Pierre Grumberg, rédacteur en chef-adjoint du magazine « Guerres et Histoire », est allé voir Fury…. Il est revenu…. et il n’est pas content… Voilà ce qu’il en pense.
Attention, spoiler ! Certains éléments du scénario sont dévoilés dans cette critique. Si vous voulez préserver le suspens (?), lisez ce texte après avoir vu le film. Pas qu’on vous encourage à y aller…
Fury, le film de David Ayer, décrit 24 heures de la vie d’un équipage de Sherman (modèle A4A3E8, avec canon de 76 mm long, pour les puristes) de la 2e division blindée américaine (Hell on Wheels), commandé par le sergent Don « Wardaddy » Collier (Brad Pitt). L’action se déroule apparemment en avril 1945, la date n’étant guère plus précisée. Voilà pour le résumé de ce mauvais film. Pourquoi mauvais ? D’abord parce que fallacieux du point de vue historique. Contrairement à ce qu’explique le texte d’introduction, la 2e division blindée n’a pas terriblement souffert en Allemagne. L’affaire n’a rien eu d’une partie de plaisir, certes, et les Américains ont bien parfois, c’est vrai, rencontré une résistance acharnée et même quelques contre-attaques vicieuses (la 2e DBUS, aventurée du mauvais côté de l’Elbe le 14 avril, se fait ainsi écharper. Ses pertes s’élèvent alors à 6 tués, 23 blessés et 147 disparus, prisonniers pour la plupart). Rien cependant qui évoque l’enfer exposé dans le film, par un phénomène d’inversion assez courant dans le cinéma d’action américain : faire passer une armée victorieuse, à la supériorité écrasante, pour une victime. Pauvres Américains, en effet, dépourvus d’artillerie (à la différence des Allemands) et d’aviation de soutien, privés de personnel compétent, dirigés par des officiers à la limite du burn out ou des bleus incompétents… A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, mais tout de même, se retrouver coincé dans Fort Alamo au milieu du Reich en ruine d’avril 1945, c’est vraiment manquer de chance. Les vétérans contactés pour crédibiliser le film ont d’ailleurs pris soin de prendre leurs distances.
Un chiffre suffit à balayer l’absurde légende d’une résistance croissante dans le Reich : en avril 1945, l’armée américaine déplore 41 048 pertes (dont 9 269 morts), ce qui fait de ce mois l’un des moins meurtriers de toute la campagne d’Europe (la moyenne mensuelle est de 46 000, mois incomplets de juin 1944 et mai 1945 compris, ou 52 000 si on les exclue). Le quotidien de la 2e DBUS en avril 1945, c’est plutôt celui d’une avance record face à des troupes allemandes en pleine débandade. Et si, en abordant l’Elbe au milieu du mois, l’unité se retrouve dépourvue de soutien aérien, c’est parce que l’aviation tactique n’a pas eu le temps de suivre sa fulgurante avance.
L’histoire à grande échelle n’est pas seule malmenée. Le film est militairement inepte, bourré d’invraisemblances tactiques et technologiques grotesques. On voit l’infanterie attaquer debout en rangs bien serrés, les chars charger de front sans tenter la moindre manœuvre de débordement. Les Waffen SS, que l’on découvre hérissés de Panzerfaust, omettent inexplicablement de s’en servir quand ils sont confrontés à un unique char immobilisé. Enfin, l’inévitable Tiger (car d’évidence il ne reste plus que ça à la Wehrmacht en avril 1945) doit être impérativement tiré par derrière. Sans doute par goût des métaphores élégantes car le canon de 76 mm du Sherman est largement suffisant pour percer n’importe quoi aux distances figurées dans le film.
Ce grand n’importe quoi n’est guère étonnant de la part de David Ayer, tâcheron spécialiste des films d’action sans cervelle et dont la précédente incursion dans la Seconde Guerre (le scénario du calamiteux U-571, sorti en 2000) avait déjà déclenché une polémique. Le réalisateur y attribuait la saisie d’une machine Enigma dans un U-Boote aux Américains, alors que l’exploit revient aux Britanniques. Ayer se vante pourtant d’avoir lu des livres… Qu’il les ait compris est une autre histoire.
