Ce n’est pas la première fois que les responsables français – le président, le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et celui de la Défense se contredisent, parfois à quelques heures d’écart, ce qui ne manque pas d’ailleurs d’énerver les Russes. Cela dit, avec la double épée de Damoclès de la compensation (jusqu’à 10 milliards d’euros) et du risque d’annulation du super-contrat avec l’Inde les marges de manoeuvre de la France sont de plus en plus réduites.
Et cela d’autant plus que deux nouvelles pistes proposées par des lobbyistes pro-ukrainiens (notamment Bernard-Henri Lévy) au gouvernement français pour donner une autre destination au Mistral semblent s’être effondrées dans les derniers jours. Rappelons qu’il était d’abord question de les vendre au Canada – ce qui n’a pas marché puisque les navires sont aux standards russes, puis à l’OTAN qui n’en avait pas les moyens.
L’une de ces pistes de la dernière chance était de fourguer les BPC à l’UE, pour qu’ils deviennent l’embryon de forces navales communes dont la naissance est retardée d’année en année depuis une décennie. Mais l’UE n’a pas les moyens non plus alors qu’elle cherche désespérément 300 milliards d’euros d’investissements pour son plan de relance. La seconde piste était de faire racheter le Mistral en commun par les oligarques ukrainiens. Il n’est pas étonnant que ceux-ci, très occupés à privatiser par des moyens plus ou moins illégaux les grandes entreprises de leur pays, aient refusé.
On se demande d’ailleurs ce que l’Ukraine pourrait faire des Mistrals alors que la décision vient d’être prise de transformer sa flotte en flottille et de la transférer du grand port maritime d’Odessa das le port fluvial de Nikolaiev – près des chantiers navals du même nom qui ont jadis construit des porte-avions à l’époque de l’URSS mais qui sont aujourd’hui quasiment à l’arrêt. Rappelons que la flotte ukrainienne est composé de 7 navires dont 6 des années 70 et 80 et un de 1993 (Hetman Sagajdachny) et d’un sous-marin. Leur capacité à mener des opérations militaires est très limitée du fait de leur obsolescence et du manque d’entretien. Les infrastructures d’accueil et de réparation des navires en Ukraine sont elles aussi complètement obsolètes (quand elles n’ont pas été démontées) et nécessitent une refonte totale pour pouvoir accueillir des navires modernes tels que les BPC Mistral.
Photo : DR
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