Contrairement aux attentes des observateurs, les deux chefs d’Etat n’ont pas parlé des Mistrals, annonce l’agence RIA Novosti dans une dépêche consacrée aux négociations. « Nous n’avons pas parlé des Mistrals, nous n’avons pas même mentionné le sujet« , a expliqué Poutine aux journalistes russes après l’entrevue officielle. « Il y a un contrat, c’est un document juridique, nous partons du principe qu’il sera respecté. Je n’ai pas posé de questions à ce sujet à François Hollande« .
Cependant pour la première fois il a laissé entendre que la Russie pourrait ne pas demander les 3 à 10 milliards d’euros de compensation prévus dans le contrat en cas de rupture unilatérale par la France : « Si les Mistrals ne nous seront pas livrés, nous n’aurons pas de réclamations particulières. Nous espérons cependant qu’on nous rendra l’argent que nous avons versés pour eux (…) Nous suivrons avec compréhension toute évolution du dossier« .
Les Mistrals, affaire classée pour les Russes ?
Les propos de Poutine peuvent être reliés aux nombreuses déclarations de responsables russes au sujet des Mistrals ces derniers jours. Pour eux, les BPC ne sont pas nécessaires à la flotte russe, l’argent versé doit être récupéré et transmis à d’autres projets de défense, en laissant les européens et les français se débrouiller avec des navires quasiment invendables sinon aux Russes. Dimitri Rogozine, vice-premier ministre russe a qualifié le contrat d’erreur commise par l’ex-ministre de la Défense.
Par ailleurs le 5 décembre Jean-Yves le Drian a annoncé que la FRance « pourrait ne jamais transmettre les Mistrals » à cause de « l’extrême tension qui règne actuellement en Ukraine » où la trêve théoriquement signée en septembre est plus que jamais un torchon de papier. Les combats font rage sur les trois quarts du front, et notamment à Donetsk dont les quartiers les plus proches du front sont pilonnés sans relâche par l’artillerie ukrainienne, ce qui cause de nombreuses morts chez les civils, tandis que les insurgés de la DNR (république populaire de Donetsk) continuent de repousser lentement mais sûrement les troupes ukrainiennes de leur capitale.
Pour Aleksei Pushkov, président de la commission des affaires Internationales à la Douma, l’Assemblée nationale russe, Hollande aurait livré les Mistrals s’il menait une politique indépendante. Mais, « sous la pression de l’OTAN, de l’UE, des USA, il a décidé de repousser le délai en prenant le prétexte facile de la situation en Ukraine« , ce qui coûterait à la France 1 million d’euros par mois de retard, à compter de la date prévue de livraison du premier Mistral, le 14 octobre.
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