22/11/2014 – 09h00 Bretagne (Breizh-info.com) – Dans un communiqué adressé à la presse concernant la réforme territoriale, le Front national semble ne pas savoir sur quel pied danser pour à la fois plaire à une partie de son électorat tout en ne reniant pas ses fondamentaux – étatistes et centralisateurs.
Ainsi, si en préambule le parti de Marine Le Pen déclare considérer « que culturellement et historiquement, la Loire-Atlantique a vocation à rejoindre la Bretagne.» tout en appelant à un référendum sur la question, la suite du communiqué ne laisse pas de doute quand aux intentions du parti en cas d’accession au pouvoir : « Cependant, économiquement, cette réunification ne doit pas se faire au détriment de certains territoires bretons, et particulièrement du Finistère, qui risqueraient d’être pénalisés par un renforcement de l’axe Rennes-Nantes. C’est la raison pour laquelle le Front National et le Rassemblement Bleu Marine insistent sur la nécessité d’un état fort, stratège et garant de l’aménagement équilibré des territoires et réaffirment leur volonté de maintenir les départements, échelon indispensable pour assurer le lien de proximité entre les citoyens et les centres de décision.». Traduction : tout le pouvoir pour les départements, rien pour la région.
Une interprétation confirmée par la suite du communiqué dans lequel le FN « s’oppose bien évidement à la création d’une assemblée territoriale, dotée de pouvoirs réglementaires, qui affaiblirait considérablement le rôle de l’Etat et risquerait à terme d’aboutir à une République fédérale. Il convient de rappeler que cette volonté politique de l’UMPS de créer des supers régions répond avant tout au dogme libéral de la Commission de Bruxelles qui vise à détruire les états-nations. Cette ligne politique serait désastreuse pour la France qui verrait ses régions se concurrencer non seulement au sein de l’Union Européenne mais aussi à l’intérieur même de son territoire national. La Région doit être une structure de concertation et de décision uniquement pour les grands projets à vocation interdépartementale. ».
Et les marinistes de menacer d’une quasi catastrophe la région Bretagne en cas d’autonomie partielle : « La Bretagne a besoin de l’Etat français pour préserver son identité et son modèle économique. Seule, elle serait livrée à la mondialisation sauvage. Elle n’aurait aucun moyen pour faire face aux flux migratoires croissants et à la concurrence économique déloyale voulue par les ultra-libéraux et les firmes multinationales.»
« Les seules réponses que souhaite apporter Marine Le Pen pour la Bretagne , c’est l’intervention de l’Etat partout. C’est désespérant, mais c’est dans l’ADN de ce parti. Pourtant, un discours régionaliste même modéré lui ferait gagner rapidement 10 points en Bretagne.» souligne un adhérent finistérien qui concède : «toutes les semaines , je me dis que je vais renvoyer ma carte. Ca va finir par vraiment arriver car la base historique dont je fais partie s’identifie de moins en moins à ce parti perclu d’incohérences, surtout depuis l’arrivée du courant Philippot. C’est la petite Marion qui me fait rester ! ».
L’opération conquête de la Bretagne initiée par Marine Le Pen et le Front National séduit une partie croissante des électeurs en Bretagne, notamment sur les questions d’immigration et de solutions pour faire face à la crise sociale. Mais cette opération pourrait rapidement être freinée et perturbée par le discours Etatiste, néo-chevénementiste, distillé par la ligne Philippot – les derniers sondages montrant des Bretons et notamment les plus jeunes désireux de plus d’autonomie régionale – voir même d’indépendance – et d’une liberté d’entreprendre incompatible avec ce Front National version 3ème République.
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5 réponses à “Réunification. Le Front national sous influence chevènementiste”
Il y a déjà un moment que la Marine a dit qu’elle était contre les régions qu’elle veut supprimer si elle arrive au pouvoir ! alors elle aussi ment comme le PS et comme l’UMP ! quand à Chevènement il pourrait adhérer sans problème au FN il a beaucoup d’idées en commun !
Instrumentaliser le FN pour nuire à la clase politique dans un vote pourquoi pas ! C est ce que fait la classe politique française chaque fois que ça les arrange Ce que je note tout de même Jean Marie Le Pen était Poujadiste alors que Marine est disons- le étatiste voir communiste ! Tant que les Bretons n’auront pas des chémasd’organisation propre a eux même je crains qu il y est peu d’espoir au changement !!
Dans le document lié il y a une grosse erreur; le sondage de décembre 2012 indique bien que 18% (5% tout à fait favorables et 13% assez favorables) des Bretons sont favorables à l’indépendance mais il indique aussi que 26% (10% tout à fait favorables et 16% assez favorables) des moins de 35 ans le sont (et non pas 53%).
