29/11/2014 – 08H00 Rennes (Breizh-info.com) – C’est acquis, les prochaines élections régionales (23 novembre et 6 décembre 2015) se dérouleront dans le cadre de la Bretagne à quatre départements, comme en 2010. En effet, la loi relative à la délimitation des régions, en son article 1er, prévoit la création de douze régions (plus la collectivité territoriale de Corse), dont l’une, dénommée «Bretagne», est constituée par les départements des Côtes d’Armor, du Finistère, du Morbihan, et de l’Ille et Vilaine. La Loire-Atlantique, elle, continue à appartenir au conglomérat dit Pays de la Loire.
Grâce à la détermination de Jean-Yves le Drian, la Bretagne (4) a échappé à la fusion avec les Pays de la Loire. On le sait, la nouvelle carte des régions a été établie dans la précipitation.
Jusqu’à la dernière minute, Ayrault a tenté de faire plier le très élastique Hollande. A coups de SMS et de conversations téléphoniques, l’ex Premier ministre a fait valoir que, s’il ne désirait pas de «mariage artificiel entre régions», il ne voulait pas pour autant que « les Pays de la Loire restent seuls» : « il y a une véritable logique à nous rapprocher de la Bretagne ». Refus de Jean-Yves Le Drian qui, à l’arrivée, l’a emporté .
On peut parler de véritable privilège si l’on compare à ce qu’il s’est passé à l’Est où l’Alsace a fait l’objet d’un mariage forcé avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne. Mais les Alsaciens ne disposaient pas d’un ministre nommé Le Drian ! «je n’ai jamais pris mes ordres à Paris. La Bretagne c’est la Bretagne et les Bretons décident en Bretagne » déclarait fort justement l’ancien Président de Région. (Ouest France, 22 mars 2010).
Guillaume Tabard, dans Le Figaro (19 novembre 2014) a entrepris de procéder à des projections à partir des résultats des récentes élections européennes (25 mai 2014). En ce qui concerne la Bretagne (4), la répartition des forces telle que le voit M. Tabard semble contestable. Mais elle lui permet de considérer que la victoire de la droite en Bretagne (4) est «possible».
En effet ce dernier distingue cinq groupes principaux : le Front national (17,10% des suffrages exprimés en mars 2014), Debout la France à 2,96%, la droite (UMP+UDI+Force Vie) à 32,2%, la gauche (PS+EELV+Nouvelle donne) à 29,8% et enfin le Front de gauche à 5,02%.
Vision parisienne qui amène le journaliste vedette du Figaro à oublier que la contrainte, la nécessité et le souci de préserver le casse-croûte l’emportent sur tout autre considération. Sans oublier les sondages qui servent de boussole aux responsables politiques …
Les bases qui soutiennent le raisonnement de M. Tabard méritent d’être passées en revue. « Nous n’avons pas intégré les listes Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan au bloc droite, ses électeurs pouvant se répartir équitablement au second tour entre l’UMP et le Front National.». C’est oublier que, socialement et sociologiquement, tout sépare les clientèles électorales de DLF et du FN. Dans le premier cas, la famille «droite nationale» s’adresse à une clientèle bourgeoise, souvent «Vieille France» qui se sent d’abord de droite donc soucieuse au second tour de barrer la route à la gauche ; le vote pour l’UMP s’impose alors. On ne se sent pas d’appétence pour le FN, d’autant plus que l’électorat DLF, s’il se veut souverainiste, pratique également le libéralisme en économie. Tout le contraire des troupes du FN qui se recrutent principalement dans les classes populaires.
« De même, les listes du Front de gauche n’ont pas été totalisées avec le bloc de la majorité, le soutien des communistes et de Jean-Luc Mélenchon au PS semblant exclu.». Là encore, Guillaume Tabard nous livre une analyse parisienne. Si, effectivement, au niveau national, Pierre Laurent (PCF) et Jean-Luc Mélenchon taclent régulièrement le PS et le gouvernement, à l’échelon local, le réalisme et l’absence de goût particulier pour le suicide entrainent un autre comportement.
En Bretagne (4), le Front de gauche – c’est à dire essentiellement le PCF – a besoin de l’alliance avec le PS pour survivre aux régionales. Sans Le Drian et des places bien au chaud sur la liste de gauche, c’est le naufrage et Pôle emploi pour les six militants communistes élus conseillers régionaux grâce au rassemblement en 2010. D’autant plus qu’après avoir obtenu 5,02% des suffrages exprimés aux élections européennes en Bretagne (4), on ne prendra pas le risque de constituer une liste autonome. L’assurance-vie de Daniel Gilles, Sophie Lemoine, Gérard Lahallec, Josiane Corbic, Gaëlle Abily et Eric Berroche s’appelle Jean-Yves le Drian. Car le mandat de conseiller régional est important lorsque l’on vit de la politique : additionner cette indemnité avec celle d’adjoint au maire ou de vice-président d’une communauté de communes permet de vivre.
C’est encore plus vrai pour Gérard Lahellec qui est vice-président du conseil régional.
D’où notre pari : en décembre 2015, il n y aura pas de liste DLF aux élections régionales en Bretagne (4). Après avoir récolté 2,36% aux élections européennes, il est plus habile de négocier deux ou trois places sur la liste de droite (Malgorn ou Le Fur) ; avec l’espoir d’obtenir une élu. Quand à l’existence d’une liste Front de gauche, il ne faut même pas y songer. Pour Lahellec et ses amis, il y a mieux à faire …
On peut donc imaginer que sur la ligne de départ des élections régionales on trouvera quatre blocs principaux : la gauche (PS + EELV + FG + Nouvelle donne + UDB) avec un potentiel de 37%, la droite (UMP+UDI+DLF+Force vie + UPR) à 35%, le FN à 17% et Christian Troadec à 7%. Bien entendu, des listes dites alternatives à droite comme à gauche, mais aussi à l’extrême gauche, peuvent se partager le petit 5% que leur auront laissé les quatre principaux compétiteurs.
Monter une liste pour les élections régionales n’est pas une partie de plaisir. Il faut un leader, de l’argent et 91 volontaires pour figurer sur la liste, ce qui limite grandement les ambitions des petits partis.
Cette prévision perdrait évidemment toute valeur si, d’ici décembre 2015, la gauche en général et le PS en particulier connaissaient un effondrement dans les intentions de vote. C’est ce que nous indiqueront les sondages et les résultats des élections départementales du mois de mars.
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Une réponse à “Elections régionales : le point à un peu plus d’un an”
c’est vraiment la politique vue par le petit bout de la lorgnette!
les élus seraient seuls a décider des choix politiques de leur mouvement/partit, avec comme seule considération de sauver leur casse-croute.
dans cette période complexe, bien malin qui peut prédire ce qui ce passera.
pour le fdg je prends le pari qu’il ne sera pas avec le PS. rdv dans quelques mois.