24/09/2014 ‑08H00 Nantes (Breizh-info.com) ‑ Mardi dernier, Nantes a dévoilé une plaque commémorative attendue depuis… 71 ans. Elle est consacrée aux victimes des deux bombardements américains majeurs subis par la ville durant la Seconde guerre mondiale, les 16 et 23 septembre 1943. Outre des destructions massives dans le centre-ville, ils ont fait officiellement 1.643 morts et plus de 2.500 blessés.
Depuis la Libération, une cérémonie de grande ampleur est organisée chaque année à Nantes pour marquer l’exécution de 50 otages, le 22 octobre 1941, en représailles contre l’assassinat du lieutenant-colonel Hotz, commandant des troupes d’occupation allemandes. Les bombardements, en revanche, n’ont jamais donné lieu à des commémorations marquantes.
Signe d’un passé qui ne passe pas ? C’est probable. Déjà, lors de la Libération de Nantes, le 12 août 1944, il a été demandé aux FFI d’entrer les premiers dans la ville. Les Allemands l’avaient évacuée, mais les Américains n’étaient pas sûrs d’être accueillis à bras ouverts par la population… Dans l’espoir d’apaiser les douleurs et les rancœurs, toutes les victimes des bombardements ont été décrétées « morts pour la France », nourrissons et vieillards compris. Mais les autorités nantaises ont toujours préféré ne pas raviver ce souvenir.
La blessure est toujours là. La plaque posée mardi dernier sur le cours Olivier de Clisson aurait dû être inaugurée l’an dernier par Jean-Marc Ayrault pour le 70ème anniversaire des bombardements. La cérémonie avait été annulée au dernier moment – officiellement par manque de temps, en réalité par crainte de manifestations contre l’ancien maire devenu Premier ministre. Et cette année, elle s’est déroulée à la sauvette, sans annonce publique, en présence d’une cinquantaine de personnes seulement. Aucune mention n’en est faite sur les sites web de la ville et de la communauté urbaine de Nantes, pourtant friandes de communication tous azimuts. « Heureusement que nos ancêtres ont montré plus de courage et de détermination », conclut en hochant la tête un petit-fils d’une des victimes de 1943.
Jean-Marc Ayrault avait déjà inauguré une plaque commémorative au même endroit en 2006, avec tout aussi peu de solennité. Tout le monde semble l’avoir oubliée, au point que la ville n’a même pas jugé bon de la nettoyer à l’occasion de la cérémonie du 16 septembre.