Les principaux objectifs de la Banque centrale européenne (BCE) étaient de maîtriser l’inflation et d’assurer la stabilité financière dans la zone €uro. Quelles sont ses priorités aujourd’hui ?
– Faire baisser l’euro : elle n’y parvient pas, elle est impuissante. C’est la baisse des monnaies périphériques à l’euro qui fait mécaniquement grimper la devise européenne. Un constat d’impuissance face aux dévaluations du dollar, de la livre sterling et du yen.
– Doper la croissance économique de la zone euro. Les banques commerciales privées ne remplissent pas leur rôle, préoccupées qu’elles sont par la spéculation sur les marchés financiers leur permettant ainsi de consolider leur bilan.
– Prévenir le risque de déflation. C’est « l’arroseur arrosé ». Les plans d’austérité imposés par la Troïka, la BCE en tête, le FMI et l’Union européenne ont « plombé » la consommation des ménages européens. Combien de millions d’Européens sont-ils à la rue sans le minimum vital pour vivre ? Combien de jeunes Espagnols, Portugais et Grecs ont-ils été contraints de quitter leur pays pour un avenir plus clément ? La liste des dégâts n’est malheureusement pas exhaustive.
Comment les dirigeants de la BCE peuvent-ils s’en émouvoir aujourd’hui ? Son président Mario Draghi (un des anciens dirigeants de Goldman Sachs) a perdu de son verbe, de sa supériorité voire de sa suffisance !
Quels sont les moyens conventionnels dont dispose la BCE pour renverser la tendance ?
La baisse de son taux directeur (taux de refinancement des banques commerciales au guichet de la BCE).
Faire entrer en territoire négatif la rémunération des dépôts des banques au guichet de la BCE.
Le moyen non conventionnel dont l’Allemagne ne veut pas entendre parler : le rachat de dettes souveraines de pays en difficulté dans la zone euro par la BCE. Autrement dit, la mutualisation de la dette, les pays forts payant pour les pays faibles.
Sur le sujet de la dette, que peut-on dire ?
L’Etat emprunte 1 milliard d’euros tous les 5 jours soit peu ou prou 6 milliards par mois ! Sur les deux premiers mois de l’année 2014, les Français ont épargné en assurance-vie 22 milliards d’€uros!
Cela prouve que la France peut s’autofinancer sans l’aide des investisseurs étrangers et conserver ainsi son indépendance financière. Il ne s’agit pas de confisquer l’épargne des Français. Ils auraient une créance sur l’Etat qui leur verserait un intérêt annuel sur une durée déterminée avant remboursement du capital. C’est ce que font les Japonais pour financer leur économie sans avoir recours aux capitaux extérieurs. N’y-a-t-il pas là, l’un des moyens de responsabiliser les Français au lieu de les infantiliser comme on le fait depuis de trop nombreuses années ?
Et que dire de la loyauté de nos partenaires européens ?
L’Allemagne ne vend-elle pas ses produits à ses partenaires de l’Union européenne avec de confortables marges lui permettant de vendre les mêmes produits à des prix plus compétitifs au reste du monde ?
Dernièrement, l’OCDE n’a-t-elle pas exhorté l’Allemagne à réduire ses inégalités sociales ?
Les Allemands ne sont pas les seuls « à jouer perso ». Que dire de la grande braderie salariale à laquelle se livrent les Espagnols, les Portugais, les Italiens, les Irlandais ?
Sauve qui peut ! C’est du chacun pour soi ! Dans ces conditions, les égoïsmes nationaux l’emportent sur le collectif de l’Europe que nous ont vendu les hommes politiques de droite comme de gauche !
Pour sortir de la crise, sortons de l’euro !
Thierry Hardouin
Conseiller financier
Crédit photo : : khardan/Wikimedia (cc)
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4 réponses à “L’impuissance de la BCE en dépit du verbe de Mario Draghi [Tribune libre]”
Confier l’épargne des Français à l’Etat en échange d’un titre de créance ? Mais c’est déjà le cas : une bonne partie de l’assurance-vie est placée en obligations d’Etat. Corrélativement, le jour où la France se déclare en cessation de paiement, une bonne partie de l’épargne est perdue !
