A Saint-Cyr, les anciens accueillent les nouveaux. Le Major de promotion, Pierre Mercier (Jean Chevrier), le Père Système (dernier de promotion) et Paul Parent (Roland Toutain), s’intéressent particulièrement au jeune Jean Le Moyne (Jean Mercanton). Epris de valeurs patriotiques, Le Moyne est le fils d’un riche banquier (Léon Belières) qui ne voit pas d’un bon œil son fils s’engager dans la carrière des armes. Sa sœur Françoise (Hélène Perdrière) tombe amoureuse de Mercier. Une amitié profonde se lie entre Mercier et Le Moyne.
Cinq ans après, devenus officiers, ils se retrouvent aux confins du désert de Syrie. Leur mission est de combattre les rebelles Druzes, qu’ils appellent « les salopards ». Ils viennent en aide aux populations syriennes : « tu doutes de la puissance de la France ? » demande solennellement Mercier au berger syrien qu’il protège contre les rebelles. Mais Le Moyne, isolé dans un fortin sur le pipe-line, est encerclé par les rebelles. Il le défend héroïquement, avant de succomber sous le nombre. Menée par Mercier et Parent, la colonne de secours met en fuite l’ennemi. Suite à cette action héroïque, le nom de Le Moyne est donné à la nouvelle promotion de Saint-Cyr.
Trois de Saint-Cyr est un film français réalisé par Jean-Paul Paulin en 1938, sorti en 1939. Il exalte les valeurs patriotiques de cette école militaire implantée depuis 1944 sur la commune de Guer, dans le Morbihan.
La première partie, filmée à l’Ecole de Saint-Cyr, à cette époque au sud-ouest de Paris, porte sur la formation militaire. On découvre la vie de l’Ecole : cours théoriques, épreuves physiques, défilés, mais aussi chahuts et bizutage… Les scènes de cours ont été tournées à l’Ecole de St Cyr, en présence des élèves des Promotions « Soldat inconnu » (1936-1938) et « Marne et Verdun » (1937-1939). Ce concours des cadres et des élèves donne de l’authenticité au film.
La seconde partie exalte la mission de la France dans ses colonies. Elle célèbre l’action pacificatrice des armées coloniales respectueuses des populations « indigènes ». Ainsi, en Syrie, sous mandat français depuis 1920, l’armée française combat les rebelles. De nombreux dialogues montrent l’état d’esprit des officiers de Saint-Cyr : « Soyons prêts au sacrifice suprême si la grandeur de la France l’exige un jour ! »
Selon Laurent Dandrieu, journaliste à Valeurs actuelles, ce film a été « longtemps relégué dans l’enfer cinéphilique pour cause de patriotisme militariste ». Il s’inscrit en effet dans une série de films patriotiques aux côtés notamment de ceux de Marcel l’Herbier. Pourtant à l’époque, ce film connut un grand succès. A l’inverse de l’Angleterre, entre les deux-guerres, la France produisit peu films exaltant l’œuvre colonisatrice.
Le cinéaste Jean-Paul Paulin (1902-1976) est, lui aussi, tombé dans l’oubli. Fils du sculpteur Paul Paulin, il réalise en 1933 Pas besoin d’argent, film qui dénonce l’arnaque financière. Puis il part tourner en Somalie italienne L’Esclave blanc (1934) et montre ainsi au public la vie coloniale. De retour en France, Paulin signe en 1937 La Danseuse rouge, film d’espionnage, et Les Filles du Rhône, film provençal. En 1939, à la veille de la guerre, il tourne deux films patriotiques : Trois de Saint-Cyr puis Le Chemin de l’honneur. Si Paulin déteste l’occupant allemand, il ne cesse pas de tourner pendant la guerre. Libre adaptation de la Nativité transposée sur fond de l’Exode de 1940, La Nuit merveilleuse (1940) est encensée par le Maréchal Pétain qui en parle publiquement comme de son film préféré. Il y avait de quoi desservir Paulin une fois la France libérée… Après L’Homme qui vendit son âme (1943), adaptation faustienne, Paulin signe en 1944 son unique film en costumes d’époque, Echec au Roi, qui ne sortira sur les écrans qu’après la Libération.
Trois de Saint-Cyr est un témoignage très intéressant sur l’armée française de l’époque. Tandis que les officiers exaltent la patrie française, l’armement mis à leur disposition par le Front populaire paraît archaïque. On comprend mieux la défaite de 1940…
Les bonus sont nombreux :
– entretiens avec les généraux Jardin (président de l’association des amis du Musée du Souvenir) et Delort (président de La Saint-Cyrienne),
– documentaire Sommes-nous défendus ?, réalisé en 1939, dressant de manière glorieuse l’état des forces armées françaises.
– documentaire ECPAD Les Saint-Cyriens de 39, quelle histoire !, réalisé en 2001.
– documentaire ECPAD Nos Cyrards à Coëtquidan, réalisé en 1957. Il décrit la prestigieuse école depuis son installation à Coëtquidan.
Trois de Saint-Cyr, Les Documents Cinématographiques, 19,95 euros.
Disponible sur le site internet lesdocs.com
Sont également disponibles sur le site lesdocs.com d’autres films patriotiques des années 1930, aujourd’hui tombés dans l’oubli : La route impériale (Marcel l’Herbier, 1935), Entente cordiale (Marcel l’Herbier, 1939), Le chemin de l’honneur (Paulin, 1939)…
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