A propos d’histoire. On peut la violer à condition de lui faire un enfant, disait Alexandre Dumas. Est-ce que Fury, au moins, c’est du cinéma ? Les acteurs sont excellents (surtout Shia LaBeouf, le tireur), l’ambiance claustro du Sherman est bien rendue, et les amateurs d’action façon jeu vidéo seront satisfaits. Sorti de là… Ce porno guerrier, avec têtes éclatées, torches vivantes et cortège de pendus, ne va pas plus loin qu’une exposition complaisante de cadavres, un alignement de clichés éculés et ennuyeux. Il en ressort que, pour transformer un petit merdeux d’intellectuel en homme authentique, il faut dans l’ordre tirer dans le dos d’un prisonnier, coucher avec une Allemande (consentante, tout de même) et boire de la gnôle au goulot. L’absence de message est parfaitement acceptable – Sam Peckinpah ou Walter Hill ont fait de grands films sans ça – mais, là, le vide est intersidéral et l’on se prend à regretter le patriotisme un brin pleurnichard du Soldat Ryan. Il est vrai que Spielberg, lui, sait faire du cinéma.
Source : Guerres & Histoire
14 réponses à “Cinéma. « Fury », un film très éloigné de la réalité historique”
Un seul regret; que ce type de film n’ai pas été réalisé dans les années 60 avec comme conseillé militaire un certain Montorgé dit Jean Gabin qui lui a été en 1ère ligne (comme conducteur de char Sherman !) avec la 2ème DB de Leclerq. Mais à l’époque seul Fuller faisait des films « véridiques » étant lui aussi un ancien combattant !
Merci d’avoir confirmé mon sentiment premier concernant la vacuité de ce film ou le « bobo » Pitt s’en donne à cœur joie ! Vous m’avez fait économiser une place !
bonjour, que de commentaires de la part de personnes qui n’ont jamais fait la guerre, aussi spécialiste soit-il…
le film est bon, n’en déplaise à tout le monde. C’est un film, pas un documentaire.
De plus, il n’a jamais été dit dans le film que la 2DB Us avait souffert en Avril, mais que tous les blindés US avaient souffert pendant la guerre en Europe. Vu les pertes, je pense qu’il y a une once de vérité.
De façon générale, ceux qui veulent voir la « vérité/réalité » de la guerre ne devraient pas allé au cinéma, mais s’engager dans les forces armées, même française, chez les commandos, ils seront servis.
Un ancien militaire.
Article tout simplement stupide. Mon grand père a servi dans les Easy 8 (derniers Sherman que l’on voit dans le film) et je t’assure qu’il n’est pas possible de percer un Tiger en frontal à 400m, de même à 200 le résultat est identique pour la tourelle (mieux blindé car élément vital). Renseigne toi avant d’écrire de telles âneries, mon grand père t’en retournerait au moins 4 pour tous ses amis qui sont tombés mais comme tu dis « pas beaucoup de pertes »
Salut,
Je partage ton avis. Ce film est tiré d’une histoire vraie mais ne la retranscrit en rien.
Beaucoup d’incohérences dans le film : les Allemands en possession de missiles anti-char ne s’ en servent pas, ils visent comme des aveugles et n’arrivent à toucher aucun de nos héros, ils sont à découverts…
Le pire, je pense que c’est la fin, au moment où la caméra prend de la hauteur pour constater le nombre de pertes allemandes tombées sous le feu du Fury. Comment peut-on glorifier cette scène en qualifiant le personnage américain de héros alors qu’il y a tant de morts ?
Le seul point positif est que je pense que l’atmosphère de la guerre est bien retranscrite avec sa durete et son lot de cadavres, de prisonniers et de soldats démoralisé sur et exténués.
Je pense que film d’action, réalisé par un crétin dénué de morale et de respect pour les morts.
Je réponds un peu tard mais je ne peux pas vous laisser dire cela.
Pour les incohérences, je suis assez d’accord.
Mais pour la glorification de la scène finale, je ne suis pas d’accord. Cette scène est une antiphrase visuelle, elle montre l’absurdité de la situation. Il faut réfléchir, prendre du recul, se demander « ce que l’on aurait fait? ».
Ayer montre le contraire de ce que son personnage dit. C’est ce qui rend cette scène intéressante.
Ce film n’a pas de moral (comme Le loup de Wall Street de Scorsese). C’est au spectateur de ne pas tout prendre au premier degré.
Cette dernière scène est en en fait la parfaite représentation de ce que Georges Moss a décrit a posteriori comme « la brutalisation de la société ». La guerre n’est plus belle comme le laissait penser les dernières guerres d’anciens régimes (petite référence au Dormeur du Val de Rimbaud qui montre bien la guerre comme paisible). Ici on est entré avec l’utilisation du gaz, des obus et autres, dans la destruction massive. Cette scène est certes irréaliste mais n’est pas dénuée de sens.
