UDB et PS, c’est bonnet blanc et blanc bonnet prétendent certains. Certes la première ressemble parfois à une filiale du second préposée à la matière bretonne. Le discours des deux s’inspire largement des thèmes technocratico-progressistes actuellement à la mode : « développement », « responsable », « égalité entre les territoires », « métropolisation »…Les mots « emploi », « chômage », « fins de mois difficiles », on ne connait pas.
Aux élections sénatoriales du 28 septembre, la liste présentée par l’UDB en Ille et Vilaine s’intitule « pour un développement équilibré du territoire breton, une région responsable ». Tout un programme pour lequel les pensionnaires du Palais du Luxembourg n’ont aucune compétence ! Il n’est pas certain que les élus de base – qui sont grands électeurs – y comprennent quelque chose …
Autre point commun entre le PS et l’UDB, l’appartenance sociologique des candidats. Fort peu opèrent dans « la vraie vie ». Ou bien ils sont fonctionnaires ou bien ils vivent de la politique. C’est ce que montre la liste présentée en Ille-et-Vilaine par l’UDB.
Autant dire que les cadres du parti sont sociologiquement et socialement typés – classes moyennes « modernes » – et que les classes populaires ne se reconnaissent pas dans le discours tenu par la maison. D’où l’impossibilité pour l’UDB de percer éléctoralement. Autant voter pour la « maison mère », le PS.
Pourtant, l’UDB est la seule organisation politique bretonne née après guerre qui existe encore. Avec de vrais cadres et de vrais militants, le parti tient la route depuis les années 1960. Il est né d’une scission survenue avec le MOB (Mouvement pour l’organisation de la Bretagne). Dans cette formation dont le cerveau s’appelait Yann Fouéré – surnommé « la langouste » dans le mouvement breton – , on retrouvait des rescapés du Parti National Breton de l’avant-guerre (PNB) et des jeunes étudiants.
Les premiers possédant une sensibilité de droite et les seconds une sensibilité de gauche. Evidemment, ce sont les derniers qui donnaient au mouvement une dynamique militante. Les murs de Rennes étaient donc couverts de grandes inscriptions à la peinture : MOB – avec des pinceaux, car, à l’époque, les bombes n’existaient pas.
Bien entendu, les adversaires s’empressaient de transformer le « M » en « Z ». « ZOB » disaient donc les murs. Ce qui devait arriver arriva, les jeunes partirent un beau matin, non seulement à cause du désaccord sur la ligne politique qui les opposait à Yann Fouéré, mais encore lassés des intrigues nourries par ce dernier ; il excellait en effet à monter les uns contre les autres afin de maintenir son pouvoir.
Grâce à une incontournable suite dans les idées et à une ardeur militante certaine, l’UDB publia chaque mois « Le Peuple Breton ». Autre réussite. Evidemment, on peut reprocher à l’UDB d’avoir péché par naïveté en croyant pendant longtemps aux vertus de l’union de la gauche. Si cette stratégie a permis à Ronan Leprohon et à ses amis de ramasser quelques miettes – essentiellement des mandats de conseillers municipaux – elle n’a jamais débouché sur des résultats substantiels. En particulier à propos de la réunification.
Si un jour, l’UDB voulait s’intéresser aux classes populaires, ses dirigeants gagneraient à effectuer des stages chez les Bonnets rouges. Christian Troadec leur expliquerait comment on parle au peuple, quelles sont les préoccupations du peuple, tout ce qui sépare ce dernier des élites. Car le retour à une certaine forme de lutte des classes apparaît indiscutable.
Le géographe Christophe Guilly, spécialiste de « La France périphérique », constate que la révolte des Bonnets rouges « n’est pas partie des grandes métropoles de Bretagne, mais des petites villes qui en étaient les plus éloignées. La contestation n »était pas seulement sociale, mais aussi identitaire. Des ouvriers, des employés, des agriculteurs, des chauffeurs routiers et des chefs de petites entreprises ont défilé ensemble, ce qui a beaucoup déconcerté Jean-Luc Mélenchon ».
Présenter des listes aux élections sénatoriales, c’est un peu perdre son temps et son argent pour les petites formations. En effet seuls les partis de gouvernement peuvent en retirer un bénéfice certain. Tout simplement parce qu’eux seuls possèdent le vivier de grands électeurs – clientèle captive – qui permet d’obtenir les élus.
Bernard Morvan
Photo : Wikimedia commons (cc)
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Une réponse à “Les dirigeants de l’UDB se voient sénateurs [tribune libre]”
L’UDB ? Le parti dont les cadres justifient la décapitation de personnes alors que la peine de mort a été abolie en France depuis 1981 ? Non, merci ! Plutôt crever !