA mais, en grand professionnel, n’a pas demandé son avis à Airbus. Résultat, Nantes aura un terrain immense pour quelques vols techniques et industriels (ou alors, ils savent que le pôle nantais d’Airbus va fermer et je vous laisse deviner les conséquences désastreuses sur le chômage dans l’agglo).
Ne pouvait-il pas s’occuper de la gare ? Qui, justement depuis le TGV, est reconnue unanimement comme bonne à refaire ? Mais non, rien. Les travaux sont trop gênants et difficile à caler hors période électorale, voyons !
L’immense mémorial à l’abolition de l’esclavage ? La gestion a été ubuesque, coûteuse et le fait d’être le seul port européen négrier a en avoir un ne donne pas plus d’attraits à une simple esplanade déjà usée par le temps.
Le palais de justice aux finitions discutables (il n’y a pas un an, les rues adjacentes étaient fermées pour cause d’effondrement de revêtement) comme son architecture (mais comme c’est un Nouvel, c’est forcément bien, hein ?). Pendant que l’ancien devient hôtel de luxe… mairie socialiste ? Pendant qu’un vrai monument ouvrier, bien que banal je vous l’accorde, la mairie de Chantenay, s’est vue attribuée des ailes hideuses ? Bel hommage aux luttes sociales et au quartier où le PS fait des scores de dictature !
Oui, les Nantais aiment JMA. Tout juste reconnaissent-ils qu’il n’est bon qu’au niveau municipal, ce qui le rend d’autant plus simple. Dur aussi d’admettre qu’on a voté plus de 20 ans pour un médiocre (même s’il n’y a jamais eu personne en face, la droite nantaise est nulle, Nantes n’est d’ailleurs pas une ville politique, hormis Briand, rien n’en est jamais sorti). Ils pensent que c’est un bon maire en oubliant que l’on juge les effets profonds sur la durée.
La vérité sur JMA est qu’il a le cul bordé de nouilles. Il a bénéficié des décisions de ses prédécesseurs. Pour le reste, il a été incroyablement attentiste et bon communicant. Plus la nullité abyssale de l’opposition nantaise.
Alors l’avis des Nantais…
J’en suis de naissance, ce qui me permet de la connaître dans sa chair, mais ayant vécu dans beaucoup d’autres endroits pour être capable d’être critique (je doute que vous n’ayez l’un ou l’autre: soit vous n’avez jamais bougé, soit vous y êtes arrivé autour de l’an 2000). J’ai d’ailleurs déjà voté JMA moi-même.
Donc l’avis des Nantais vaut ce qu’il vaut. Et parfois, pas grand chose.
Exemple ?
Alain Chénard (PS).
Dernier grand maire de Nantes. Qui n’aura fait qu’un mandat. Pourquoi ? Il présentait mal aux dires de mes parents (je n’ai pas connu), trop peuple, trop négligé. Mais surtout, les Nantais ne supportaient pas les travaux du tramway. Les Nantais ne comprenaient pas que leur ville, par le premier réseau moderne de tramway de France (d’Europe ? du monde ?), innovait vraiment.
Un mandat de droite plus tard, JMA sera tout sourire pour inaugurer la ligne 2.
Alors bon, l’avis des Nantais, des fois…
Je ne suis toujours pas convaincu que le tramway ait été une si bonne idée que ça. Oui, le tramway est un moyen de déplacement formidable, que j’utilise volontiers. Il est commode et rapide pourvu qu’on aille là où il va. Mais il n’est si formidable que comme une solution à des maux qu’il crée lui-même en partie (« Dieu se rit des hommes qui chérissent les effets dont ils déplorent les causes », pourrait-on dire en paraphrasant Bossuet).
On peut en discuter à l’infini, mais je reste persuadé qu’une densification du réseau de bus aurait été une mesure bien plus rapide et bien moins coûteuse en argent et en désagréments que la création des lignes de tramway dans le centre ville (en revanche, une ligne circulaire en périphérie, pourquoi pas). Elle aurait évité la concentration actuelle du plan de circulation sur quelques axes saturés en permanence… et la concentration de la promotion immobilière le long des lignes du tram. Et aussi les perturbations massives causées par le moindre incident sur l’une des lignes.
Evidemment, les gens n’ont d’yeux que pour ce qu’ils voient : une fois la ligne de tram créée, ils trouvent que c’est bien et n’imaginent rien d’autre. Les municipalités peuvent s’en vanter sans effet boomerang : c’est une équation démagogique parfaite, et l’on comprend que les tramways se soient multipliés !
Hormis ce détail qui ne concerne d’ailleurs pas Jean-Marc Ayrault, d’accord avec vous sur la minceur du bilan de ce dernier.