15/10/2014 – 07H00 Paris (Breizh-info.com) – Le virus venu d’Afrique de l’Ouest fait encore parler de lui. Le seuil des 4 000 morts (soit 60 % des cas infectés recensés) est dépassé, ce qui était prévisible. Ce qui l’était moins, ou plutôt ce qui contredit les discours rassurants des autorités sanitaires, c’est le constat d’innombrables failles dans les processus de protection réputés fiables des systèmes de santé occidentaux.
Le personnel de l’hôpital Island, monté en urgence à Monrovia (Liberia) par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ouvert le 21 septembre, est en grève depuis hier pour cause d’impossibilité pratique de fonctionner. Hier également, le Dr Tom Frieden, patron des services américains d’infectiologie, a constaté qu’il lui fallait revoir de fond en comble les dispositifs de sécurité des hôpitaux de l’Union. A Dallas (Texas), une erreur de diagnostic avait été commise dans le diagnostic d’un patient retour du Liberia, mort depuis, et avait entraîné l’infection d’une infirmière malgré les consignes de prudence thérapeutique et les matériels de sécurité.
En Espagne, une manifestation des hospitaliers a eu lieu hier à Madrid. Motif : la même erreur de diagnostic qu’à Dallas a été commise à Madrid pour une fièvre considérée comme bénigne alors qu’elle ne l’était pas. C’était le cas d’une infirmière, infectée en soignant un patient retour de Sierra Leone, qui a dû contacter trois fois les services de santé et insister avant d’être prise en charge, alors qu’elle énonçait clairement les risques liés à son cas. Elle a même été admise en service d’urgence sans être isolée, sinon par des rideaux, risquant ainsi de contaminer les autres patients présents et ses collègues infirmiers.
En France même, le Pr Goudeau, virologue au CHU de Tours, constate des carences majeures dans la formation des personnels, et un évident manque de moyens techniques adaptés. Même constat chez le responsable national des fièvres hémorragiques, Sylvain Baize, qui concentre au ministère de la Santé toutes les informations disponibles, dont un document de travail en cours d’élaboration.
Ce document, consulté par le médecin et journaliste Jean-Yves Nau pour le site Slate, n’est guère optimiste. Certains membres des laboratoires spécialisés en niveau de sécurité maximale – il n’en existe que quatre en France – refusent par avance d’effectuer des analyses de prélèvements sanguins contaminés. Bien que formés, ils ne veulent pas signer leur fiche d’habilitation, à cause de failles évidentes dans les dispositifs de sécurité, notamment dans le confinement des locaux et l’étanchéité germinale des tenues de travail.
Il en va de même pour les personnels infirmiers affectés aux douze centres de référence français, dont celui de Rennes pour l’Ouest. Leur Syndicat National (SNPI) prévenait hier, et par avance, qu’il y aurait des refus d’exercer en cas de contamination Ebola, à cause du manque de formation et de l’insécurité sanitaire des locaux. Ce que le document de travail du ministère qualifie pudiquement de « caractère incomplètement conforme, à ce jour, des structures d’accueil et des circuits ». Pour les techniciens des laboratoires comme pour l’infirmerie, le droit de retrait fait partie, avec raison, des conventions de travail.
Les scientifiques affectés aux études épidémiologiques se font en outre de plus en plus prudents. Ils n’excluent plus d’éventuelles transmissions virales par la peau, et confirment une incertitude quant aux transmissions aériennes du virus. Le Pr Bernard Debré est intervenu hier sur la chaîne i>télé. Il avait dénoncé en 2009 les mensonges éhontés ayant conduit à l’escroquerie de la commande d’État de dizaines de millions de vaccins contre la pseudo-grippe H1N1. Il dénonce maintenant la carence des compétences médicales et des formations en matière de contamination ou de conduite thérapeutique, sans compter l’inadaptation des matériels.
Mme Marisol Touraine, ministre de la Santé, disait hier que la France « réfléchit » à l’éventualité d’un contrôle systématique des arrivants d’Afrique de l’Ouest dans les aéroports. La Grande-Bretagne a systématisé de tels contrôles depuis une semaine. Mme Touraine assurait en juillet dernier, contre les avis des ONG spécialisées travaillant en Afrique de l’Ouest, que les risques d’importation virale en France étaient quasi nuls et qu’en toute hypothèse « notre pays a les moyens de faire face ». Les politiques ont l’habitude d’être les seuls de leur avis. Le feuilleton noir de l’infection Ebola n’en est qu’à ses premiers épisodes.
J-F. Gautier
Crédit photo : Ludovic Lepeltier/Wikimedia (cc)
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Une réponse à “Ebola. Marisol Touraine « réfléchit »…”
Les echanges devraient etre limite a des necessites vitales et la 40 aime instauree rapidement. 21 jours ce n’est pas long. Il faudrait qu’elle soit bien pensee pour eviter les erreurs de contact. Avec un peu de reflexion o devrait y arriver facilement. Isolement de 21 Jours. Pas trop complique.: