07/09/2014 ‑ 18H00 La Rochelle (Breizh-info.com) ‑ Périodiquement, le PS se coupe en deux. Ce fût déjà le cas en 2005 à l’occasion du référendum sur le traité constitutionnel européen. Il y avait les « pour » et les « contre ». Une division profonde qui s’estompe par la suite car les intérêts électoraux l’emportent nécessairement sur toute autre considération.
Le casse-croûte d’abord…réalité économique qui aurait été gravement compromise si le PS avait alors – comme la logique politique l’exigeait – accouché d’une formation européiste et d’une autre souverainiste.
Situation qui aurait empêché, à coup sûr, la gauche d’emporter toutes les élections (municipales, départementales, régionales) qui se présentèrent par la suite. Jusqu’à l’apothéose de 2012 : l’élection de François Hollande.
Aujourd’hui, la rue de Solferino se retrouve dans une situation comparable. Les sociaux-libéraux (Hollande et Valls) d’un côté, qui donnent la priorité au marché et à la politique de l’offre, et de l’autre les « frondeurs », partisans d’un interventionnisme économique et d’une politique de la demande.
Le conflit est ouvert ; « si les frondeurs ne sortent pas les textes, il ne faut pas leur donner de postes à responsabilité à l’Assemblée nationale ou dans les partis » explique ainsi Gwendal Rouillard, député de Lorient et proche du ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian.
Avant d’ajouter avec un sourire qui illustre l’ambiance au couteau de La Rochelle : « on vit peut -être enfin la mutation du PS que j’espérais depuis tant d’années. Paradoxalement, c’est la plus belle semaine de la gauche française depuis que j’ai commencé à militer ».
Discours étrange à une époque où la gauche apparait politiquement faible et susceptible de recevoir une raclée aux prochaines élections législatives. Avec un candidat PS canal historique (Rouillard) et un candidat frondeur (X ou Y) dans la circonscription de Lorient, il n’est pas certain que la réélection du successeur de M. le Drian soit assurée. La « mutation du PS », que M. Rouillard appelle de ses vœux, ne doit pas faire oublier l’essentiel. Le Parti socialiste – comme l’UMP – rassemble des courants, des personnalités, des ego et des écuries présidentielles qui en font un conglomérat.
Le tout cimenté par des intérêts professionnels (élus et apparatchiks). La guerre ouverte risquerait d’envoyer tout ce beau monde à Pôle emploi.
Gwendal Rouillard gagnerait à s’interroger sur l’allure que présentera la liste « de gauche » emmenée par Jean-Yves le Drian aux prochaines élections régionales de décembre 2015. Certes, elle sera davantage « Le Drian » que « de gauche », avec certainement une ouverture en direction des milieux économiques. Le Drian saura faire. Mais il n’y aura qu’une seule liste – même si les personnes qui la composent se détestent – sinon c’est la défaite assurée pour la gauche. L’instinct de survie devrait l’emporter.
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