Macbeth (Orson Welles), général de l’armée de Duncan (Erskine Sanford), roi d’Écosse, vient de remporter une guerre contre un prétendant au trône d’Angleterre. Sur la lande désertique, trois sorcières maléfiques lui livrent une prophétie : après avoir été nommé comte de Cawdor, il deviendra roi. La première prophétie se réalise : Macbeth est nommé comte. À peine vient-il d’être anobli que déjà il convoite le pouvoir royal. Poussé par l’ambition de sa machiavélique épouse, Lady Macbeth (Jeanette Nolan), il assassine le roi pour accéder au trône. Rongé par les remords, Macbeth sombre dans la folie : il croit voir le spectre du roi à son banquet de couronnement. Son épouse tente de le ramener à la raison : « what is done can’t be undone » (ce qui est fait est fait). Mais il répète sans cesse : « blood appeals blood » (« le sang appelle le sang »). Il devient un tyran sanguinaire. Mais les soupçons qui l’accusent du meurtre s’accumulent. Malcolm (Roddy McDowall), l’héritier naturel du royaume, organise une armée pour le destituer. La plupart des sujets rejoignent cette rébellion. À sa cour ne restent plus que les pleutres et arrivistes. Sa femme sombre dans la démence avant de se suicider. Les trois sorcières livrent une nouvelle prophétie : Macbeth sera destitué lorsque la forêt se mettra en mouvement ! Effectivement, déguisés derrière des arbres coupés, les soldats de Malcolm s’approchent du château de Macbeth. Macbeth est éliminé devant une multitude de soldats arborant au bout de leurs lances des croix celtiques…
Macbeth est un film américain réalisé par Orson Welles en 1948, d’après la pièce de William Shakespeare. C’est l’une des plus réussies des innombrables adaptations cinématographiques des œuvres de Shakespeare. La première adaptation est Roi Jean (1898), composé de quatre scènes tournées en plein air. En 1900, Sarah Bernhardt manie l’épée dans Hamlet. En 1907, Georges Méliès tourne La mort de Jules César. Même D. W. Griffith réalise une Mégère apprivoisée en 1908. Entre les deux guerres mondiales, Shakespeare est adapté par de grands réalisateurs (George Cukor, Ernst Lubitsch…). Mais les meilleures adaptations sont l’œuvre de deux acteurs-réalisateurs aux styles différents : Laurence Olivier (Henry V en 1944, Hamlet en 1948, Richard III en 1955) et Orson Welles (Macbeth en 1948, Othello en 1952, Falstaff en 1965). Joseph Mankiewicz réussit une spectaculaire adaptation de Jules César (1953), avec Marlon Brando en Marc Antoine. Une nouvelle série d’adaptations est menée dans les années 1990 par Kenneth Branagh : Henry V (1989), Beaucoup de bruit pour rien (1993), Hamlet (1996), Peines d’amour perdues (2000) et Comme il vous plaira (2006). Kurosawa s’inspira également de Shakespeare en adaptant au Japon médiéval Macbeth (Le château de l’araignée, 1957) et Le Roi Lear (Ran, 1985).
Le célèbre dramaturge anglais William Shakespeare écrit sa tragédie Macbeth en 1606, en s’inspirant de la vie du roi d’Écosse Macbeth, qui régna de 1040 à 1057. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Orson Welles entend reprendre au cinéma la mise en scène de la pièce de théâtre Macbeth qu’il vient de jouer. Mais Orson Welles estime qu’un théâtre élégant et précieux s’accorde mal avec les histoires tourmentées et violentes de Shakespeare.
Il utilise de nombreux effets cinématographiques (plongée, contre plongée…) pour donner du mouvement. Plusieurs scènes d’esprit expressionniste rappellent le cinéma muet d’Eisenstein. Dans un décor de carton-pâte réalisé intégralement en studio, des soldats arborent de lourds casques d’aciers et brandissent des croix celtiques. Cette atmosphère mortuaire et fantasmagorique permet de mieux dénoncer les effets néfastes de l’ambition. Il insiste sur la souffrance intérieure du personnage suite à sa trahison.
En arrière-plan de ce drame moraliste, Orson Welles évoque également la lutte entre l’ordre religieux païen ancien, symbolisé par les fourches des maléfiques sorcières, et le christianisme à travers les croix celtiques.
Welles parvient ainsi, en seulement vingt-trois jours de tournage, à réaliser un chef d’œuvre. Mais ce film de 107 minutes est un échec commercial lors de sa sortie, en 1948, dans les pays anglo-saxons. Le public américain lui reproche alors l’accent écossais que les acteurs imitent. En 1950 sort un second montage de Macbeth de 85 minutes avec de nouveaux dialogues.
Ce chef d’œuvre vient de sortir en DVD et en Blu-Ray.
Macbeth, 2 DVD 20,06 euros ou 2 Blu-Ray, 25,07 euros, éditions Carlotta.
Film en version intégrale de 1948 (DVD 1 – 114′) et version cinéma de 1950 (DVD 2 – 82′).
Cette nouvelle édition contient de nombreux bonus : « MacBeth maudit » (lecture du film par Denis Lavant), « Les deux MacBeth d’Orson Welles » (analyse de François Thomas),
« Welles et Shakespeare » (analyse de Jean-Pierre Berthomé), « Le château et la lande… » (analyse du décor du film par Jean-Pierre Berthomé), « Le bruit et la fureur » (entretien avec Stuart Seide), « MacBeth Vaudou » (les seules 4 minutes filmées du « Macbeth Vaudou » monté au théâtre par Orson Welles en 1936 avec des acteurs afro-américains !), « MacBeth » (enregistrement discographique réalisé par Orson Welles en 1940, avec ses acteurs du Mercury Theatre).
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