01/10/2014 – 18H00 Lorient (Breizh-info.com) – « Fronder » en paroles c’est facile, « fronder » en actes, ça devient plus compliqué, mais franchir le Rubicon relève du parti dangereux. Expérience vécue par Jean-Luc Mélenchon lorsqu’il quitta le PS, persuadé d’entraîner avec lui nombre d’élus socialistes. En réalité, il n’entraîna que lui et une poignée de petits élus – par exemple Françoise Verchère, conseillère générale de Bouguenais.
Ce précédent montre que le gouvernement ne risquait pas de tomber lors du vote de confiance qui a suivi la déclaration de politique générale. Un conseiller du chef de l’Etat, spécialiste du Parlement, explique : « les frondeurs n’iront jamais jusqu’à faire tomber le Gouvernement à l’Assemblée. Des types ont hésité, par le passé, entre quitter le PS avec Mélenchon ou y rester. Ils sont restés pour la gamelle. ils ne voudront pas la perdre, car il savent qu’il fait froid dehors » (le Canard enchainé, 3 septembre 2014).
Cette vérité première rappelé, on comprend mieux pourquoi Philippe Noguès est le seul, parmi les vingt-neuf députés socialistes bretons, à figurer dans la petite cohorte des trente et un députés « frondeurs » qui se sont abstenus lors du vote de confiance.
Bien sûr, d’autres ont pu être tentés par l’abstention. Come Jean-René Marsac (Redon) qui reconnaît « avoir voté pour des amendements proposés par des frondeurs. Je suis proche de Martine Aubry et de ses amis » se plait-il à expliquer. Mais de mouiller davantage ne semble pas dans sa nature : « mais je suis modéré. Je suis pour la nuance plus que pour la confrontation. »
Donc lorsqu’arrive l’heure de vérité, le réalisme prend le dessus et il vote la confiance au gouvernement.
Et puis parfois, la prudence pèse plus lourd que la dénonciation du »déficit de pédagogie » imputable au gouvernement. Etre député breton et appartenir à l’écurie Aubry plutôt qu’à l’écurie Le Drian constitue déjà une erreur grossière. Jean-René Marsac peut donc estimer qu’il n’est pas nécessaire d’aggraver son cas. D’autant plus que le « boss » Le Drian a déjà fait passer le message : « vous savez comment je les appelles, les frondeurs ? Les séparatistes ! Mais notre gouvernement va tenir et on réglera leur cas au bazooka en 2017. On leur lancera des missiles ! » (Le Canard Enchainé, 17 septembre)
Les « missiles » en question peuvent revêtir diverses formes : pas d’investiture PS pour les frondeurs, candidats « divers gauche » destinés à les torpiller, « dossiers » ressortis fort opportunément, élimination de leurs amis de la liste que dirigera Jean-Yves le Drian aux élections régionales de décembre 2015 …
Cela dit, les choses étant ce qu’elles sont, ne pas porter le dossier PS aux législatives de Juin 2017 peut constituer un avantage. Avec une enseigne pareillement décrédibilisée, il est peut-être préférable de jouer les indépendants. Faire figure de candidat officiel ne paie pas toujours.
Ainsi, aux législatives de 2012, le PS avait donné son investiture, à Vannes, à une femme inconnue au bataillon – mais « quota » femme oblige. Au détriment du candidat habituel dans la circonscription : Hervé Pellois. Homme implanté car maire et bénéficiant d’une incontestable notoriété dans le secteur grâce à ses multiples candidatures. M. Pellois se présenta comme « divers gauche' » et devança facilement l’inconnue au premier tour, avant d’être élu au second.
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