17/10/2014 – 08H00 Nantes (Breizh-info.com) – Ambiance chaleureuse et déterminée, ce jeudi, au café Le Flesselles à Nantes, où le Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes – le CéDpa – présentait sa réaction aux informations parues récemment dans Le Canard enchaîné. Le célèbre volatile affirmait en effet que les futures installations aéroportuaires de Notre-Dame-des-Landes seraient finalement plus petites que ce qui avait été annoncé.
Au nom du CéDpa, Françoise Verchère, conseillère générale de Bouguenais, a voulu vérifier les propos du Canard : elle a demandé les plans et le permis de construire de l’aéroport au sous-préfet chargé du dossier. Le haut fonctionnaire a préféré la rediriger vers l’hebdomadaire qui lui, protège ses sources…
Le collectif a donc mené une étude comparative à partir des avant-projets sommaires du contrat de concession sans doute un peu différents du permis de construire déposé. Il a fait appel à des architectes pour l’aider à vérifier les données, et a aussi étudié un document fourni par l’AGO (Aéroport Grand Ouest).
Ce qui aurait pu démontrer dès le début la véracité de ce qu’avance Le Canard enchaîné est contenu dans quatre pages du cahier 4 annexe 11 dudit contrat de concession. Elles sont, affirme le CéDpa, « purement et simplement blanches » ! Mme Verchère précise : « Nous les avons redemandées officiellement à Monsieur le Préfet, qui nous a répondu qu’il avait les mêmes documents que nous, illisibles, et qu’il les avait demandés à la Direction générale de l’aviation Civile (sic).»
Le collectif a notamment relevé quelques aberrations de la part de l’État. Il a été « assez interloqué par les réponses apportées par la préfecture et par Aéroport du Grand Ouest (AGO) suite aux informations publiées par Le Canard enchaîné. Même si la personne en charge du dossier à la préfecture nous a assuré que les plans étaient évolutifs, ils sont tout de même déposés sous la forme présentée aujourd’hui ».
Comment la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), c’est-à-dire l’État, peut-elle justifier la différence entre ce qu’elle exige à Nantes Atlantique et ce qui est prévu à Notre-Dame-des-Landes tel qu’elle l’a forcément avalisé ? « C’est une question à laquelle le Ministre des Transports ne peut pas ne pas répondre.»
Les tapis à bagages sont au nombre de quatre à Nantes Atlantique, mais trois seulement sont prévus pour Notre-Dame-des-Landes, alors que le nombre de passagers devrait passer de quatre millions à cinq millions. Les halls d’entrée et d’enregistrement actuels sont d’environ 4 200 m² et Notre-Dame-des-Landes en prévoit 2 600 m². Selon la DGAC, il en faudrait presque deux fois plus, 5 100 m², pour bien fonctionner ! Les comptoirs d’enregistrement des compagnies ne sont pas en reste : au lieu des 34 comptoirs actuels, seulement 28 sont prévus à Notre-Dame-des-Landes. La DGAC en voudrait 40…
Encore plus intéressant : la taille des commerces. À Nantes Atlantique, la surface mercantile est de 1 650 m², elle passera à 2 500 m² dans le nouvel aéroport ! Cette galerie marchande étire le trajet des passagers à travers l’aérogare pour accéder aux avions. Dans l’actuelle installation à Nantes, le trajet des passagers au départ est d’un peu plus de 65 mètres ; à Notre-Dame-des-Landes, il passe carrément à 240 mètres pour le plus court, à 510 mètres pour le plus long. Lors d’une réunion des représentants d’Aéroport du Grand Ouest, ces derniers affirmaient « permettre l’amélioration du parcours client » !
Le bâtiment de maintenance des avions, alias « bâtiment de servitude », est lui aussi revu à la baisse : sa surface passe de 3 700 m² à Nantes, à seulement 2 000 m² à Notre-Dame-des-Landes. Pour bien travailler avec un trafic de cinq millions de passagers, la DGAC préconise 3 700 m² de support technique, soit la même superficie que l’aéroport actuel. Chose étonnante : les zones de fret, elles, disparaissent des plans ! Ce qui pourrait signifier que les avions cargos, qui s’envolent en général de nuit, ne partiraient pas de Notre-Dame-des-Landes mais de Nantes Atlantique, où les structures de fret existent déjà.
Pour la sécurité, le bâtiment des pompiers doit se tenir à 2 500 mètres maximum des bouts de piste, pour une intervention rapide, selon la DGAC. Actuellement, à Bouguenais, il se trouve à 1 700 mètres maximum de l’extrémité la plus éloignée et occupe une surface de 1 200 m². Celle de Notre-Dame-des-Landes tombe à 969 m². Des routes dédiées aux pompiers sont bien prévues, pour un souci d’optimisation du délai d’intervention, mais celles-ci portent la distance à trois kilomètres maximum entre la caserne et le bout de piste le plus lointain…
Le collectif CéDpa va donc adresser une lettre à Alain Vidalies, ministre des Transports, pour exiger des réponses claires : « De deux choses l’une : ou le cahier des charges pour Notre-Dame-des-Landes ressemblait à ce que la DGAC voulait pour Nantes Atlantique, et dans ce cas, comment a-t-elle pu accepter tout autre chose ? Ou bien, elle a rédigé pour Notre-Dame-des-Landes un cahier des charges plus modeste que celui qu’elle nous a présenté pour Nantes Atlantique, et alors elle a sciemment chargé la barque pour justifier le transfert. Dans les deux cas, il nous semble que nous sommes fondés à vous demander des explications claires et complètes. L’impasse actuelle du dossier Notre-Dame-des-Landes ne peut être que préjudiciable à tous. Pour nous, la rénovation de Nantes Atlantique est possible, peu coûteuse, ne nécessitant pas d’engagement financier de l’État, ce qui devrait être désirable en période de difficulté budgétaire, et elle permettrait d’offrir immédiatement un chantier intéressant au secteur du BTP. ». Affaire à suivre.
Nicolas MIGNÉ
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Une réponse à “Notre-Dame-des-Landes. Après les révélations du Canard, les opposants montent au créneau”
Parler de « transfert » est politiquement correct : suite au Grenelle de l’environnement, seuls les transferts d’aéroports peuvent être autorisés. Mais le mot n’est pas conforme au projet : Notre-Dame-des-Landes serait une « création » de nouvel aéroport puisque Nantes Atlantique resterait en service au moins pour les besoins d’Airbus — et peut-être pour le trafic de fret, comme vous le notez.