12/08/2014 – 07H00 St-Nazaire (Breizh-info.com) – On le sait, les Américains s’opposent à la livraison par la France de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral à la Russie.
Officiellement, à cause de la question ukrainienne. Le premier baptisé « Vladivostok » sera livré en octobre. Inquiétude à Saint-Nazaire où l’annulation de la livraison aurait forcément des conséquences pour les chantiers de l’Atlantique.
Entre 500 et 600 salariés de STX France et de sous-traitants pourraient être mis au chômage partiel du jour au lendemain redoute-t-on chez Force Ouvrière. La fabrication du paquebot à suivre n’est pas suffisamment avancé pour pouvoir les occuper. « Si les BPC n’avaient pas été là il y a quatre ans, on ne sait pas si STX existerait toujours aujourd’hui », explique Johan Jardin, délégué syndical CFDT aux chantiers navals.
Le « bal des faux culs » irrite très fort la CGT. « Si nous avions construit des BPC pour les USA ou l’Afrique du sud, personne ne se serait inquiété de notre position sur le sujet ». La suite change du discours habituel : « la CGT rejette tous les impérialismes, qu’ils soient membre de l’OTAN ou pas. »
En réalité, même si la charge de travail apportée par un bâtiment de projection et de commandement est bien moindre que celle d’un paquebot, les syndicats ne peuvent plus se permettre de faire la fine bouche. De lourdes incertitudes planent sur le carnet de commandes de l’entreprise.
Il était plein, il y a peu encore, jusqu’en 2019. Mais depuis, les difficultés rencontrées par la SNCM ont rendu caduque sa lettre d’intention de commande de quatre ferries, et Brittanny ferries peine à financer le navire écologique qu’elle veut faire construire.
Donner du travail aux ouvriers et aux cadres bretons de demeure essentiel, d’autant plus que leur savoir-faire en matière de construction navale est irremplaçable. En cas de fermeture des chantiers de Saint-Nazaire, ce serait un pan important de l’économie bretonne qui disparaîtrait.
Mais, vu de Paris, les arguments en faveur de la construction du second navire sont nombreux. En cas de rupture de contrat, Moscou imposerait des pénalités financières aux autorités françaises. La France insiste sur la mauvaise impression que ne manquerait pas de provoquer l’annulation du contrat auprès des clients étrangers de la France, notamment de l’Inde.
Enfin, les responsables français estiment qu’ils n’ont pas à payer à la place des autres, alors que la City de Londres accueille l’argent des oligarques russes, que l’Allemagne fait tout pour préserver ses relations énergétiques avec Moscou, et que personne ne proteste contre la coopération spatiale entre Russes et Européens à Kourou, en Guyane.
« Et lorsque les navettes Soyouz ravitaillent la station spatiale internationale, utilisant les communication, les satellites et les renseignements de l’Occident, cela ne choque pas les Américains ! » s’insurge un officier.
La construction du second BPC, baptisé Sébastopol, correspond aux intérêts bien compris de la Bretagne. Quant à la République française, elle souhaite demeurer un grand de l’industrie, de l’armement, elle ne peut qu’honorer ses contrats.
Pendant la période 2007-2011, elle occupait la quatrième place dans l’exporation internationale des armes, avec une part de marché relativement modeste – 8% – comparée au n°1 – les USA avec 30% – et au n°2 – la Russie avec 24%.
L’Allemagne se classe troisième avec 9% et le Royaume-Uni cinquième avec 4%.
La charge du Premier ministre britannique, David Cameron, qualifiant récemment la vente des deux BPC d« impensable » a été annihilée par la publication d’un rapport parlementaire décrivant l’étendue des ventes d’armes britanniques aux Russes : fusils de précision, armes légères, gilets pare-balles, équipement cryptographique, de communication militaire et de vision nocturne.
Le tout pour un montant d’environ 167 millions d’euros …
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Une réponse à “Saint-Nazaire. Ils ont besoin du Sebastopol et du Vladivostok”
En faite, nos « alliés » sont de gros focus.
Tout est dit, nous vendrons ces navires quoi qu’il en coûte.