Foie gras et gavage des oies et canards. Entretien avec l’association L214

09/12/2014 – 10h00 Lorient (Breizh-info.com) – Samedi se sont tenues à Nantes, mais aussi à Vannes et à Lorient, des actions de sensibilisation à la souffrance engendrée par le gavage des oies et des canards. Menées notamment par l’association L214, elles ont reçu un écho plutôt favorable de la population, même si certains passants rencontrés ne cachaient pas leur agacement : « il faut qu’on arrête de vouloir tout interdire. Qu’on nous laisse consommer librement. L’Etat ne doit pas intervenir dans nos vies » proteste ainsi Gérard, bien que lui même sensible à la cause animale et assez réfractaire à l’exploitation animale :  «je suis chasseur depuis que j’ai 18 ans. Il y a un rituel, un respect de l’animal et ensuite de sa viande. Le problème dans notre société vient qu’on sert tout à manger sur un plateau au consommateur, qui a oublié que derrière sa barquette de steack haché ou son pot de foie gras, il y a souvent des procédés industriels qui feraient devenir tout un chacun végétarien.» lâche-t-il pour terminer.
A la suite de ces actions, nous avons interrogé Bérénice, responsable de l’association L214 pour le Morbihan.Breizh-info.com ; quel est l’état des lieux de la consommation de foie-gras en France ?

Association L214 : Le volume des achats de foie gras des ménages français baisse pour la troisième année consécutive (-5.6% en 2013 – Chiffres du ministère de lAagriculture). Lors du dernier sondage commandé par L214 et réalisé par l’institut de sondage Opinion Way (déc.2013), 44% des personnes interrogées se disaient favorables à l’interdiction du foie gras, preuve que les mentalités évoluent ! Et c’est déjà une réalité dans la majorité des pays de l’Union européenne puisqu’il ne reste plus que cinq pays à autoriser la pratique du gavage (France, Espagne, Bulgarie, Hongrie, Belgique). On voit même, depuis quelques années, des pays refuser les importations de foie gras, c’est le cas de l’Inde depuis cet été. Aussi des supermarchés à l’étranger, toujours de plus en plus nombreux, arrêtent de commercialiser du foie gras comme Family Mart au Japon depuis cette année.

Breizh-info.com : Au delà du foie gras, défendez-vous un mode de vie qui tende vers le végétarisme ou le veganisme ? Votre message est-il audible aujourd’hui ?

Association L214 : Disons, que c’est la conséquence d’une prise de conscience au sujet des animaux. Aujourd’hui, il n’y a plus de doute, les animaux sont des êtres sensibles, conscients qui ont le désir de vivre leur propre existence. Il faut repenser notre rapport à eux : ils ne sont ni des protéines sur pattes, ni des objets. À partir de là, comment continuer à les manger ? C’est une chance que nous soyons omnivores, nous sommes capables de digérer les végétaux ! Sachant que l’alimentation végétarienne et végétalienne est bénéfique pour la santé à tout âge de la vie (Rapport de l’Association Diététique Américaine rassemblant plus de 1 000 professionnels de santé.) ça serait dommage de continuer à manger les animaux !

Par conséquent, L214 fait la promotion d’une alimentation exempte de produits d’origine animale (www.L214.com/vegetarisme).

Notre message est plus écouté et est traité avec sérieux, mais c’est non sans compter les nombreuses publications sur le sujet, qui participent à animer le débat public autour de la question animale : le livre de Matthieu Ricard ‘Plaidoyer pour les animaux’, ‘No steak’ d’Aymeric Caron ou encore ‘Manifeste pour les animaux ‘ de Franz-Olivier Giesberg.

Breizh-info.com :  Vous vous associez avec des associations de défense animal. Etes vous engagé contre les abattages rituels ? Avez vous mené des actions en ce sens ? Idem pour l’élevage industriel ?

Association L214 : Oui, par exemple, nous avons communiqué lors de l’Aïd-el-Kébir 2013 en appelant les musulmans à faire un don à une œuvre de charité en lieu et place d’un sacrifice, communication directement inspirée du théologien Tarik Ramadan « en tant que musulman, il est possible de remplacer le sacrifice d’un mouton par un don à une œuvre de charité ».

Nous rappelons aussi régulièrement que lors des abattages non religieux, les animaux peuvent être mal étourdis et se réveiller lorsqu’ils sont égorgés.Dans tous les cas ils sont tués contre leur gré et souvent meurent dans de grandes souffrances..

L214 dénonce toutes formes d’exploitation des animaux mais nous communiquons largement sur l’élevage industriel car c’est la forme d’élevage la plus répandue : en France, plus de 80% des animaux destinés à l’alimentation sont enfermés dans des élevages intensifs. Nous avons d’ailleurs des campagnes sur l’élevage en cage des poules pondeuses et des lapins. Nous nous sommes mobilisés dès 2012 aux côtés de Novissen (Association de riverains) dans la lutte contre « l’élevage des 1000 vaches » dans la Somme.

Breizh-info.com :  Quelles sont les perspectives pour votre association ? Parvenez vous à toucher les pouvoirs publics?

Association L214 : On essaye ! Mais en France, les associations de défense des animaux sont relativement peu écoutées par les ministères. À travers nos communications, nous parvenons parfois à interpeller les institutions. Tout récemment la Direction générale de l’alimentation, suite aux images que nous avons révélées provenant d’un couvoir et montrant des poussins se faire broyer vivants, ont décidé de revoir les modes d’abattages d’ici à 2020…

Aussi, nous les interpellons lorsque des manquements graves à la réglementation sont constatés, comme l’utilisation de caisses à dindes pour transporter les chevreaux, depuis l’an passé ces caisses ne sont enfin plus utilisées après 20 ans d’infraction…

Nous rencontrons aussi la Commission européenne pour les interpeller sur l’absence de réglementation dans certains productions et la violation de la réglementation européenne par la France dans l’utilisation des cages individuelles pour la production de foie gras, entre autres.

Breizh-info.com :  le principal reproche fait aux défenseurs de la cause animale est une certaine forme de moralisation. L’Etat doit-il intervenir dans l’assiette du consommateur ? N’est-ce-pas là une atteinte à la liberté individuelle ?Association L214 :  Quand une pratique est reconnue préjudiciable à un individu, humain ou non humain, et même si des personnes prennent plaisir de ce qui découle de sa souffrance, cette pratique doit être abolie.
Les éléments nouveaux sur la conscience des animaux doit amener la société à évoluer. Ça n’a rien à voir avec notre liberté c’est justement celle des autres dont on parle !

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2014, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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