Que peut bien vouloir dire »assez favorable à l’indépendance » ? L’indépendance est ou n’est pas; on est pour l’indépendance ou contre l’indépendance mais on ne peut pas être à moitié pour l’indépendance. Il est permis de penser que ceux qui ont répondu favorablement à cette proposition ont voulu dire qu’ils étaient favorables à une forme d’autonomie plus ou moins étendue sans être pour l’indépendance.
Il est intéressant de noter que le contingent de Bretons les plus favorables à l’indépendance (27% tout à fait favorables et 20% assez favorables) se dit proche du Front national ! Les électeurs de gauche (4% tout à fait favorables et 11% assez favorables) sont moins favorables que la moyenne générale et trois fois moins favorables que ceux qui sont proches du Front National.
Ces chiffres illustrent deux réalités: d’une part,l’enracinement régional est faible chez les gens de gauche ce qui explique en partie la faiblesse extrême des scores de l’UDB et d’autre part, les électeurs du FN, bien que fortement enracinés dans la région, votent pour le FN parce que leur priorité est la lutte contre l’immigration laquelle est, pour eux, une préoccupation majeure.
La problématique régionaliste est, d’une façon générale, très secondaire pour les Bretons; c’est la raison pour laquelle les partis régionalistes font des scores aussi médiocres.
Il est donc très peu probable que le FN obtiendrait 10% de voix supplémentaires s’il tenait un discours régionaliste. En fait, le vote FN est aujourd’hui ordonné à l’attitude des électeurs à l’égard du problème majeur qu’est l’immigration. Ses électeurs sont issus désormais de tout l’arc électoral et ils ne se demandent pas si le FN a ou non un bon programme économique ou s’il est trop centraliste; ils votent contre l’immigration. Je connais des cadres dirigeants d’entreprises qui ont voté depuis toujours pour le RPR et l’UMP et qui, tout en rejetant le programme économique du FN, votent désormais pour ce parti parce qu’ils veulent voter contre l’immigration. C’est leur seule motivation. En ces temps de submersion démographique, les électeurs n’accordent que très peu d’importance aux considérations sur l’organisation territoriale du pays lesquelles s’apparentent un peu aux débats sur le sexe des anges que menaient certains byzantins tandis que les Turcs escaladaient les murailles de Constantinople.
Tout à fait d’accord, le Front National peut dire à peu près n’importe quoi sans en subir beaucoup de conséquences, tant qu’il reste anti-immigration, car il s’agit là du problème politique le plus important aux yeux d’une fraction croissante de l’électorat.
Le cas n’est pas propre à la France. Au Royaume-Uni, l’UKIP a récemment fait passer la revendication anti-européenne (le « I » de son nom signifie « independence ») au second plan par rapport à la question de l’immigration.
Et un peu partout en Europe, bon nombre de partis commencent à introduire doucement le thème de l’immigration dans leur discours alors qu’il en était totalement banni jusqu’à présent. Bruno Le Maire trouvait l’an dernier que l’UMP ne parlait pas assez aux immigrés. En février, il préconisait une immigration choisie. A présent, il réclame un durcissement de Schengen. Cela signifie-t-il que Le Maire a changé ? Plus probablement, il s’adapte à l’électorat UMP dans la perspective de l’élection à la présidence du parti.
Le phénomène est remarquable. Dans l’histoire des idées politiques, presque toujours, des hommes politiques ont été précurseurs : ils ont lancé des idées qui se sont peu à peu développées dans l’opinion. Avec la lutte contre l’immigration, on a l’inverse : l’opinion impose peu à peu aux hommes politiques un thème sur lequel ils se voulaient sourds, muets et aveugles.
Le fait que les Français se tournent vers le FN par réflexe anti-immigration ne doit pas empêcher les observateurs politiques – et donc pas l’électeur de base – d’attirer l’attention sur l’incroyable escroquerie que représente le Front National sur le sujet.
Le Responsable du FNJ qui dépend directement de Marine Le Pen a déclaré sur TVLibertés qu’il n y avait pas de grand remplacement de population en France.
Partout au sein du FN, on voit des candidats « issus de l’immigration » montrer le bout de leur nez.
Le droit du sang n’est plus d’actualité pour ce parti.
L’assimilation devient la règle.
Bref, oui le FN capte les voix des anti-immigration, mais oui c’est une escroquerie caractérisée tant les faits – y compris sur le terrain – montrent que ce parti laisse faire.
Un FN courageux aurait instauré la priorité nationale dans les mairies qu’il détient et permis ainsi, par la sanction, un débat de société de s’ouvrir.
UN FN courageux ferait descendre les gens dans la rue à Calais.
Mais FN et courage (voir honnêteté) sont deux mots que tout oppose;