Les incohérences sont présentes, mais il en résulte tout de même une correspondance avec les mentalités de l’époque.
Bonjour
je viens d’aller voir le film et bien c’est une belle connerie,si on doit tout détailler…mais le final c’est le pompon, entouré de Panzerfaust et résister c’est prendre les allemands pour des demeurés,le char qui est arrosé toute la nuit; une nuit qui tombe à la vitesse du son, et au matin il y a encore des sacs entier qui pendent sur le char….2 presses purées qui tombent dans la tourelle et le beau Brad n’est pas décomposé, sans compter les 3 balles de Mauser qui prend ( avez vous déja tiré avec un 98k pour voir les dégats que cela fait???) dans la poitrine et il survit…et encore et encore
Le metteur en scéne ou le traducteur devait faire la différence entre une sturmgewher et une thompson!
C’est un film de cowboy rien de plus
A propos de puristes. Le modèle A4A3E8 n’a jamais existé et le canon de 76 n’a jamais été court (Il fut avec ou sans frein de bouche). Montorge ? connais pas. Montcorgé oui, pas pilote mais chef de char sur un TD M10 Volwerine du RBFM. Percer un blindage de Tigre à 400m? Certes oui avec la munition HVAP du canon de 76 qui a une VI de 985 m/s. Idem pour le 17 pounder des Firefly. en 1945 le Allemands n’avaient pas de missile anti-char, les Panzer Faust et Schreck suffisaient largement. Pour les 3 balles de B. Pitt, passons pour le 98K, mais Le sturmgewher n’a jamais été une MG. Pour la véracité et le détail, les équipages U.S des Shermans étaient dotés de MG M3 « grease gun » et non pas de MP 45 Thompson. Concernant ce dernier, il n’y en avait qu’un par char, sanglé au dessus du SCR 508/528, et approvisionné à 20 chargeurs de 30 cartouches. Résultat, Grease gun, thompson et Colt 1911, tout en 45 cal. Le film et la réalité ? C’est quand même du cinéma pas une reconstitution historique. Il y a eu très peu de Shermans HVSS en service dans l’armée française (une dizaine tout au plus), et surtout, ils n’ont jamais constitué une unité.
Salut ,
je me permet de rebondir sur ton commentaire car tu m’a l’ai le plus sérieux de tous. Je me pose quelques questions . Tu pourras ainsi me confirmer ou m’infirmer sur quelques question que je me pose.
Tout d’abord lors de la scène ou le peloton se déplace en colonne vers la compagnie d’infanterie qui est au contact , on vois des Hitlerjugen tirer au panzerfaust à moins de 10 m à peine et faire flamber le char du chef de peloton . Je croyait que la charge creuse n’était efficace qu’à partir de 20 m.
Le chef de peloton est d’ailleurs super jeune pour être adjudant .Ce ne serait pas plutôt un sous lieutenant ?
Ensuite lorsque le peloton est dans le village , les tireurs se la jouent à la cowboy en shootant tous ce qui bouge sans se soucier des mecs à pieds qui grenouillent autour . Normalement les fantassins qui se baladent un peut partout autour des tagazou devraient être sonnés par les départ de coups non ? bon je sais ce n’est pas du 105 ou du 120 mais quand même !
Maintenant Brad Pit en tant que CP ou même en tant que SOA perso j’en veux pas ! Non mais sérieusement ! Le type il se fait prendre à partie à 3h par un tigre à 800 m .Les mecs font combat face à 3h , reculent dans les kékés , et repartent en bataille comme des cons face à un tank supérieur en blindage et en puissance de feux . Question des manuelles type ABC n’existait pas à l’époque ? Perso j’aurai laissé un tank fixer le tigre , pendant que je l’aurai débordé avec les deux autres pour le taper par derrière .
Bref un film sympas mais pas tout à fait exact que ce soit « historiquement « ou « tactiquement » parlant . Quelques bonnes scènes tout de même . Tout particulièrement celle ou les Sherman attaquent les Allemands dans leurs trous de combat .Ca m’a rappelé Stalingrad de Joseph Vilsmaier sortie en 93 .
Bon j’aurais bien plein d’autres questions à te poser mais je risque d’en écrire des lignes
Salut et par Saint Georges ………..
