29/10/2014 – 08H00 Saint Nazaire (Breizh-info.com) – Breizh-info a rencontré Gérard Pageaud, responsable d’une société spécialisée dans la formation des métiers du soudage à Saint Nazaire. Celui-ci pousse un vrai « coup de gueule » sur les conditions de sous-traitance et l’emploi dans la construction navale. Nous lui laissons la parole.
« Pour obtenir des marchés sur la construction des navires par STX, les entreprises de sous-traitance du bassin Nazairien sont contraintes sous diverses pressions de faire appel massivement à une main-d’œuvre étrangère. Il arrivait ainsi une dizaine de travailleurs par semaine à la fin de fin 2013. Ils sont presque une centaine par semaine en ce moment. Ces données sont vérifiables par le BAPE de STX. Il y aurait actuellement un ratio de 5000 travailleurs détachés pour 2000 locaux travaillant pour la navale chez STX.
Depuis quelques mois déjà, les ouvriers français se retrouvent donc à laisser la place à des salariés venant majoritairement d’Europe de l’Est : Lituanie, Roumanie, Pologne…
Ces ouvriers « low-coast » arrivant sur St Nazaire chaque semaine mettent de plus en plus à mal les emplois locaux et la vie des salariés nazairiens devient de plus en plus précaire.
Il y a deux ans encore, un ouvrier touchait 12 euros de l’heure avec un panier-déplacement journalier. Maintenant, c’est fini, le taux horaire a été ramené à 10,90 de l’heure (et le déplacement est supprimé). C’est malheureusement les contraintes à supporter aujourd’hui pour pouvoir travailler.
Que vont devenir les familles touchées bientôt par le chômage ou la délocalisation ? Plus les sociétés low-coast arrivent, plus nos entreprises ferment ou vont fermer dans les mois à venir.
Les salariés en ont ras le bol des fins de mois difficiles qui commence le 10 ! A force de vouloir absolument prôner le travail pour tous, sans préférence nationale, il est à craindre des mouvements de colère. Je sens la grogne monter fortement chez les travailleurs de la région de Saint Nazaire.
Il faut exiger, et ce dès maintenant, que salaires et charges soient égales pour toutes personnes et entreprises venant travailler sur le territoire Français. Il est temps d’arrêter nos grands groupes qui exploitent ses sociétés en sous-traitance dans le seul but d’engendrer un maximum de bénéfices financiers au détriment des valeurs humaines.
Où sont les syndicats censés représenter et défendre les intérêts des travailleurs français ?
Cela fait des années, que l’on entend que le coût du travail est cher en France.
Aujourd’hui, président de la République, Premier ministre, ministres de l’Economie, du Budget, du Travail ne sont pas capables de réunir tous les acteurs socio-économiques (syndicat patronaux, syndicats ouvriers, cadres, représentants des PME et TPE, de l’artisanat …) afin de les obliger à trouver des solutions pour faire baisser le coût du travail donc des charges, en tapant du poing sur la table.
Comment Monsieur Laurent Castaing, directeur général de STX, les dirigeants politiques nationaux et locaux peuvent-ils essayer de nous expliquer, nous démontrer que ce modèle est économiquement viable ?
Les travailleurs détachés consomment très peu localement, ils se restreignent fortement pour envoyer le maximum de leur salaire chez eux. De leur côté, les travailleurs français ont un pouvoir d’achat amputé. Qui va consommer dans nos commerces locaux ?
Les bénéfices réalisés par les sociétés étrangères vont directement dans leurs pays d’origine. Quels sont les impôts ou taxes payés par ces sociétés ?
Pour tout ce qui est du consommable, ces sociétés achètent sur place ou font venir par conteneurs tout ce dont elles ont besoin car le prix est moins élevé dans leur pays et il n’y a pas de droits pas de douane ?
Tous nos politiciens parlent de croissance mais la seule visible est celle de l’appauvrissement de nos concitoyens !
Bien sûr en aucun cas, je ne tiens responsables les ouvriers en travail détaché, comme nous ils y sont pour rien.
Les vrais responsables sont ceux qui ont rédigé cette directive, ceux qui l’ont ratifié, ceux qui l’exploitent à outrance sans penser aux conséquences.
D’ailleurs, j’ai l’intention de créer un collectif de sociétés et commerces qui en ont ras le bol de cette situation, qui veulent le faire savoir. A ceux qui sont intéressé par l’idée, ils peuvent me contacter :
Mail : [email protected]
Tél : 06 09 20 88 67
Photo : DR
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2 réponses à “Saint-Nazaire. Le coup de gueule d’un patron de PME contre le recours massif au « travail détaché »”
Je ne sais pas quels moyens d’investigation vous avez. Vous devriez creuser dans le secteur des energies renouvelables qui vantent tant les emplois locaux.
Bonjour,
Via les photos du site internet Qualisoud, on constate que les soudeurs n’utilisent pas de masque de soudure ventilé. C’est dommage car le port de ce masque de soudure est obligatoire pour les ouvriers des Chantiers de l’Atlantique. Dommage que les patrons des autres entreprises ne l’imposent pas, il en va de la santé des soudeurs.
Et si on commençait par là : imposer à tous les soudeurs le port de ce type de masque de soudure. Cela reviendrait à imposer à TOUTES les entreprises les mêmes contraintes.
Aujourd’hui chez STX, les ouvriers français sont concurrencés par les bulgares, roumains, polonais directement dans les ateliers (exemple: le 120T). On se demande comment ça n’explose pas.
Les syndicats de salariés dénoncent tous cette situation de dumping social, mais ils n’ont aucun pouvoir, hormis la mise sur la place publique de ce problème. Ils essaient de limiter la casse sociale en demandant à ce que la part de sous-traitance étrangère soit limité à un certain % …mais sans effet pour l’instant, la direction des Chantiers étant sourde.