On n’en est pas là, le pays rembourse encore ses dettes — mais il ne le fait qu’en souscrivant de nouveaux emprunts. On n’ose plus rêver à un éventuel désendettement, et maintenant que le plafond pourtant raisonnable des 60 % du PIB est largement enfoncé, on ne voit pas où le dérapage s’arrêtera : quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limite…
En somme, la France a réinventé les obligations perpétuelles, créées au début du 19ème siècle pour tenter de remédier aux dégâts financiers de la révolution. Comme déjà à l’époque, les coupons sont faibles mais sans limitation de durée. Ce qui ne dérange pas les prêteurs puisqu’eux-mêmes se refinancent à pas cher (tiens, justement, auprès de la BCE).
Mais si ces obligations ont l’air perpétuelles, elles ne le sont pas : que les taux remontent ou que les prêteurs s’en aillent et le système s’effondre. Ce qui arriverait instantanément si la France quittait la zone euro : les prêteurs, qui ne sont pas fous, refuseraient de transformer leurs créances en une monnaie, le « nouveau-nouveau-franc », dont la vocation avérée serait de recréer de l’inflation — donc de baisser par rapport aux autres monnaies. Les financiers avisés fileraient en vitesse, la France n’aurait d’autre choix que de spolier ses épargnants.
La France est vis-à-vis de sa dette en euros comme une vieille belle liftée à bloc de partout : de peur que toutes les coutures lâchent, elle n’ose même plus sourire. Sans parler de péter un bon coup.
Un sizième seulement des fonds d’assurance-vie sont prêtés à notre Etat et autant aux autres Etats européens. Dans la mesure où l’épargne financière annuelle des Français est de l’ordre de 80 milliards d’euros, il serait possible de faire comme les Japonais dont la dette nationale est entièrement entre les mains des citoyens-épargnants. Il serait possible de ne plus passer par le canal des banques et autres institutions financières mondialisées qui prélèvent une dîme totalement injustifiée.
Ceci dit il est évident que nous devons mettre un terme à certaines gabegies de l’Etat et des collectivités locales et même diminuer drastiquement les dépenses de ces dernières. Mais nous devons aussi mettre un terme à l’évasion fiscale (60 milliards d’euros par an), aux niches fiscales injustifiées (30 milliards d’euros par an) et à la fraude sociale (30 milliards d’euros par an) sans parler des coûts de la politique migratoire (entre 20 et 120 milliards d’euros par an selon les analystes, la vérité devant se situer environ au milieu). Tout cela fait beaucoup d’argent (120 voire 190 milliards par an); suffisamment pour résoudre nos problèmes.
l’euro est le résultat d’un pouvoir politique et non monétaire qui voulait qu’au début des année 90 et à la suite du MUR DE BERLIN la France ne voulait pas que l’ Allemagne ne s’oriente vers les pays de l’Est . Et si aujourd’hui la BCE est une copie de la Banque Fédèrale Allemande celà nous prouve que l’Europe ne se fera pas au bruit des bottes mais plutôt au bruit de l’Euro emmené par une chanceliere d’origine d’Allemagne de l’EST et qui ne soucis à aucun moment des pays les plus pauvres de la zone . La Grèce et son peuple fut montrer du doigt , ne pouvant pas se montrer à la hauteur des autres pays , donc l’Europe lui a infligé la pire honte en nommant des tuteurs Allemands pour la gouverner et suivre son budget alors que les premiers fautifs sont les banques privées ( Credit Agricole ….) qui suite a de mauvais placements ont ruinés de nombreuses entreprises de ce pays .
alors sortons oui de cette Europe monétaire , mais gardons et restons confiant dans nos pays que nous aimons et dont nous n’avons pas honte .
Oui l’€ est un projet politique, les mathématiques ont été oubliées.
L’idée était de mettre ce machin en route et d’éspérer
ensuite fédérer fiscalement, socialement … Normalement on fait l’inverse.
La méthode du passage en force par le fait accompli.
Exactement le même raisonnement pour le parlement européen. Ce parlement n’a aucun
intérêt puisqu’il ne peut proposer une loi.
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C’est un raccourci de dire que la dette est libellée en €.
Pour chaque obligation, il faut lire le droit applicable et il réfère encore aux nations.
Pour la dette française que je crois que c’est à 97% le droit français.
En cas de sorti de l’€, le parlement peut aussi légiférer.
Accessoirement les dettes ne sont plus remboursables.
Les créanciers sont sensés le savoir.
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Mon avis est que la sorti de l’€ est inévitable, juste une question de timing.
Mais chaque année qui passe implique une secousse plus forte.
Avant il y avait des dévaluations régulières, cette fois ça sera en 1 fois.