C’est quoi vos delires la!! Le film est juste parfait, trop touchante! C’est la premiere fois que je vois un film de ce genre avec des scenes vraiment réel mais pourtant il me fait voyager vers cet epoque que j’aimerais vivre juste une fois: c’est vrai que le realisateur a un peu abusé mais ça reste un film , ce n’est pas un documentaire !
Mouais, c’est vraiment chercher la petite bête ! C’est un film, américain de surcroît, c’est donc le point de vue cinématographique d’un réalisateur voulant offrir un divertissement sérieux, en parlant d’un sujet fragile certes, mais c’est un film, pas un documentaire. Je ne suis pas sur que les téléspectateurs recherche la véracité des faits dans ce genre de long métrage.
Alors pour la petite histoire et si vous voulez être vraiment pointilleux concernant des faits ou du moins des matériels réel : le sherman du film c’est un M4A2 76mm HVSS et pas M4A3E8…
Le seul élement sur lequel chui vrm daccord est la fin invraisemblable En realité 5 waffen ss muni d’arme anti char aurai pèté le sherman !
La fin resemblai plus a un film de Rambo ! Mais comment s’en étonner deux drapeau Americains ; Brad Pitt +Sherman + la plus grosse machine de propagande Americaine qu’est Hollywood donne qu’on dois leguer la fin du film au inculte et a la masse dépourvue de connaissence historique afin de bien les bourrer a notre guise … Pour se qui est du cannon du Sherman E8 ou du moin se qu’il y a sur les image du film , l’armé l’avais fais rajouter pour contrer justement le Tigre donc pas oubliger de le tirrer par derrière . Et comme l’histoire est ecrit par les vainceurs jexorte quiconque a gratter un peu … Ils pourron constater que certaines performance de l’armée allamande sortout la ss ressemblai drolement a la fin du film ex : dans les pays baltes durant leur retraite sur le front Est les allemands on tennu tete au russe pendant des mois avec seulement 16 char tigre contre 1850 t-34 drolement plus robuste et efficasse que le Sherman et avec des effectifs desastreusement inferrieur …. Tellement que malgré le fait que les allemend est retraiter et abandoné de Narva en Estonie et perdue le terrain l’histoire leur a atribuer une victoire défensive !!! Entk un équilibre dois etre fais entre le divertissement et la verité ….sans froisser l’inculte il faut tout de meme respecter la personnes informé si peu nombreux soit elle ….dsl ya bcq de fauteS
Pourrie votre critique mais ça doit faire bien de jouer les réfractaires le char deja est m4a2 comme a dit atom , dommage d’avoir joué les experts c’est pas un a3. Vouloir résumer le film dans une leçon de Collier (B,Pitt) disant qu’il faille tirer dans le dos coucher avec une allemande et boire pour devenir un homme est signe de n’avoir rien compris ou ne pas être capable de voir plus loin que son nez. B Pitt est affecté des choses qu’il inflige au jeune nouveau quil trouve etre un homme bon qui ressemble à son frère cf scènes coupées , le film n’a pas vocation à donner une leçon de vie ou de recette pour devenir un homme mais pour devenir un soldat qui écoute les ordres comme les autres et donc sauve la vie de ses camarades, minimiser les pertes est une chose si vous voulez sortir vos chiffres mais le manque d’armement de blindage face aux équipements allemands est un fait , L’accent est mis sur une équipe qui a traversé tous les fronts et qui fait encore face à une résistance au sein du pays allemand , un équipage fatigue qui lutte encore car vous le dites « uniquement » une 40taine de milliers de morts en un mois… Les panzerfaust sont utilisés dans le film peut être un peu tard si vous voulez mais vous devez le savoir d’après votre poste que ce n’est pas un vulgaire colt qu’on sort à la mêlée autrement dit pas en situation de surprise comme le guet-apens de la dernière scène , le film est américain oui dans plusieurs sens du terme (américain à l’honneur , violence, actes de barbarie n’est ce pas un film sur la guerre ?!) il faut de la poésie et une bonne morale ala fin ? Ayer a choisi le Gore c’est un choix qui ne doit pas être si éloigné de la vérité du front cela dérange sûrement certains . Ça ne résume pas à des massacres de prisonniers ni à l’apologie du courage us , est abordé dans le film la réunification avec les canadiens et britanniques . je ne le trouve pas si inbuvable que vous ne le dites je pourrais encore en dire je m’arrête là cordialement ca ne sert à rien de jouer les malins juste pour descendre un film plutôt apprécié, et refaire un article en pompant sur une critique anglophone !