06/12/2014 – 07h00 Loudéac (Breizh-info.com) – Voilà donc Nicolas Sarkozy revenu aux affaires. A la tête de l’UMP pour l’instant. Pour l’Elysée, on verra plus tard. Ouest France a procédé à un petit tour des grands élus bretons de l’UMP afin de savoir à qui allait leur soutien lors de l’élection du président.
Pour Bruno Le Maire : Gilles Lurton (député de Saint-Malo), David Robo (maire de Vannes), Philippe Le Ray (député, auray); Philippe Paul (sénateur, Douarnenez).
Pour Hervé Mariton : Dominique de Legge (sénateur, Le Pertre).
Pour Nicolas Sarkozy : Christophe Priou (député, Guérande), André Trillard (sénateur, Saint-Gildas des bois) .
Et puis il y a les neutres, ceux qui ne se prononcent pas : Isabelle Le Calennec (député, Vitré) – qui vient d’être nommée porte-parole de l’UMP – François Goulard (président du conseil général du Morbihan) et Marc le Fur (député, Loudéac).
M. Goulard a le droit de se souvenir qu’en des temps déjà ancien, il s’était amouraché de Dominique de Villepin, alors Premier ministre, lorsque ce dernier contestait le leadership de la droite à Sarkozy.
Après la victoire de ce dernier, M. Goulard avait dû mettre beaucoup d’eau dans son vin pour se faire élire président du conseil général du Morbihan car les élus sarkozystes du secteur ne lui pardonnaient pas ses déparages répétés en faveur de M. de Villepin en qui il voyait un «grand homme d’Etat». Qualité qui ne suffit pas pour s’emparer de la tête de l’UMP…
Une bonne leçon pour M. Goulard qui joue maintenant au «Suisse» afin de ne pas défriser sa majorité du conseil général, forcément divisée entre Le Maire, Mariton et Sarkozy. Et si on veut être réélu en mars à la présidence du conseil départemental, mieux vaut être prudent, c’est-à-dire ami avec toutes les composantes de la droite – UMP et autres.
L’attitude de Marc Le Fur est plus curieuse. Même s’il ne tranche pas, le député rappelle son «soutien à Nicolas Sarkozy» dont il apprécie «le charisme, la détermination et sa récente déclaration sur l’abrogation de la loi sur le mariage pour tous» (Ouest france, 28 novembre 2014).
Marc le Fur a suffisamment de métier pour savoir qu’en politique, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Par conséquent, la récente déclaration de l’ancien chef d’Etat sur le mariage pour tous doit déjà être rangée au rayon des antiquités.
Le nouveau président de l’UMP, préoccupé avant tout par le souci d’être le candidat unique de la droite à la présidentielle de 2017, donc obligé de prêcher sans cesse le rassemblement, se gardera bien de relancer ce sujet clivant qui divise la droite.
Puisque Sarkozy il y a, Marc le Fur serait mieux inspiré en tentant de lui vendre l’abrogation de la loi relative à la délimitation des régions que le Parlement est en train d’adopter. Avec l’aide de parlementaires UMP d’Alsace, l’opération relève du possible.
Redonner vie aux «vraies» régions, voilà une idée neuve pour la présidentielle et les législatives de 2017. Surtout si au nom de l’indispensable réforme, on joint au paquet-cadeau la disparition des départements.
Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il allait tout changer à l’UMP, «du sol au plafond».
Marc le Fur pourrait en profiter pour prendre la présidence d’une commission chargée de travailler sur la question régionale. histoire d’infléchir la doctrine du parti dans la bonne direction…
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Une réponse à “UMP. Marc le Fur a un rôle à jouer”
Depuis plus de trente ans l’UDB est liée au PS et semble croire que ce choix stratégique a été un bon choix bien qu’à l’évidence aucune avancée significative n’ait jamais résulté de cette alliance.
Il semble que certains, de »droite » cette fois, inclinent dans le sens du camp sarkozyste et pensent ingénument qu’il pourrait se convertir à un régionalisme consistant ! C’est oublier un peu vite qu’il est impossible d’accorder la moindre crédibilité aux programmes électoraux de Sarkozy, lequel a déjà eu l’occasion de montrer qu’il n’était qu’un politicien malhonnête qui se renie plus vite que son ombre. Que certains régionalistes puissent imaginer de s’en remettre à ce triste sire et à ses deuxièmes couteaux pour faire aboutir leurs projets est tout simplement confondant.
D’autres politiciens de »droite » nous ont déjà distraits dans le passé en affichant un intérêt aussi soudain que fugitif pour les régions et leurs particularités; je pense notamment à Giscard d’Estaing dont la »charte culturelle » (1977) n’a été qu’un feu de paille.
D’un point de vue philosophique (il n’y a pas de réflexion politique pertinente sans analyse philosophique; à défaut d’une telle analyse, on en reste à la surface politicienne des choses), les libéraux (de »droite » ou de »gauche ») ne portent aucun intérêt aux communautés, aux racines culturelles et aux identités. Ce fait a été explicité par le philosophe canadien Will Kymlycka, spécialiste des sociétés multiculturelles, qui se définit lui-même comme libéral. Ce désintérêt est une conséquence directe de l’anthropologie individualiste qui est celle des libéraux lesquels vomissent tout ce qui est communautés, binious, bourrées…….comme l’a dit clairement un bon ami de Sarkozy, Bernard-Henri Lévy.
D’un point de vue électoral, le contingent d’électeurs de »droite » est celui qui est le moins concerné par la problématique régionale (sondage de décembre 2012) après celui du MODEM. L’électorat de gauche l’est à peine plus tandis que celui du Front National est le plus sensible à ce thème ! Ce qui peut sembler assez paradoxal mais qui ne l’est pas vraiment en fait. Au sein des 18% de Bretons très favorables ou plutôt favorables à l’indépendance, 8% sont des électeurs du Front National et 3,3% des électeurs de »droite », ce qui signifie que la »droite » n’a que très peu de grain à moudre dans ce domaine. Les électeurs restants sont pour 0,9% ceux du MODEM et pour 6% ceux de la »gauche ».
Notons au passage que 92% des Bretons qui se disent très favorables à l’indépendance votent pour le Front National ! Voilà qui ne manque pas de piquant et qui a du en chagriner quelques uns.